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journal | valise, Mac & diapositives

C’était dans ce moment, le 26 avril dernier, pendant l’entrée public, juste avant de lancer Contre à la médiathèque de Suresnes, on s’était retiré dans la « réserve » ça faisait un parfait backstage et dans la série de photos que j’avais faite à ce moment-là, du bout de l’iPhone, ces paniers de diapositives, sur les appareils placés là en attente, pour destin qu’on peut à terme deviner. Il vous en vient, des souvenirs, le bruit de ventilateur, la doublure tissu du couvercle, dont le fond pouvait servir d’écran avant de passer à la vraie projection, écran familial déroulable sur trépied, l’odeur de chauffe de l’ampoule, et puis ce petit clic de l’avancée du panier, qu’on déclenchait avec sa glissière. Ajouter les diapos mises dans le mauvais sens, et que tout le monde devait pencher la tête. On ne sait pas ce qu’elles étaient, à la médiathèque, les boîtes de diapos. Demain à cette heure-là on sera parti pour New York et, d’accord, j’ai mis les adaptateurs de prise et le chargeur de l’appareil-photo dans la valise mais rien d’autre encore. Les livres sont dans le Kindle, et tout le reste dans le MacAir, y compris la continuité du courrier et ce qu’il y a à faire pour que l’équipe publie.net ne soit pas affectée de mon changement de place géographique. Il faudra ajouter le passeport et l’ESTA, d’accord, mais pour les tee-shirts de rechange autant aller 34ème rue où c’est moins cher et bien mieux qu’ici sur la zone. En fait, la vie boîte de diapos ça marche : la compta, les impôts, les dossiers qui mûrissent, enfin tout le train-train du saltimbanque administratif, c’est la même suite de petits slides séparés, mais ça reste dans l’ordi qu’on embarque. Le stage à la NYU ça reste en bonne partie hors ordi, quelques kilos de bouquins à trimballer physiquement, mais je suis content de faire ce stage, et si j’embarque du rab d’exercices, je voudrais vraiment qu’ils m’apprennent et qu’ils me déplacent dans ma pratique d’ateliers. Le travail perso c’est des rythmes différents : je voudrais bien envoyer mon fichier Proust 2ème passe révisée, mais j’ai encore 4 ou 5 heures dessus minimum aujourd’hui, et déjà une bonne semaine de retard par rapport à la promesse faite au Seuil. Par contre, si j’enclenche la diapo, la tête sera libre pour reprendre là-bas les explorations ville et ce que j’en attends aussi du point de vue lecture numérique et usages numériques dans la ville. Pourtant, en amont, il y a déjà le travail du rêve : transferts dans la ville, incertitude dans la ville, le mental il ne se contente pas de mettre le MacAir dans le petit sac et partir. Le projecteur diapo-vie est capable de bourdonner un peu partout sans se préoccuper de quel endroit du monde vous vous branchez à la wi-fi pour accomplir les tâches du jour, mais tout le reste, chauffe d’ampoule, ventilo, bruit de couperet des slides qu’on passe, on n’en pas fini encore, ou alors c’est que je n’ai vraiment pas la tête assez légère.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 8 mai 2013
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