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page ouverte : la Défense vue par Christine Jeanney


Si la Défense nous appartient à tous, écrivons-la ensemble... Certes, et cette page grandit tous les jours.

Alors, de Lure où elle habite, Christine Jeanney (site Pages à Pages, ou sur publie.net), lance simplement sur Google une recherche image, voilà ce que ça donne. Pas du tout les mêmes couleurs, prégnance des stéréotypes, gloire à l’axe Grande Arche - Étoile... Justement tout ce que la semaine d’immersion me permet de remettre en cause, déplacer, complexifier.

Voici donc la Défense vue de Lure... (et merci à l’auteure !)

FB

 

Christine Jeanney | recherche image Défense


Ce serait un animal mort au squelette accidenté, le U géant d’une cervicale en reste et ses pattes accrochées à la terre et durcies, de longs bras à moitié enfoncés qui s’en iraient mourir sous la surface du sol dans certaines directions qu’on ne comprendrait plus. Les hommes autour, arrivés de partout tous identiques, se seraient installés, auraient monté échafaudages, bâtiments temporaires pour établir des plans et étudier les composants, os et béton fossiles. De loin, on ne saurait plus ce qui était la bête et ce qui était l’homme – les choses s’agglomèrent, ce qui reste vestige, ce qui plante un abri pour le voir en spectacle.

Ils auraient oublié pourquoi ils étaient là, et finalement allumés des pans entiers de ruines droites, installé des vitrines, des couloirs, se seraient extasiés sur un coin d’herbe. D’autres seraient venus avec des formes fabriquées et pensées pour redonner l’écho. Ça brillerait de dalles, d’arceaux et de jets immobiles, de lancés, de formations en tubes, plates et hautes, fusées lourdes qu’on garderait intactes sans s’en servir.

L’eau serait difficile à trouver puis jaillirait, canalisée, enfermée dans les murs en piscines, ou simplement copiée, des reflets et des bulles par moment.

Les couleurs seraient surprenantes. Le rouge d’une fleur d’une médaille d’un fauteuil prendrait soudain beaucoup de place.

Et à la toute fin on verrait les visages, furtivement, comme s’excusant d’y être ou déjà en partance, comme courant sous la terre dans des directions incertaines, cherchant ce que cherchaient les bras de la bête inconnue, abandonnant l’idée et acceptant de se coucher le dos contre le sol, surpris à fusionner en silence, feignant l’indifférence alors, se contraignant à marcher impavides sur l’échine de cette bête réellement morte mais difficile, qu’on ne pouvait escalader sans un peu tomber à l’intérieur. Et on ne pourrait en faire le tour.


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1ère mise en ligne et dernière modification le 6 mai 2011
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