Le temps d’une nuit

21h56.
C’est l’heure, ! Je m’allonge doucement. Ma tête se heurte à peine sur l’oreiller que mes yeux se ferment, mon corps s’assoupit. Je me retire de la réalité, je m’envole vers l’inconscient, des images apparaissent, je rêve. Je semble voler, je suis dans les airs, je vois des toits, de longues lignes bétonnées, de la verdure… Je crois reconnaître mon quartier. Mon corps, en lévitation, s’arrête de lui-même au-dessus de ma maison.
À deux heures, je vois cette grande maison mitoyenne. Une façade beige, des volets roulants blancs pour les Vuillermet et des volets en bois pour les Parisi. D’un côté, les murs enferment une adorable famille, chaleureuse, accueillante, joyeuse et de l’autre, les volets presque toujours fermés, la vieille qui y habite effraie le quartier, elle est repoussante.
À quatre heures, cette maison accolée à la mienne, celle des Leclerc. Leur jardin est tellement joli. Rien n’est laissé au hasard. Les buissons sont taillés au millimètre près, les coquelicots sont plantés symétriquement, la pelouse est parfaitement tondue, pas un seul brin d’herbe ne dépasse.
À huit heures, la maison des Anselm. Cette petite maison bleue avec cette piscine reflétant les rayons du soleil me rappelle les vacances. Je respire ; l’air iodé entre en moi. Je souris.
À onze heures, la petite maison en bois des Durand. Ce jardin-là fait partie de ceux qui ne sont pas vraiment entretenus. Je jette un coup d’œil sur la terrasse ; des cerceaux, des ballons, des pistolets à eau, des trottinettes. C’est le bazar. De là où je suis, je peux entendre les enfants crier, hurler, s’égosiller.
9h08. Les cris me réveillent. J’ouvre les yeux, il fait jour.