Discussion hier à savoir si on doit dire carte de Tendre ou carte du Tendre, ce qui d’ailleurs a beaucoup moins d’importance que d’aimer toutes les cartes à travers celle-ci qui les incarne en nous y projetant nous-mêmes. Me fait souvenir que je m’étais promis d’aller rephotographier à Cergy cette carte sur le quai du RER et que je ne l’ai pas fait, là c’est juste un petit Instagram avec l’iPhone. Je ne me suis même pas approché : ces cartes ne renseignent pas vraiment, on regarde les écrans au-dessus du quai, de toute façon les heures RER sont élastiques, pannes, retards, régulation, seule l’annonce en temps réel est utile. Et qu’importe, on sait qu’il finira par en venir un (s’il part à Saint-Lazare on le prendra quand même et on descendra à Nanterre Université pour rattraper ceux de l’autre branche, et si vraiment tout est coincé on ressort prendre un bus pour Pontoise et choper le D, ça c’est notre carte réelle des usages). D’autant que le temps d’attente est rarement épargné, sauf quand ça va bien le matin à l’heure de pointe et que ça mitraille un toutes les quatre minutes. Dans les gares suisses et allemandes je sais à peu près me débrouiller de ces cartes, qui disent qu’heures et quais se répètent chaque jour. Alors je ne sais pas trop pourquoi ce graphisme compact, à échelle des deux bras dépliés, que j’ai dû voir vingt ou quarante fois, m’a étonné ce jour-là : cette impression que le temps (la représentation graphique compliquée des heures) recouvrait la durée tout entière. N’importe où et quand on arrivait, un point de l’immense graphe au carré pouvait vous en désigner le repère. Et qu’en même temps voilà, qui vous donnait la règle pour identifier ce repère et savoir à quoi il pouvait bien correspondre ? Sur ce RER et dans cette gare il n’y a qu’une double paire de rails et un seul axiome : avoir à prendre le suivant. La carte de Tendre a bien régressé dans la géographie d’aujourd’hui.