< Tiers Livre, le journal images : 2012.03.30 | du train et de la ville

2012.03.30 | du train et de la ville

Au bout de quelques mois de Québec, Paris paraissait une entité définie, et structurée. Dans les semaines du retour, on n’avait pas pu s’empêcher de quelques longues marches sans but, juste pour retrouver la ville. Au bout de cinq ans de détérioration, du mal à l’aimer : la misère, l’impolitesse, les flics. De mon côté, venir pour le boulot, des heures de rendez-vous bien précises, alors que je supporte de moins en moins les rendez-vous : si on parle par messages depuis les ordis la conversation est riche, on est vraiment aux prises avec l’autre, dans le don et la réception, depuis notre meilleure complexité – les conversations de bistrot sont du temps mort, sauf avec quelques rares. Donc gare métro boulot et repartir, à part ces croisements de personnages étranges parfois face à face sur le boulevard Saint-Germain. Mais Paris est quand même un dessin, une surface, une arborescence. Alors hier matin, partant pour Grenoble, ce moment bizarre du TGV arrêté juste au soleil levant en pleine nature vers Corbeil, avec la ville (Paris) à l’horizon, floue et proche, mais inaccessible. Mais le contraire au retour, un type soi-disant à Valence avait trouvé amusant de tirer le signal d’alarme, résultat le TGV me laisse en retard à Marne-la-Vallée, correspondance manquée, billet RER offert et donc revoilà Montparnasse en plein midi, Paris traversé sans avoir vu ni arpenté ni mis le pied dans Paris. Je perds mes repères, en ce moment, de territoire mais aussi de visages. J’ai photographié ce contournement de Paris : tout est flou.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 30 mars 2012
merci aux 4686 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page