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journal | nos jours sont une carte points traits

une autre date au hasard :
2019.12.14 | Guy Joussemet sur les toits

Dans cette journée particulière, j’ai enchaîné : un trajet (maison jusqu’à gare Saint-Pierre des Corps), un trajet (TGV Paris, ordinateurs, mails : 2 lettres), une station café intérieur (ordinateur : Lovecraft, puis RV travail Cergy), un trajet (métro de MTP jusqu’à la Motte-Piquet), un trajet (à pied de la Motte Piquet jusqu’à l’Institut Français rue de l’Amiral-Scott, avec arrêt sur un banc de bus un moment pour un échange de courriers sur ordi, la dame qui sur le même banc m’a rejoint pour attendre le bus m’a regardé comme si j’avais commis un détournement), un trajet (dans les couloirs labyrinthiques du bâtiment de l’Institut français on ferait bien une partie de cache-cache), une station bureau (étrange moment suspendu, confiance qui circulait, on ne sait pas trop pourquoi c’est comme ça et c’est trop rare pour que ça ne fasse pas plaisir), une station dans un petit machin japonais (j’ai pris une soupe aux nouilles et mis en ligne mon Lovecraft du jour), un trajet, à pied de Dupleix jusqu’à Boissière via le Trocadéro (il faisait chaud parce que je portais le sac rouge avec les dossiers du CNC, en haut du Troca un photographe prenait des photos d’une mariée coréenne, j’ai aussi photographié les manèges juste pour m’entraîner à me servir du petit Pancake 22 de Canon, et les 2 photos dans la rue ci-dessus), une longue station (commission CNC, à 9 dans la salle de réunion, mais toujours dans cette impression de collégialité qui agit au-delà de vous-même, mon ordi sur la table avec le téléphone en partage de connexion, mais juste pour les liens Vimeo cités dans les dossiers), un trajet retour vers Châtelet, une station terrasse au Sarah Bernhardt on parlait d’Oakland et Berkeley et on a parlé aussi de génétique de Rabelais, de photographie, littérature aussi plus d’autres choses importantes comme le retour sur le mois de janvier), un trajet métro Montparnasse, fin de trajet à pied jusqu’à la gare, et là finalement ce tout petit truc qui justifierait qu’on écrive le journal du jour : la totale surprise de comment la tête a commuté en un instant à propos de la présence de celle qui était partie un an (c’est peut-être ça un des modes de déplacement d’Internet : on est en lien permanent avec ceux qui sont loin, on les suit dans leur temps précis, si la distance change c’est un ajustement assez simple à quoi on procède, et ça n’empêche rien de la joie ou de l’émotion, ou encore plus simplement du travail intérieur que va initier dans les jours à venir ce retour et ce qu’il induit, y compris dans la fête, puis trajet train retour autre sens (pas ordi ni lu, mais parlé écouté à trois), puis trajet voiture, puis ordi réinstallé ici sur le chargeur et la dalle 27’’, la façon dont on se réinstalle dans l’immobilité comme si c’était l’état naturel, à condition d’être devant l’écran parce que c’est être devant les mots. Reste quand même ce que brassé dans la tête, comme si peut-être une seule conversation qu’on aurait continué avec soi-même au travers des 5 pauses successives et interlocuteurs différents. Qu’il ne m’était jamais non plus venu à l’idée que la temporalité du jour soit une suite discontinue de points (stations) et de traits (trajets), les uns et les autres à égalité de valeur (les trajets, les stations) en tant qu’éléments simples.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 24 juin 2015
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