La venue au Québec c’est lui en grande partie, et dans ces dernières heures du séjour, le revoilà tel qu’en lui-même. Penser le web en cours de route, comment on le pourrait sans essayer, tenter, expérimenter, inventer ? On met en place un circuit, on cartographie des usages, ensuite on peut simplifier, charger, développer. C’est son rôle : il n’est pas libraire, il n’est pas éditeur, il n’est pas auteur (encore que) – est-ce que dans l’interconnexion de cet ensemble il y a une responsabilité commune, et elle s’énonce à partir de quoi ? Clément n’utilise pas l’expression chaîne du livre, il préfère la notion d’écosystème. Et si c’était à ce lieu même, celui de lire, que changeaient les frontières – lui qui sera tel jour à Cupertino et le lendemain à Milan, ou d’ici, dans son Québec, sera en visio-conférence avec les éditeurs français d’Eden ? Mais là ce n’est pas de ça qu’on parle. Plutôt de ce qui nous pousse dans cette aventure, sans prédictibilité, lourde de tant d’incertitudes, mais où se joue – dans l’écart et le geste solitaire qu’est lire – tant de ce qui nous rassemble. On gamberge sur des utopies : un des paradoxes du web, qu’on ait aussi à passer tant de temps dans l’irréalisable, et garder aussi du temps pour l’intérieur – ce qui précisément nous lie au livre. Il y a tant de bruit autour – pas forcément du bruit important, juste du bruit. Est-ce que par le web, ce qui nous tient ensemble, ce n’est pas d’apprendre à réfléchir autrement, et le monde et nous-mêmes, et d’agir ensemble autrement ? Voir aussi ici, ici, et bien sûr chez lui.