Non, voilà comme elle est : rejetant les pères, dominée par les chiens, perdant des pierres et traînant des radeaux.
Non, voilà comme elle est : gravant dans le dur du bois des clous de papier fin, dessinant dans la mer des ronds et puis des lignes, sautillant d’île en île, elle grave sa carte à elle sur tout ce qui s’efface, des images en couleur avec le noir et blanc
Non, voilà comme elle est : amassant tout ce qui flotte pour pleurer tout le reste, tout ce qui ne flotte pas
Non, voilà comme elle est : entassant les souvenirs et rejetant le passé, se voulant juste une âme et pas seulement une femme, aboyant, hurlant, beuglant dans chacun de ses murmures
Non, voilà comme elle est : rejetant tout à la mer, elle voudrait la boire toute pour que le fond de l’eau rende tout celle qu’elle a pris
Non, voilà comme elle est : nourrissant les oiseaux et nourrissant les chats et nourrissant les chiens et rêvant que tous ensemble ils arrivent à s’entendre comme se mangent les poissons
Non, voilà comme elle est : noyant tout dans la mer, tout absolument tout, jusqu’à pouvoir penser qu’en flottant elle se noie
Tu la vois et tu ne la connais pas.