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dictionnaire | table (de travail)

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table (de travail)


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« Je passe plusieurs heures par jour assis à ma table de travail. Parfois je souhaiterais qu’elle soit le plus vide possible. Mais le plus souvent, je préfère qu’elle soit encombrée, presque jusqu’à l’excès... »

Dans ce feu d’artifice qu’est le début du Penser/Classer de Georges Perec, dès après « Notes sur ce que je cherche » et « De quelques emplois du verbe habiter » viennent les « Notes concernant les objets qui sont sur ma table de travail » (on les retrouvera aussi dans les ressources #tutos du Patreon). Il me semble qu’une des manières de mettre ce dictionnaire sur la bonne voie, ni rhétorique ni théorique, mais pratique, chaque contributeur pourrait ici proposer sa version. Il n’y a rien de neutre, c’est même tout le contraire, pareil que pour les sacs & valises, à mettre en partage ce qui fonde au quotidien notre geste d’écriture.

entrée proposée par FB

2

S’entourer de talismans ou d’amulettes, pour peu qu’on leur accorde le pouvoir de nous faire écrire, peut être utile. L’un de mes plus efficaces grigri est un poivrier de marque Peugeot. Sans cet objet qui m’accompagne depuis bientôt quarante ans, je n’aurai jamais écrit de fiction. Ce qui est vrai, c’est que ce jour-là il faisait soleil. Ce qui est vrai, c’est qu’à l’heure du déjeuner, Graham Greene nous a invité à sa cantine, chez Félix. Ce qui est vrai, c’est qu’au 50 boulevard d’Aguillon à Antibes, le Félix Café est toujours là et qu’il y a l’intérieur une petite plaque de cuivre qui indique la place habituelle qu’affectionnait l’écrivain. Ce qui est vrai, c’est que comme Graham Greene nous avons commandé une pièce de bœuf saignante accompagnée de vraies frites. Ce qui est vrai, c’est que Graham Greene poivrait généreusement ses frites et qu’il s’est servi à de nombreuses reprises du poivrier Peugeot qui était sur la table. Ce qui est vrai, c’est que ce poivrier était un peu poisseux. Ce qui est vrai, c’est qu’avant de quitter le restaurant, j’ai volé le poivrier dont Graham Greene s’était servi. Ce qui est vrai, c’est que je conserve précieusement ce poivrier depuis 1982. Ce qui est vrai, c’est que je n’ai jamais nettoyé ce poivrier et qu’il colle toujours un peu aux doigts quand on l’utilise. Ce qui est vrai, c’est qu’en 2008 j’ai écrit , pour la première fois, une petite nouvelle intitulée « le poivrier de Graham » pour un recueil du collectif « Noirs de Corse » destiné à l’achat de matériel permettant aux personnes handicapées d’accéder aux plages. Ce qui est vrai, c’est que j’attribue à ce poivrier des pouvoirs magiques et que je sais que cette attribution irrationnelle relève de la superstition et du fétichisme. Ce qui est encore plus fou à présent, c’est que lorsque, il y a peu, j’ai voulu offrir cet objet fétiche à une amie très chère à mon coeur, celle-ci a catégoriquement refusé. Prétextant que l’objet était trop précieux et que la dette serait trop lourde à porter, elle me retourna le poivrier de Graham. Un signe à l’évidence que celui-ci a au moins le pouvoir de faire partager les irrationnelles croyances.

entrée proposée par Ugo Pandolfi

3

Souhaiter le vide et préférer l’encombrement.

Est-ce qu’on écrit "pareil " sur une table vide ou une très encombrée. On pourrait renvoyer la question à la peinture et à l’atelier du peintre.

Quel lien entre l’œuvre qui se fait et l’espace temps où elle se déploie ?

Dans mon métier, la scénographie, s’est posée quelques fois la question très concrète de la représentation d’un espace de travail avec ses objets. Quelle image donner de la table de qui écrit ? Mais qui écrit justement ? (Table houle, superposition et débordement de rames de papier et de feuilles dans un espace très étroit en sous pente de préférence avec lucarne… table nette avec quelques objets, et une Underwood première série, une seule fenêtre en contre jour comme un écran ; écritoire en gueuloir dans une cavité sans portes, ni fenêtres… )

Peut-on donner une image générique de l’espace de travail de qui écrit ?

entrée proposée par Nathalie Holt

4

Aucune. Je pose l’ordinateur portable sur mes cuisses ou je le cale entre le ventre et les genoux. Si j’ai besoin d’une documentation extérieure à la mémoire de l’ordinateur ou à l’internet, j’accumule les livres autour de moi : sur le lit et la table de nuit, le canapé, la table basse, au sol. Quand j’ai terminé une séance d’écriture, je range ou j’empile dans un coin de la pièce où je dors (qui n’est pas une chambre). La disparition de la table de travail n’est pas liée au manque de place mais elle est contemporaine de mon acquisition d’un notebook qui m’en a libérée. Je n’imprime que très rarement mes textes et, pour les corrections d’épreuves, je les fais aussi sur mes genoux. L’espace dans lequel je me sens bien pour travailler est celui de mon corps, agrandi autour pas plus loin que mon bras étendu.

entrée proposée par Juliette Keating

 



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1ère mise en ligne et dernière modification le 7 avril 2021.
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