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2019.09.05 | la ville habite ses creux

une autre date au hasard :
2013.10.21 | au cimetière à Baltimore
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Rien qu’une cour, mais une cour quadrangulaire, et en avoir exploré les points de vue depuis deux des parois contiguës, ceci à trois niveaux différents (le bâtiment d’où je photographiais faisant quatre étages, plus un sous-sol). Au début tu te dis que tu aurais pu faire une vidéo avec les plans de cour, les plans d’intérieur, les plans du sous-sol. Puis non : on fera trois pages successives, mais ce n’est pas limitatif, puisque c’est une nouvelle page qui semble s’écrire en toi, au moins jusque fin novembre (et ça fiche la trouille, toujours de paradoxe de commencer une expérience en disant que tu sauras faire, alors que plus tu en approches, plus tu sais qu’il te faudra partir de ce que tu ne sais pas faire). J’aime ces lieux à proportion de la difficulté qu’il me semble que j’aurais désormais à habiter la promiscuité de la ville. Ils son fils pour moi de la fabuleuse page d’une démolition au début du Malte Laurids Brigge : peut-être que c’est le Malte Laurids Brigge qu’alors tu cherches infiniment à photographier Ici tu en as la preuve : la ville ne s’érige pas, ne se dresse pas, ni ne s’élève. Elle se creuse au contraire dans le grès, le béton et le calcaire. Et dans les excavations ouvre ses irrégulières fenêtres, celles qui voudraient ne rien avouer de la misère que nous sommes tous.

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 5 septembre 2019
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