Claude Ponti noir sur blanc

un moment particulier de l’art de Claude Ponti, un petit air de "Soeurs et frères", son grand livre annuel, en librairie la semaine prochaine


C’est presque un rendez-vous annuel sur Tiers Livre, la parution du Claude Ponti de l’année : et quand bien même on n’a plus à la maison de ces lecteurs qui faisaient qu’on retrouvait toujours ces bouquins-là par terre, relus des centaines de fois pour certains, mystère de cette aventure graphique et poétique qui s’écarte dans d’étranges labyrinthes où se réfléchissent à l’infini le langage et le rêve, et le schéma exigeant et dur du conte, de la mise en place narrative qui reprend les schémas les plus fondateurs, la relation familiale, l’errance, la quête, mais en relation directe avec notre présent. La somme que représente l’oeuvre de Claude Ponti n’est en aucun cas contenue dans les frontières du livre de jeunesse – mais on est pas mal de milliers à le savoir, tout autour du monde.

Comme l’an passé à Québec, ou le Changez de parents en 2008, mais il doit y avoir d’autres traces dans le site... Et ce n’est pas chez nous seulement, le phénomène Ponti, souvenir de cette chronique de Nicolas Dickner. Pour la biblio de Claude, voir page Ecole des Loisirs – et penser à nourrir le muz.

Alors, oui, magie à entrer dans cette pièce silencieuse, planche de bois modeste, découvrir le livre juste imprimé – il doit arriver en librairie le 9 novembre, et ça s’appelle Soeurs et frères, il est déjà partout en pré-commande. Disons seulement que si vous avez lu Le catalogue des parents, vous devriez trouver vos marques dans l’aventure de celui-ci, avec de la farce et de l’acide, un moment très grave aussi, et un défilé où comme d’habitude semble résonner toute l’histoire de la peinture – peut-être côté Breughel ici un peu plus.

Sur la planche de travail, des feuilles en désordre, vulgaire papier imprimante, et des ébauches, ces mêmes personnages crayonnés, ébauchés. Une fois fixés, et le livre paru, Ponti détruit ces feuilles – pensée pour Michaux, qui avait un broyeur à papier sur sa table.

L’étape technique de travail que je découvre, c’est comment, une fois le livre composé, et le texte qui vient progressivement à son tour, ces personnages sont imprimés sur vrai papier à aquarelle, et sur ce tirage réservé à l’auteur, viendra la mise en couleur, puis départ pour la maquette.

Générosité de Claude, qui nous met dans les mains au moment de partir un exemplaire de ce tirage en noir et blanc. Les personnages, dans le livre qui arrive, sont par dizaines, une foule, un monde – on s’habitue, avec lui. En voilà six, dans cette étape, un peu en film muet, où lui seul probablement commence à savoir ce texte qui trouble la langue, et va les accompagner.

L’École des Loisirs ne m’en voudra pas d’en insérer cinq ou six, parmi ces dizaines, comme en bande-annonce. Ce qui était si fort, à avoir d’un côté le livre, de l’autre côté les originaux en couleur, et puis cette strate antérieure, c’est la fragilité que donne à ces personnages, avant leur mise en mouvement, le dessin noir et blanc.

Donc une étape fugace du travail, une étape que le livre fini ne montre jamais. Et je vous mets les pinceaux à la fin, imprimez et coloriez... (Mais pour le texte, là il n’a pas expliqué la recette, le silencieux rêveur...)

© Claude Ponti - documents de travail - pas de repro merci
© Claude Ponti - documents de travail - pas de repro merci
© Claude Ponti - documents de travail - pas de repro merci
© Claude Ponti - documents de travail - pas de repro merci
© Claude Ponti - documents de travail - pas de repro merci
© Claude Ponti - documents de travail - pas de repro merci

responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 1er novembre 2010
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