roman-photo | ce matin j’ai volé

résidence Paris en Toutes Lettres, une semaine d’immersion à la Défense


Dans le livre de Jean-Luc Nancy récemment paru, La ville au loin, il y a un fort passage sur les vues cavalières : la construction artificielle, avec les outils du dessin et du peintre, pour glorifier la ville vainqueur, la ville officielle, d’un système de représentation où tout était visible d’un point qui n’est pas celui de l’observateur habituel – et l’artifice de la représentation cavalière, c’est que même si on plaçait à cet endroit un observateur, il ne verrait jamais tout à la fois comme c’est le cas sur la toile. La vue cavalière, notre Jean-Luc Nancy, date d’une période (se hisser sur le cheval pour voir loin, c’est le propre du chef jusqu’à l’âge napoléonien, plus après) où voir d’en haut n’était pas possible. Nous y arrivons via Google Earth : il y a quoi, sur les toits, à la Défense ? Nous y arrivons en escaladant les toits : les touristes montent sur l’Arc-de-Triomphe, mais le toit de la Grande Arche n’est plus accessible (billet à venir). Alors ce matin j’ai tenté, à la place, de voler. Je n’avais pas le droit d’aller plus haut que les tours. Je me tenais à ce qui doit correspondre entre le vingtième et le trentième étage. Le matin était froid et sec, la visibilité parfaite. J’en ai beaucoup profité. On a, quand on vole, seul, sous son petit engin silencieux, une sensation de liberté grande, de solitude belle. On m’avait demandé de ne pas approcher de ces modernes forteresses, bien gardées, que sont les tours Areva, Total, EDF, SFR – moyennant quoi j’ai pu explorer, vu du ciel, une large partie de la Défense. Il est dur, ensuite, le reprendre les chemins du ciment – la ville apparaît en miniature, en jouet infini. J’ai volé, je vous en rapporte ces images.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 3 mai 2011
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