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de la librairie volante

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2015.05.28 | Lyon, en passant

On venait dans ce quartier il y a 30 ans pour les librairies. En haut, Autrement Dit, plus raide et offensive, plus tard déménagée et devenue la belle Compagnie, le bistrot d’à-coté est devenu un bouffe-vite, ne vais jamais plus par là-bas, sinon pour la bouquiniste tout au bout de la rue Gay-Lussac, avec ses Jean Ray, quand j’ai affaire à Ulm. Plus bas sur Saint-Michel évidemment Vrin à la Sorbonne, et là c’étaient des razzias, pauvres en littérature mais pour les essais et le reste super forts, maintenant ça y vend des pantalons. Rue Saint-André des Arts, pas loin de la cour où est POL, il y avait Action Poétique, fermée il y a longtemps – et là c’est la revue qui s’arrête, dernier numéro. Puis à Saint-Germain ma préférée c’était le Divan, c’est là que le gars m’a dit, fin 1982, alors que je venais de sortir mon premier bouquin et que je ne savais même pas qu’il m’avait repéré, que je devrais lire Saint-Simon – là je suis dans le 3ème tour. Puis le Divan a déménagé dans le 15ème, il paraît que c’est bien, mais ne suis jamais allé, c’est pas sur mes routes. J’aime bien m’arrêter évidemment aux Cahiers de Colette, mais pas toujours sur ma route non plus. Autrefois on complétait par la librairie de voyages, 2 ou 3 spécialiste d’occases, et selon qu’on est invité on découvre librairie de Paris, l’Atelier ou le Comptoir des mots, mais maintenant je suis loin de les connaître toutes – j’aime bien l’Imagigraphe. En fait j’ai pris mes habitudes chez Gibert, et souvent je photographie une couv ou un titre pour le commander ensuite à 3 ou 4 euros dans les réseaux d’occase en ligne pour faire mes scans publie.net. Mais chez Gibert je suis plutôt rayon philo ou sciences, je regarde rarement le coin littérature, il y a toujours ces services de presse détournés qui sont là dès 15 jours avant la sortie du livre, des fois ça fait un peu triste. Ces 2 ans, allant pour mes ateliers à SciencesPo j’avais repris goût d’entrer à la Hune, toujours aimé son bazar sur les tables, l’affirmation du rare ou du contemporain. On sentait qu’ils étaient à l’étroit et dans leurs limites – ayant à racheter le Dépaysement de Bailly il m’avait fallu recourir aux libraires, qui l’avaient rangé en philo, et ayant à racheter un Chamoiseau j’ai mis du temps à comprendre que ce n’était ni en littérature française ni en littérature francophone, mais qu’il fallait aller en littératures africaines et là chercher le rayon Caraïbes, du coup ils n’en avaient qu’un en stock de tous ses titres, à Patrick et voilà qui l’enchanterait. Par contre, pas rare que je m’offre le crochet par la librairie Beaubourg, monographies d’artistes, bouquins sur le webdesign, j’en ressors rarement les mains vides. C’est une librairie Flammarion, comme la Hune : je suppose qu’elles seront toutes les deux dans le fond de la pochette surprise, lorsqu’ils vont tirer au sort qui va reprendre les bénefs Flamm’ dans sa poche, entre Albin, Actes Sud, ou Antoine Kassarue, et ça m’est d’ailleurs plutôt indifférent, ces jeux de sous sur livres faciles. Mais désormais c’est bien terne, le boulevard Saint-Germain – à moins d’aller s’encanailler dans le rayon médecine légale criminologie de la librairie de médecine (ou son rayon sur le cerveau, ça j’aime bien son rayon cerveau), je passe assez vite, un prétexte pour passer voir les nouveaux gadgets Fnac Digitale et me voilà déjà salle des profs avec sa grosse wifi et le café gobelet gratuit même pour les vacataires. Avant, du temps que j’allais aux Beaux-Arts, il y avait Fayard au 75 Saints-Pères (me suis toujours senti bien avec les équipes Fayard, enfin de ce temps-là), et le Seuil dans ses mansardes rue de Seine, déménagé porte d’Orléans, reste la discrète Minuit rue Palissy, mais quartier en voie de stérilisation rapide. Alors quand même un choc de voir hier la porte de la Hune condamnée. Bien sûr ils ne sont pas loin, fond de la place Saint-Germain, à côté d’où anciennement était le Divan. Bien peur que ces 70 mètres ne soient un coup de poignard, ça peut être mortel, passer d’un angle de rue à un fond de place, parce que c’est moins cher et que Dior s’ennuyait d’être trop loin de Berruratati et Sonya Rakakiel – je leur souhaite bien sûr que non (et qu’ils ne soient pas traités comme un sac à patates par le futur acquéreur de Flammarion, appuyé sur fonds de pension et qui se passerait certainement d’avoir à les reprendre...).


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 5 mai 2012
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