
2020.02.16 | l’école d’arts, et après le squat
Comment capter ce qui se passe dans un texte et que la tension soit celle d’un parcours du temps, chemin de visage et regard, d’intonation prise près ? On en est à notre quatrième film avec Fabrice Cazeneuve et Pierre Bourgeois, et toujours pas de recette, qu’essayer et essayer. Pour ces mots censés avoir été prononcés par leurs têtes malléables, et qui avait constitué à son terme un beau travail d’autoportrait, on est au cinquième étage du Cifap, dans la cantine vide, avec vue sur l’hyperville. Les têtes seront hors champ, mais changeront l’intention et l’adresse. Et parfois le visage en cadre serré, mais le point sur cet infini de la ville. Puis ce texte de Johanna, scène de l’ordinaire quand on découvre la vie de salon à dix-sept ans (elle avait complété oralement : "parce qu’à cause de ses brûlures il n’avait pas de cheveux à l’arrière, et il fallait faire le shampoing comme aux autres") :





ma tête
RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN
RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN
elle ne veut rien dire elle subit toutes les pires choses qui peuvent lui arriver sans jamais ne laisser rien paraître _ la douleur elle ne connaît pas la tristesse est ancrée quelque part dans un endroit caché, elle n’a pas peur, elle sourit quand il faut sourire, parle quand il faut parler ne dit rien quand elle n’a rien à dire son paraître est tel qu’on ne sait pas ce qu’elle pense, ce qu’elle veut ou qu’elle éprouve, elle subit, la tête se soumet à tout : non, en fait à rien _ d’ailleurs elle ne veut plus vous parler d’elle alors laissez la tranquille


1ère mise en ligne et dernière modification le 10 février 2007
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