#P2 | Au bord du pré

La rivière, le Loir, le lavoir. Le frêne, la bardane, le chardon. L’herbe que l’on coupe, le frêne que l’on débite après la mini-tornade, le tracteur, le traceur, les traces. Les haies, le charme, le béton qui tombe. Les marches, le Loir, comment ne pas tomber. Les pieds dans la rivière, le tambour de la machine à laver, les anguilles qui ont filé. Les alevins qui s’échappent, les bottes que l’on enfile, le brochet qui se défile. Le bois que l’on débite, le compost qui se décompose, les pommes qui s’exposent. Papillons, libellules, martin-pêcheur, aigrette, chevreuil. Tout ça sans orgueil. Le pré découpé, débité, alimenté. Les prêts débités, découpés, alimentés. Pensions pour rentes viagères, alimentaire. Élémentaire, lapidaire, récipiendaire. Comment ne pas se précipiter pour tout ramasser ? Comment ne pas se précipiter à ne rien faire ? Course à l’alimentaire, se taire. Courses alimentaires, parfaire. Le camion dans l’allée, se précipiter, ne pas ergoter. Ne rien chipoter, ne rien détricoter, se carapater. La barque qui s’écoule, le kayak envolé, le héron cendré. Pourquoi remettre au lendemain ce qui peut être fait le surlendemain et pourquoi pas ne rien faire, tout simplement. Être désobligeant, instable et carrément chiant. Être illisible, incompréhensible et versatile. La carte pour avoir le bleu Visa, la carte pour avoir le vert Vitale et la carte pour avoir l’or du Vermeil. La carte qui fait crédits et débits, les cafés qui font débits et crédits qui ne sont plus acceptés avec les chèques. T’as perdu la carte sur le giratoire, tu ne sais plus à quel sens te vouer. Ajouter, soustraire, déplaire. Ricaner, chicaner, ergoter. Voies sans fin, voix sans faim, plus de frein.

A propos de Elise Dellas

Court toujours. Ou presque... La retrouver sur son compte Instagram.