# IMMOBILE

IMMOBILE se lever marcher courir fatiguer de courir IMMOBILE pourquoi bouger courir haleter sauter dans le métro où vont ils donc tous les pressés IMMOBILE le train démarre les affiches publicitaires se déplacent de plus en plus vite encore une phrase disparue encore une phrase oubliée IMMOBILE vanter la société ses consommations ses mouvements d’humeur ses chutes ses possessions monter gagner avancer IIMMOBILE s’arrêter est une nécessité regarder s’écouter penser vivre elle s’assoit et regarde les gens regarder leur portable personne n’est sur la scène certains ont un livre tous sont ailleurs IMMOBILE la pluie tombe derrière les fenêtres les jardins ouvriers font la tête d’attendre leur maître qu’ils fleurissent et nourrissent avec constance et générosité ils narguent les nuages qui courent IMMOBILE ils font pousser des herbes folles quand on les oublie trop longtemps le jardin obtient attention et amour s’impose ou se démet l’indolence est douce sur un banc de jardin ouvrier ou public IMMOBILE les enfants sur les quais sautillent pouffent crient les salariés baissent la tête toujours dans leur portable la virgule musicale de la SNCF l’énerve merci de votre compréhension plus personne ne décide pour elle la SNCF transporte sans retard ni reproche Elle choisit de comprendre si elle veut IMMOBILE penser choisir être IMMOBILE se déplacer dans ce train l’odeur prend à la gorge effluves d’humains stagnants et de désinfectants aspergés IMMOBILE l’Ouest la lumière le soleil la vie avancer ne pas se retourner l’Est l’enfance les ciels bas de certains jours l’impatience d’apprendre la frustration de ne pas choisir IMMOBILE la vie la pousse courir sauter s’amuser tomber se relever le ressac bruisse et simplifie les grains de sable se déplacent les oiseaux courent au gré de la marée IMMOBILE le banc s’est mis en travers pour l’arrêter Elle la femme pressée écouter cet oiseau répondre à l’autre écoute ce duo écoute arrête écoute il fait doux la brume s’est levée IMMOBILE le vent souffle ce matin sur son mini vélo le canal est silencieux pédaler avancer travailler IMMOBILE les péniches habitées se réveillent fument de la rosée déposée s’attardent s’étirent pédaler toujours avancer son corps s’allume le sang rouge bouge tourne danse dans le corps la jument attend sous son arbre l’écluse est fermée IMMOBILE bonjour le petit bébé est né et il a souri et il a tendu son petit poing à sa maman ce petit poing tendu si parfait son minois joli la joie se projeter avancer vivre croire en l’amour croire en la vie avancer s’arrêter se reposer avancer encore et si on faisait un bébé IMMOBILE mais maman est tombée dans le sac de courses ce matin maman s’est noyée dans sa tête le sang rouge elle avait vu le bébé dans sa tête avant elle avait vu la vie avant et si on faisait encore un bébé elle avait vu son gros ventre mais avancer travailler avancer courir ne pas s’arrêter IMMOBILE la vie bouge vite le quotidien impose les bancs oublient de se poster au bon endroit la maman tombe de ne pas s’arrêter IMMOBILE la relever la transporter donner la vie intuber réanimer direction un autre monde IMMOBILE aphasie silence petit bébé IMMOBILE maman IMMOBILE le travail prend savoir lâcher vivre continuer à avancer IMMOBILE le petit bébé et son petit poing levé IMMOBILE ses grands yeux écarquillés la vie IMMOBILE il se promène avance regarde son petit monde défiler IMMOBILE je pleure IMMOBILE

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