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journal | correction des copies

une autre date au hasard :
2019.07.28 | absolue plastique du déchet

C’était ce matin dans le RER, une fois que délesté brutalement de tous ceux qui s’engouffrent dans les tours de la Défense, et que ne restent plus que celles et ceux qui vont tout au bout vers Achères, Conflans, Sartrouville et Cergy. Moi je faisais des photos, dont celle-ci dans le reflet. La jeune enseignante, elle, avec son 4 couleurs, corrigeait et annotait les « compositions de textes » à l’encre bleue, 4 pages grands formats, de toute une classe. Je viens 2 jours par semaine, elle sans doute beaucoup plus. Elle annotait longuement les copies, puis prenait un temps de concentration pour rédiger les 3 lignes d’observation en tête. Vendredi dernier, à Sciences Po, un élève de 2ème année est venu m’apporter le texte manuscrit qu’il avait rédigé, et même à Cergy, il n’en est trouvé un ou deux pour me demander s’il fallait imprimer la petite note de synthèse à rendre avec les textes compilés du premier semestre. Quand je réponds que je suis « zéro papier » ça a encore l’air presque d’une provoc. On en discutait à Amiens l’autre jour avec Christophe Reffait et Olivier Jouslin : les concours au bout de la prépa sont manuscrits, donc pas possible mettre leurs khagneux à la rédaction sur ordi. Est-ce qu’on intervient différemment quand c’est un fichier .odt ou .rtf qui vous est remis ? Le moment important, en atelier, c’est ce passage à l’oral du 3ème tiers du temps, où on lit, analyse, commente. Quand il s’agit d’un texte perso, je le lis sur ordi mais sans annoter, par contre on se donne un RV oral live avec l’envoyeur. Choses qui ne peuvent pas être faites dans le contexte collège ou lycée, si on veut les emmener au meilleur, les élèves. Combien j’en ai vu, de mes copains profs, se battre avec les tas qui ne diminuent pas, le dimanche soir. C’est cette obstination de la jeune enseignante, dans ses 3/4 d’heures de RER du matin (imaginer les retards, les pannes, les grèves) – ceux qui ne plient pas, qui continuent et l’autorisent, qu’il y ait le meilleur. J’aurais voulu demander sur quoi portait cette composition de texte, ç’aurait été malséant – à Cergy chacun est parti de son côté bien sûr.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 29 janvier 2014
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