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traitement de pages

Vraiment impressionnant quand même comment le développement des réseaux sociaux modifie la donne pour les blogs : à la fois on reste les producteurs des contenus, ceux que le web sémantique identifie et repère, et ceux qui publient directement des articles sur face book n’auront pas ce poids-là. Mais on dépend de face book (et progressivement de twitter, mais pas même public ni même fonction) pour la circulation et la propagation de ces contenus, dans une part désormais double de nos agrégateurs, alors que c’était la proportion inverse il y a moins de 3 mois. Et, le web étant une machine de faible inertie, et de réaction toujours amplifiée, le nombre de billets nouveaux dans l’agrégateur, par semaine, a dû baisser pas loin de moitié, ajoutant encore à l’effet. Consultations sur les sites en contraction d’un tiers, estimation assez générale. Mais jamais eu d’autre boussole, en 10 ans, que confiance dans les contenus, donc persister avec uniquement ça en tête. Sinon : journées bureau, la chance d’en avoir 5 de suite, désolé pas plus à dire, il y a du retard à écluser.

Ce qui bouge le plus sous les yeux, c’est l’écran, et donc le logiciel de traitement de texte. Je commence à m’acclimater en profondeur à Pages (de la suite Apple / iWork). Toujours des lacunes : gestion des césures c’est moins fin que Word et encore moins qu’InDesign, toujours du mal avec leur gestion des bas de page, à régler manuellement en fonction des interlignes des divers styles et images, gestion des blancs et insécables encore du progrès à faire et ça pour l’édition numérique c’est rédhibitoire.

Mais en même temps un changement complet de paradigme : non pas mettre au point le texte sous Word ou autre, puis l’importer dans le logiciel de mise en page InDesign ou X-Press, mais tout de suite penser la page, et traiter le texte en fonction de cette occupation de page, qui peut inclure fichier vidéo en arrière-plan, fichier son à déclencher. Surtout, l’obligation de penser tout de suite au rapport de ce qu’on écrit à la page-écran, l’intuition du blanc, marges et interlignes – depuis 1993 que j’utilisais Word, jamais autant évolué [1] que ces quelques semaines via outil fruste, moins performant qu’InDesign, mais à cause de cela même opérationnel dès l’ouverture du nouveau fichier – je ne saurais pas me servir d’InDesign pour écrire. Admirable gestion des styles : on modifie un paragraphe à l’intuition, presque comme on modèle de la terre, et petit bouton "redéfinir le style à partir de la sélection" l’applique à tout le document, tout ça existe dans Word, mais ici ça passe au premier plan et à la volée, en fonctionnement tout intuitif.

C’est la rapidité dans le traitement graphique (marges document, petit inspecteur central, traitement de l’image au même niveau que le traitement du texte) qui change le rapport global au document qu’on crée – de plus en plus, l’intuition que ce qu’on disait texte tirait sa suprématie de sa reproductibilité et transportabilité : une discipline extrême, poésie, récit, en a résulté, à nous de trouver le même processus de discipline artistique avec ce document dont le texte n’est qu’une fonction à égalité des autres.

Reste des rognes annexes : la fonction exporter PDF de Pages surtout ne pas utiliser, imprimer le PDF via Acrobat directement, et attention, mais ça concerne le PDF ou l’epub, pas le logiciel de départ : mieux vaut encapsuler les polices Adobe d’origine si on veut que ça tienne les passages serveurs pour publie.net. Nous sommes donc propriétaires payants de licences d’utilisation d’un nombre restreint de polices (Garamond Premier, Optima, Bauhaus) qui sont elles-mêmes comme de mini-logiciels et n’ont rien à voir avec les polices dites système : je n’aurais jamais pensé avoir à faire un jour ce type de dépense, mais ça intervient aussi, désormais, dans le rapport au texte, on joue de sa Garamond comme on s’habitue au dérailleur d’un vélo. Et dans les rognes, pour Pages, leur icône : une bouteille d’encre et un porte-plume, alors que même Word a viré son ancienne plume d’oie...

Reste aussi cette énigme perso : j’ai plusieurs carnets et calepins sur l’ordi, mais pour la prise de note, comme celle-ci justement, c’est d’écrire en ligne, à la volée, donc hors l’ordi et sans sauvegarde, via lieux virtuels publics comme celui-ci ou mes sites sans liens, qui est devenu pour moi le carnet – cloud writing.


[1voir cet article d’il y a 3 ans, totalement périmé...

François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 28 juin 2009
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