vers un écrire/film #02 | th 1.17.54, une minute , une révélation.

Une dame chic | ensemble rose façon Jackie Kennedy | elle ouvre discrètement une grande et haute porte en bois | avant de sortir elle regarde vers nous | vers l’intérieur de la pièce | sa vaste permanente est un peu en bataille | regard plongeant sur jeune homme endormi | entièrement nu | en position quasi foetale sur son lit-une-place en acajou | extérieur | une fenêtre |  il fait jour | la vitre de la fenêtre reflète un paysage urbain chaotique | villa aux volets fermés éclairée par le soleil couchant | immeubles de style divers | barbelés | palissade | l’encadrement de la fenêtre donne l’impression que ce reflet est une image accrochée au mur | le regard descend | mur blanc de la façade | entrée de l’immeuble en verre fumé | on retrouve le reflet de la ville sur la porte en verre fumé | la dame chic tire lestement cette porte en verre | elle se propulse hors de l’immeuble | panneau « à vendre » noir sur fond jaune fluo collé sur un pan de la porte | quelques pas rapides sur ses talons et la dame s’arrête net | elle est face à nous en buste devant la porte en verre | dans son dos le reflet de la ville sur la porte | elle s’est figé | elle regarde devant elle comme si elle avait eu une vision | son visage est très blanc | un fard épais lui fait un teint très pâle | de poupée | de mourante | de travesti | son rose-a-lèvre impeccablement dessiné est assorti à son ensemble | ses cheveux très noirs ondulent dans une ample permanente | son écharpe noire fait une volute dans le rose de son tailleur au large col | elle s’approche de nous | le noir de ses yeux fixes encadré par de très long faux cils s’avive de reflets marrons | elle regarde avec une très grande intensité | notre regard fait un demi tour | nous détaillons maintenant ce paysage qu’elle fixe | en contrejour une imposante barrière noire faite de trois grands cadres de planches grossière striées de pieux bouche l’horizon | des barbelés finissent de barrer le ciel de ce paysage | de l’autre coté de la palissade | la villa aux volets fermés éclairée par le soleil couchant est à peine visible | on devine une cour industrielle ou sont entreposées des caisses | des containers | lettres peintes brouillées par les striures | le haut des immeubles plus lointains | rosis par le soleil couchant | horizon bouché | volets fermés| notre regard revient sur la dame au visage pâle | elle s’approche encore de nous fascinée par ce paysage | sont regard amorce un mouvement vers sa gauche | nous nous glissons dans ce regard | nous glissons le long de la palissade | d’immeuble en immeuble | nous guettons une apparition | ce que nous voyons est un très banal paysage de banlieue | nous voyons la dame faire quelques pas comme cherchant quelque chose dans ce préau | en direction du parking | terre battue encombrée de petites voitures et d’un seul arbre | borné par la palissade avec ses pieux | des maisons particulières des immeubles en plus ou moins bon état | nous épousons de nouveau son regard et le suivons | parcours chaotique | immeubles | balcons | au ras des toits des branchages des campaniles des poteaux électriques des tours | arrêt à la source rosissante de la lumière | le soleil couchant resté invisible | Nous voilà maintenant au bord d’un boulevard de banlieue a double sens | au ras de la barrière de sécurité | nous voyons passer une Mini Cooper blanche au milieu d’autres voitures | de droite à gauche | même sens même tempo et que le regard de la dame en rose au plan précédent | on distingue la silhouette rose accrochée à son volant | fonçant dans la circulation sur fond de bâtiments industriels | on suit la voiture des yeux | plus loin sur la gauche | au pied d’une église baroque multicolore | elle passe devant deux jeunes hommes | trop bien habillés pour le lieu | blouson de cuir petit pulls et pantalons bien ajustés | ils font des signes au voitures qui vont dans le sens inverse | la mini Cooper ralenti en passant devant eux | nous voilà transporté en face de la dame chic | l’oeil collé à son pare brise | au dessus de ses essuie glaces | très prés de son visage émergeant de son volant | on la voit se tourner vers sa gauche pour mater les jeunes | revenir face à nous pour regarder sa route | elle tord la bouche | quelque chose de douloureux monte | son regard devient méchant | elle ouvre la bouche rejette sa tête en arrière | hurle un grand coup | on dirait la méduse du Caravage | son visage se calme | passe de la colère à la douceur | le désir lui rend le sourire | l’addiction reprend le dessus | elle donne un grand coup de volant vers la gauche | pour faire demi tour et cueillir les minets |