transversales #02 | en vrac

Une banale journée de classe pour cette élève de CM2 qui préfère regarder à l’extérieur de la classe et qui aimerait bien être le petit chien de monsieur Bellina qui va chercher le journal de son maître tous les matins chez le buraliste.

Des enfants dans une petite épicerie de campagne. Ils sortent du catéchisme. Ils choisissent des bonbons et en achètent pour deux euros. Des bonbons à l’unité. Ils en volent autant sans que l’épiciere s’en aperçoive.

Un échafaudage visible depuis la RN10 avec le prototype d’un dirigeable censé transporter des marchandises. En fait, il transportera des marchandises vers l’Angleterre, son pays d’origine, sans être obligé de passer par la douane puisqu’il peut se poser où il veut.

Un rat narcissique qui part à la recherche des sangsues qui aneantissent les populations des rats des villes. Il veut s’allier au rat des champs pour combattre ces sangsues qui font leur nid dans les cageots.

Comment s’auto-proclamer roi ou reine de la palissade, chaque été, sur la plage de Pornic à côté du club Mickey, du manège Le roi de la jungle et du stand de chichis dont les effluves envahissent ce bout d’océan Atlantique à côté des optimists et des catamarans qui prennent le large.

La queue d’êtres humains devant les locaux du Secours populaire, de l’association Saint-Vincent-de-Paul et des Restos du cœur comme tous les jeudis, jour de distribution alimentaire. Trois associations humanitaires installées dans les locaux d’usines désaffectées. Il n’y a plus de travail et il y a beaucoup d’immobilier.

Des abribus dans une campagne qui n’abritent plus rien. Les bus ne s’arrêtent plus et ces abribus servent de points de rencontre et de haltes à des vieux esseulés partis en promenade dans un village d’un monde rural semi-urbanise. Une fois par jour, pas plus.

C’est une petite commune du nord de la Beauce. Le système informatique de la mairie a été hacke pendant le deuxième confinement : trois ans d’état civil disparus, trois ans de comptabilité volatilisés et les frais de cantine subtilisés. La secrétaire de mairie scanne ce qui avait été imprimé pour enregistrer ce qui s’est volatilisé dans le trou noir du piratage informatique.

C’est une petite commune des Yvelines. Dans le bureau du maire, une toile signée par un maître flamand. Tout le monde, jusqu’ici, avait ignoré cette toile qui représente une scène de la vie pastorale de la commune au 18 ème siècle. Le maire et ses adjoints recherchent le lieu de cette scène pour en faire une fête champêtre.

Un barbecue un jour où il neige au début du mois d’avril, premier jour du confinement. De la musique qui s’élève dans le jardin, des cris insupportables d’enfants, des rires et des cris avinés des adultes et des « va manger tes morts » au cours du repas barbecue pris debout sous la neige. Une scène de violence ordinaire dans un lotissement, dans une peripherie urbanisée du monde rural.

A propos de Elise Dellas

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