< Tiers Livre, le journal images : 2010.04.16 | quotidienne

2010.04.16 | quotidienne

Dans cette contrainte d’une brève note quotidienne sur l’idée de ville, l’exploration d’un nombre restreint (une qui sert de matrice, trois autres très similaires, eau, usines, voies ferrées, habitations et routes) de métropoles – non pas au hasard, mais pour cette traversée, il y a un mois exactement, de la première. Il n’aurait servi à rien de s’arrêter. Recommencement, grillages, ponts et entrelacs. Ce n’est pas un pays pour qui viendrait à pied : la vue satellitaire est bien plus indiscrète. Question : ces images, je les fixe pour leur qualité abstraite, une géométrie, un caractère monochrome, une récurrence. Une fois archivée, je ne sais même plus la retrouver dans la métropole balayée par le zoom et le pavé tactile de l’ordinateur. Ce sont des images perdues, comme perdu le lieu qu’elles désignent. Je pourrais aisément les repérer : il suffirait de recopier ou de faire une copie écran des coordonnées de géolocalisation – mais je ne m’y décide pas. J’ai des arguments contre : si je veux suivre l’évolution de cet endroit précis, ou obtenir une meilleure image pour une lecture avec projection, etc. L’idée de perdre le lieu sitôt que je le fixe est pour moi une condition de la fable : ville qui s’invente, mais ne s’invente pas dans la ville réelle (les quatre villes) qui me servent de source et repère – s’invente ici, dans la phrase et l’image, par leur séparation même.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 16 avril 2010
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