le web est un feuilleton, 3

le bimensuel de publie.net – 16 pages de récit Internet


De plus en plus convaincu, à mesure que s’étend le catalogue publie.net – aujourd’hui, le texte violent de Marina Damestoy, et en préparation un nouveau texte de Jean-François Paillard, une édition augmentée du Manifeste de Philippe Bianchon, une troisième version, à nouveau augmentée et refondue, des Anticipations d’Arnaud Maïsetti –, suppose cet outil d’un échange à un autre niveau, ce qui peut glisser de texte à texte à texte, de démarche à démarche.

Pour la troisième fois – on est, ce samedi 20 février, en fin d’après-midi, le voyage à commencé dans l’aube québécoise –, je m’embarque dans les sites pourtant connus, présents dans mes outils de veille, parfois ayant mis la main à la pâte pour leur gestation. Et je découvre pour moi-même que la lecture que j’en ai aujourd’hui, reprenant à plat ces textes dans un autre format, susceptible d’être imprimé ou affiché, débarrassé de ce qui encombre les pages blog, en avoir une autre lecture.

Et je découvre que ces textes, sans préméditation, juste ainsi à se laisser guider par les voix, les formats, recoupent leurs thèmes, leurs questions et inquiétudes. Au bout du compte, surpris moi-même de la gravité ou de l’intensité qui en émane.

A nouveau, ce numéro (le troisième, mais il n’y aura pas de 2, je n’arrive pas à compter pour rien le n° 0 !), va être disponible intégralement en lecture sur cette page et sur publie.net, tandis que les précédents seront accessibles aux abonnés seulement.

Et à nouveau l’idée que je ne sais pas du tout quel est ce objet que je mets en circulation : revue littéraire, journal, ou simplement galerie multiplement circulante vers ces 300 textes qui se répondent désormais en permanence dans notre catalogue ?

Encore suis-je bien conscient que ceux qui sont ici choisis sont eux-mêmes des producteurs de contenu virtuel, des raconteurs d’histoire.

Mais est-ce que ce n’est pas l’enjeu essentiel ? Devons-nous abandonner aux anciennes hiérarchies le soin de décider, promouvoir – et cantonner les blogs à ce bruit confus du monde ? Je crois que c’est bien la racine du plaisir à organiser ces pages...

Avec des textes de Jacques Ancet, Arnaud Maïsetti, Daniel Bourrion, Béatrice Rilos, Marc Pautrel, Pierre Ménard, Laurent Herrou, Jérémy Liron, Laurent Margantin, Christine Jeanney, Thierry Beinstingel, Michèle Dujardin, Marina Damestoy, Martine Sonnet, Jean-Yves Fick, Joachim Séné, Cécile Portier, Guillaume Vissac, et moi-même – et ça changera la prochaine fois !

Télécharger le n° 3 ci-dessous (liens actifs) :

feuilleton publie.net, 3

Je rappelle que vous pouvez aussi intégrer à votre propre site ou blog le script suivant, pour disposer du feuilletoir et en permettre la diffusion :

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Le web est un feuilleton | 3


Qu’est-ce que nous raconte Internet ? Ce n’est pas une question en l’air. Les blogs ont ouvert un espace d’expression considérable, qui aurait pu nous perdre, ou noyer le silence de la poésie, l’affinement du discours, ou ce geste par quoi le langage tente de saisir les hommes, pour en revenir agrandi à nous-mêmes, augmentés au moins de doute. Les outils pour s’y repérer, glisser par affinité d’un site à l’autre, ont progressé à même allure, créant des circulations, des solidarités, des amitiés. Publie.net est né en bonne partie de ces échanges.

On sent une redisposition globale de ce qui nous semblait un équilibre majeur de la communauté, et qui bénéficiait de la stabilité du livre, de nos habitudes de lecture, où l’écart aidait au rêve. Les revues littéraires y tenaient une part essentielle, notre plaisir de la presse quotidienne ou magazine à ce qu’elle y était poreuse.

En changeant de position le curseur de la publication, Internet ouvrait à cette profusion où l’ancien équilibre critique, qui nous rodait les uns les autres, laissait place à l’immense flux des mots. Mais dans cette diversité neuve de ce qui surgissait, c’est aussi une autre façon de dire le monde, d’en faire poésie, d’en tenir récit – et c’est la plus vieille fonction et nécessité de la littérature. Ainsi, que nous raconte la planche de six images, ci-dessus, que dans son site Philippe De Jonckheere n’accompagne d’aucun mot ? (Ou, plus bas, cette image quotidiennement mise en ligne à 17h34 par Guillaume Vissac ?) Et nous donnerons-nous le défi de réfléchir à notre corps numérique comme le propose Arnaud Maïsetti ?

Nous lisons de plus en plus ces mots et récits d’Internet. Pourtant, à passer en revue les sites des auteurs de publie.net pour ce 3ème feuilleton, l’impression que nous n’en avons pas fini avec l’obligation d’extraire, de ralentir, de retenir. J’avais lu tous ces textes, et je les relisais autrement, pour avoir à les choisir, les reprendre pour ce support.

De même, la surprise de les trouver soudain graves, partageant d’abord l’inquiétude. D’où cette mise en page soudée, continue.

Pour lire, nous habitons définitivement (même si non exclusivement) l’écran : l’aventure est tout entière à construire, mais elle est déjà en construction.

Et la spécificité de ce que nous raconte Internet, là où la littérature est manifeste, c’est cette évidence plurielle, le construire ensemble.

L’invitation, ici, à remonter de là où l’auteur scrute le monde au jour le jour, ce qui s’appelle déjà écriture, à ce temps en amont, qui est lire.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 février 2010
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