roman-photo | signalétiques

résidence Paris en Toutes Lettres, une semaine d’immersion à la Défense


Maintenant que j’avais accès à ces personnes qui m’expliquaient, la signification de cette iconographie anthropomorphe sur les façades des grands immeubles de bureau s’était éclaircie. Bien sûr, lorsqu’on pouvait éviter que les gens ici meurent au travail, on préférait. On prenait la retraite trop, on évitait de vous garder trop longtemps. Si nombreux étaient ceux qui avaient passé ici deux ou cinq de leur vie et puis, à mesure de leur carrière, étaient partis sans revenir. Mais il y avait tant et tant de tours, de bureaux. Les tunnels, dessous, n’étaient pas des liaisons de transit : ils aboutissaient sous chaque tour, pour les livraisons, les ravitaillements, les déménagements – des monte-charges équipés spécialement donnaient là. Mais les morts, on les gardait. On disait qu’ainsi sédimentaire la ville. Les façades comptaient tellement d’écrans, de lampes. Quelqu’un avait fini là, on installait sur sa fenêtre l’icône anthropomorphe. Comme un grand jeu de taquin, en fait : si la façade était recouverte, on fermait la tour. Dans les tours nouvelles, on évitait les marquages aussi extérieurs. Les signalétiques n’étaient pas toutes faciles à interpréter comme celle-ci.


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1ère mise en ligne et dernière modification le 3 mai 2011
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