< Tiers Livre, le journal images : 2019.10.26 | marcher, Québec sans bout

2019.10.26 | marcher, Québec sans bout

Ces marches où toujours l’espace surprend parce que c’est trop grand : la ville au loin est toujours une image, dans sa superposition verticale, à quoi le soleil rasant arrache des reflets de conte. Qu’on se retourne : la montagne, sombre. Qu’on se retourne : échappée sur le fleuve, grise, violente (ils disent « le fleuve, l’eau », jamais constaté qu’ils l’appellent de son nom). Un pont, trois rues, la ville se refait, identique. Les voitures ne ralentissent pas. Dans les maisons, ils sont occupés à installer des sortes d’abris anti-neige généralisés, tous les mêmes, comme une sorte de peau provisoire, d’emballement avant catastrophe. On n’est pas si isolés, les marcheurs : pas flâneurs, rien que marcheurs, marche rapide, marche pour marcher, pas pour aller d’un endroit à un autre. Juste pour ça, se confronter au vent, à l’eau, à la perspective loin de la ville, à l’hostilité géométrique des fumées, des ponts, des viaducs.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 26 octobre 2009
merci aux 627 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page