DES FOIS LA VOLONTÉ N’EST RIEN

Donc : C’est l’histoire de quelqu’un qui arrive (de nuit) quelque part (dans le noir). S’étendant à plat ventre par terre (V_L_A_N_!) entre deux banquettes d’un train à l’arrêt plongé dans le noir. Quelque chose (mais quoi ?) l’éveillant en sursaut. Le tirant d’un sommeil sans rêve. L’éveillant dans un coup de sang magistral. De sorte qu’il se lève & (V_L_A_N_!) se rétame par terre brusquement (violemment) comme si quelque chose ou quelqu’un (mais quoi ? mais qui ?) lui avait entravé les pieds. De sorte qu’il lui aurait été impossible (impossible impossible) de faire autrement que de choir (V_L_A_N_!). Comme si su cuerpo en raison d’il-ne-sait-pas-quoi lui aurait subitement fait défaut. Se serait dérobé. Peut-être encore dans les limbes. Comme si le coup de sang (l’éveillant en sursaut) ne l’aurait éveillé (tiré d’un sommeil sans rêve) qu’en partie. Sa tête disons s’éveillant en sursaut. Su cuerpo demeurant encore (quant à lui) (en partie) dans les limbes. De sorte que (H_O_P_!) il se lève & se rétame. Manquant de peu de se fracasser le visage (méchamment) sur le plancher du train. Un réflexe inouï (improbable) lui faisant porter les deux mains de part & d’autre du visage. De sorte que (P_A_N_!) il ne se pète. Ni le nez. Ni les lèvres. Ni la joue. Ne comprenant pas comment ceci. Tout ceci. Cette affaire de sommeil & de train à l’arrêt (de wagons plongés dans le noir) (d’absence de quais & de lumières) (de disparition des passagers) ait eu lieu (ait lieu). Comme s’il avait zappé quelque chose. Comme s’il avait été amputé (Z_A_P_!) d’une partie de lui-même (d’une partie de sa vie). Des choses ayant eu lieu durant son absence. Un simple débarquement de passagers pourtant. Rien d’autre. Le train entrant en gare (sur le tard) (rien d’autre). Les passagères & passagers se levant bien avant l’arrêt (dès que le train – à l’approche de la gare (du terminus) – ralentirait dans un crissement de roues si typique des trains) aspirant (toutes & tous) à « rentrer chez nous » disent-ils (ou elles) descendant leurs bagages (des fois des caisses) (des fois une valise) des espaces intérieurs (de rangement) aucun d’eux ne prêtant attention à : l’individu (homme ou femme) (on ne sait pas) profondément endormi à contresens de la marche du train les bras croisés la tête contre la vitre ne se rendant pas compte (malgré les annonces) (répétées) que l’on arriverait (que le train – simplement – entrerait en gare) (à petite vitesse). Comme si l’individu (quelqu’un d’un certain âge mais pas si vieux que ça) (pas une enfant) (pas une ado) (Z_O_U_!) s’était fondu (S_H_A_Z_A_M_!) dans le paysage (dans la vitre) (dans le siège qu’il occupe) (dans la paroi beige sale sur laquelle il s’appuie) au point d’être devenu au regard des autres un homme ou une femme invisible (ne comptant pour rien) (voilà tout). Ne se réveillant toujours pas quand le train (une fois les passagers descendus) (une fois les lampes éteintes) se serait remis en route quittant le quai quittant la gare en vue de rejoindre là-bas (au ralenti) (dans la nuit) (dans le noir) la gare de triage. Le train brinquebalant sur les voies dans un crissement de roues à chaque fois qu’il changerait de voie ne l’éveillant pas plus. La moiteur de l’air (suffocante) ne l’éveillant pas plus. Etc. De sorte que ce serait comme s’il était mort. Sa tête brinquebalante heurtant des fois violemment la vitre. Ou son menton tombant sur sa poitrine. Etc. De sorte que le train (à la gare de triage) viendrait de se ranger au ralenti. Le conducteur manquant de s’assoupir (lui aussi) à l’instant critique tant le train l’heure tardive (la lenteur du train) (la moiteur de la nuit) l’auraient comme bercé (dira-t-il) (plus tard) (lorsqu’il en reparlerait à quelqu’un) (mais à qui ?) (& pourquoi en reparler ?) (d’où lui en viendrait l’envie ?) ou lui auraient foutu comme : un coup de bambou sur la tête (dira-t-il encore) (toujours plus tard) (toujours à quelqu’un) (la même personne) (on ne sait toujours pas qui) ses paupières (Z_O_U_!) (d’un coup) tombant comme d’elles-mêmes (sans crier gare). Comme si quelque chose (une force irrépressible) (une force sans borne) (bien plus forte que lui) avait (sans crier gare) vaincu (S_H_A_Z_A_M_!) sa volonté (son désir de ne pas choir – là – dans la locomotive) sa vigilance ne faisant pas le poids (ses yeux fermant comme d’eux-mêmes) (comme si demeurer éveillé deux secondes quinze de plus à l’instant critique était au-dessus de ses forces) un réflexe inouï (un instinct de survie) le tirant pourtant (brutalement) de son assoupissement alors que le train (à petite vitesse) (sur sa force d’inertie) allait buté en douceur (P_A_N_!) la butée (le bout de la voie) (l’espèce de barrière dont il ignore le nom posée partout dans le monde au bout des voies) un réflexe inouï (juste avant le choc) le réveillant en sursaut & lui faisant tirer (excessivement) la manette de frein (comme si le train – à cette vitesse-là – risquait la catastrophe = = le froissement de tôles & l’éclatement des chaudières) le train s’arrêtant alors (brusquement) dans un léger crissement de frein & une éjection de vapeur tirant soudainement l’autre (Z_O_U_!) (celui dans le noir) (l’individu dans le noir) (endormi dans un des wagons maintenant vide & plongé dans le noir) (dans la nuit tombée – brusquement – sur le train dès que quelqu’un – sans aucun doute quelqu’un mais qui ? – aura tourné le commutateur plongeant les wagons dans un noir des plus noirs aucun voyageur n’étant supposé être là (encore là) aucune voyageuse n’étant supposée s’être (en raison d’un coup de bambou ou d’une fatigue subite) assoupie d’un coup (la tête contre la vitre) (dans le sens contraire de la marche) traversée d’un coup par une force irrépressible le ou la forçant à clore les yeux (bye bye au revoir) 

A propos de Vincent Tholomé

Auteur performeur, biodégradable, biodégradé, s'enduisant l'été abondamment de crème solaire, multicouche l'hiver, rasant les murs l'automne parce qu'il craint le vent et les tempêtes, heureux comme une plante au printemps. Ses derniers livres ? MON ÉPOPÉE (Lanskine éditions) et QUARANTE JOURS DANS LA VIE DE ROCCO MCCALL (Maelström Réévolutions). Travaille actuellement à TERRES RARES, le livret d'un opéra qui, croisons les doigts, verra le jour en avril 2022. Un site ? http://uranium.be/monepopee/ consacré au livre éponyme et réalisé avec Gauthier Keyaerts, comparse dans le duo sono-verbal VTGK. Voilà. C'est tout pour aujourd'hui.

7 commentaires à propos de “DES FOIS LA VOLONTÉ N’EST RIEN”

  1. Oh mais que j’aime toutes ces parenthèses!! Et j’ai tellement vu tout ce que j’ai lu 🖤🖤

    • hé : super content que tu as vu ce que tu as lu : c’était vraiment un des « trucs » recherchés ! youhou ! c’est que ça marche un peu ! et les parenthèses, perso, ça m’a bien aidé à écrire pour être vu ! merci merci de ton retour, Rebecca !

  2. J’aime bien ce comic trip où l’on rebondit sur chaque bulle sonore, c’est de l’oxygène dans une sombre histoire.

    • tu sais quoi ? depuis 2 ans (environ) j’essaie d’écrire (de temps à autre, hein, pas tout le temps) en mode comic strip à l’américaine (en clair, j’essaie d’avoir le plus de vivacité possible entre des pièces de puzzle qui s’imbriquent comme elles peuvent)… du coup : content que tu parles de comic trip et de bulles : c’est que « quelque chose » de cette envie d’écrire en mode comic strip passe ! youhou ! content que ça marche ! merci de ton retour, Hélène ! belle fin de journée à toi !