Plaie

Même le carrelage à motifs géométriques de la vieille école est inquiétant, le premier qui m’ait marqué et que je retrouve parfois, ailleurs, intranquille; il y a quelque chose qui sent le rance et que la serpillière peine à masquer: c’est toujours ouvert ou prompt à l’être, d’une pioche, d’une tractopelle ou d’un orteil, d’un ongle ou d’un marteau piqueur, d’une coque en bois ou d’un brise-glace, fendu en mouvance pour boire, drainer, respirer, passer, abîmer, s’abîmer, rebâtir, naître avec précaution ou acharnement sans penser à la blessure infligée tête en bas -jusqu’où d’ailleurs, quelles entrailles caresser qui soient consentantes ?- et puis chacun creuse à deux, quatre ou mille pattes comme un ventre universel où l’on voudrait tomber, que l’on piétine et où l’on prétend vivre ; quelle stabilité illusoire qu’une terre cuite ou bétonnée, qu’un petit carreau bien dessiné, arrêtera-t-on la descente reposant pour l’éternel, y sera-t-on vraiment sans plus jamais bouger, plongera-t-on plus bas encore dans le geste utérin du départ…béance cimentée recouverte d’un ci-gît or en dessous sûr que ça veut vivre, fi de l’assise choisie puisqu’elle sera fendue ou vermoulue, et peu importe quel terrassier travaillera à tout blesser, chacun des sols foulé sera ouvert pour naître une autre fois.