< Tiers Livre, le journal images : fuir

fuir

Impasses, impasses. Murs. Choses qu’on fait et la confiance vient seulement après. Puis rien devant. Font semblant que. Comme une épreuve. Jusqu’ici on passe : on sent que le moment approche où ça ne passera pas. J’aime bien l’ordinateur pour y écrire, j’aime bien l’ordinateur comme fenêtre sur loin dans le monde. Puis ça s’est un peu mêlé, c’est le paradoxe de la fenêtre sur Internet : plus de frontière entre le pour soi qu’on vient chercher ici dans le nuage à mots, et le grand jeu qui sert aussi à manger, lutter, penser si tout ça c’est ensemble. Dans ce moment où on sent que les couloirs se rétrécissent, on rétablit quoi pour la protection. Il faut limiter le territoire, rétrécir le périmètre – que du bord extérieur du cercle ils ne puissent vous atteindre. Repartir dans le web pseudonyme, hétéronyme, disparaître de soi-même, se séparer des branches qu’on ne sent pas sûres : ceux qui vous parlent trop d’eux-mêmes, marre. Si nécessaire d’arpenter seul. Et c’est tant mêlé qu’on ne sait plus comment faire. on rouvre un carnet secret, quelque part, c’est encore du web. On crée un hôtel de langue. On y passe quelques heures, dans le jour ou la nuit, on y retrouve soi-même et les mots. Juste que les impasses restent autour, restent impasses.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 mars 2010
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