publie.net de a à z : 4 ans ce matin...

je n’avais pas vraiment mesuré où ça m’embarquerait


a


Au départ, il y a exactement 4 ans, le 5 décembre 2007, je mettais en ligne, via un site spip, une quinzaine de titres qui rompaient avec Tiers Livre ou remue.net parce qu’il s’agissait de textes complets, dont le téléchargement se faisait moyennant contribution marchande.

 

b


Au départ avant le départ, commencé le web sous forme d’une url perso dès 1997, puis l’achat du nom de domaine remue.net en 2001 – c’est en 2004 que j’avais réservé le nom de domaine publie.net, sans destination précise, plutôt comme un 2ème étage de remue.net pour les ressources plus lourdes (audio notamment), ce qui m’a permis d’ailleurs de bénéficier dès lancement d’une ancienneté précieuse pour le référencement Google. D’ailleurs on me déconseillait de partout d’appeler la nouvelle plateforme publie.net, mais c’est cette simplicité même qui me plaît, à distance. L’hésitation c’était d’appeler la maison d’édition numérique du nom de mon site personnel, Tiers Livre, ou de les garder séparés : pas d’hésitation rétrospective (malgré pas mal d’achats de noms de domaine réalisés entretemps, c’est un vice).

 

c


Au départ, il n’était pas même pas question de lecture sur liseuse ou tablette. Même si – dès décembre 2007 – nous faisons des tests sur CyBook avec Stéphane Michalon, futur fondateur d’ePagine. Dès janvier aussi premier contact avec la BPI et des tests d’accessibilité depuis leur bibliothèque via reconnaissance d’IP, tout ça très élémentaire et balbutiant. Pour certains titres, je mets directement à disposition le format texte. Et lorsqu’une commande est effectuée, moi-même ou un bénévole compatissant transmettons manuellement le lien de téléchargement. Souvenir précis, chez Borders à Manhattan South, en juillet 2008, de l’achat de ma première Sony PRS-505 (je l’ai toujours, mais l’écran est flingué) – le changement d’ère s’annonçait, et j’étais déjà en piste avec une centaine de titres pour m’y inclure.

 

d


Au départ, dans une instance des blogs nettement plus affirmée qu’aujourd’hui, reconnaissance envers les premiers soutiens et relais – c’est d’ailleurs pour un échange twitter à ce propos, hier soir tard, que j’écris ce matin ce billet : relire ce texte étonnant et encore très actuel de Virginie Clayssen, les relais de Marc Pautrel, Christine Genin, Hervé Bienvault, Hubert Guillaud...

 

e


La volonté dès le départ, au contraire des pratiques d’un petit monde croupissant dans ses habitudes du secret, de naviguer à vue, le projet étant explicitement développé en permanence sur Tiers Livre, quelques billets supprimés par la suite, mais voir par exemple cette lettre aux auteurs du 5 janvier 2008.

 

f


Au départ, je fais toutes les pérégrinations pour fonder publie.net eurl, c’est effectif en janvier 2008, donc la structure de gestion qui autorise cette diffusion. J’aurais eu l’idée de la moitié du quart du travail et des heures engouffrées à quoi cela m’amènerait, et du changement de vie que cela induirait, y compris par rapport à mon travail de création, je crois que je ne l’aurais pas fait. Je mesure tous les jours l’idiote et encombrante bureaucratie qui en France est le lot de tous ceux dans mon cas, c’est bien lourd et tracassier. En même temps, aucun doute désormais sur la démarche : techniquement (et politiquement) je n’aurais – nous n’aurions – rien compris au film si nous n’en étions pas des acteurs agissants, de l’élaboration des epubs aux stats de vente le matin et comment cela se répartit entre les différents vecteurs de distribution. Mais bizarre de se dire chaque matin, en même temps, qu’on aurait pu rester tranquille sur les chemins habituels, jamais tranché l’hésitation intérieure – même si je la surmonte aussitôt que de retour au clavier.

 

g


Au départ, ce 5 décembre 2007, je ne débarquais pas de la lune. Dès ma 1ère accession web, en 1996, j’avais participé au mouvement collaboratif de mise en ligne de textes classiques – on n’avait même pas de scanners, et les institutions comme la BNF n’avaient pas encore de site. J’ai toujours été attentif depuis lors à la constitution d’une bibliothèque numérique personnelle, base aujourd’hui de notre noyau de classiques, même si désormais bien équipés en scanner et reconnaissance de texte. De 2000 à 2008, constantes discussions aussi, et parfois des projets conséquents, avec mes éditeurs successifs, puis une expérience directe d’édition de textes contemporains au Seuil, qui me mettrait en contact avec un bassin neuf d’écritures, d’auteurs et de démarches. Mais un système globalement sourd, incompétent. De l’autre côté, la création web. Il manquait un rouage, la seule transgression c’était de décider : à nous auteurs de l’installer.

 

h


Au départ, une lettre envoyée à quelques dizaines d’amis du monde de l’imprimé, les invitant à me confier des textes endormis dans leurs disques durs, et susceptibles d’aider à la compréhension ou à la diffusion de leurs livres. Plutôt en appui à nos démarches traditionnelles d’auteurs. C’est ce centre de gravité qui s’est très vite déplacé sur la création contemporaine elle-même, et l’équilibre actuel de collections.

 

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Dès le départ, mes propres textes deviennent une sorte de labo dans le labo, ainsi ces articles et études sur les ateliers d’écriture, Apprendre l’invention, et ma pièce de théâtre Au buffet de la gare d’Angoulême qui résistent toujours dans le catalogue. Mais un équilibre jamais complètement institué entre le site, qui devient mon atelier principal, et la partie livre numérique – du coup la prise de conscience progressive que cette frontière est bien l’enjeu en elle-même. Nous avons à professionnaliser nos sites – disposer de moyens pour notre création web et ses outils, et instituer progressivement une validation symbolique de nos démarches –, et en même temps les garder en accès libre et gratuit : ce niveau de ressources intermédiaires qu’est publie.net peut en devenir le rouage.

 

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Au départ, une sorte de dichotomie relativement stable avec l’univers du livre imprimé. C’est que le livre imprimé lui-même ne s’assumait pas comme fraction de site web (fichiers xml + masque css + métadonnées) y compris lorsqu’on transmet ces fichiers à l’imprimeur. La révolution numérique, on ne le mesure pas encore assez, c’est le chemin symétrique du monde imprimé vers une structuration numérique, qui continue d’ailleurs de se prolonger à l’horizon proche du PrintOnDemand. Mais dès le départ le côté grisant, qui n’a jamais cessé depuis lors : qu’est-ce qu’une page, comment garantir une ergonomie typographique en même temps qu’on la remet au lecteur, comment naviguer dans une forme complexe hors de l’épaisseur du livre ? Ce qui m’enracine dans l’aventure publie.net, c’est qu’il n’est pas possible de réfléchir à ceci sans l’expérimenter en même temps – message d’ailleurs qui n’a jamais rejoint le monde de l’édition traditionnelle, et fait que la grande fragilité dans la mutation numérique ce n’est pas même pas forcément d’abord la librairie traditionnelle, mais bien l’incapacité à évoluer de l’édition qui leur fournit ce qu’ils ont à vendre.

 

k


Au départ, le petit monde du web est paradoxalement stable : dans ce premier semestre 2008, je rencontrerai la totalité – je crois – des acteurs de cet interstice entre web et édition. La plupart sont toujours dans le paysage, même si chacun a progressivement trouvé une place non initialement prévue. Remerciement à des gens comme Alain Pierrot, sa disponibilité et sa réflexion, à Olivier Cazeneuve pour toute la partie juridique, à l’équipe de la BU d’Angers très vite devenue une sorte de labo d’orientation, et à tous ces premiers visiteurs téléchargeurs. C’est d’eux que j’apprends qu’il n’y a pas à transposer les modèles de distribution marchande du livre (DRM, vente à l’unité etc, la maladie continue de faire des ravages) mais que tout tient à un changement d’équilibre de l’ensemble des curseurs : nous venons de passer la barre des 500 titres, mais la stabilité de publie.net, on la gagnera probablement lorsqu’on atteindra les 800 (807, d’accord !). De même, refus de tout modèle économique (ceux qui en parlent sont plus des spécialiste de la tchatche que du terrain), gardons l’idée de titres vendus entre 2 et 4 euros, privilégions l’accès par abonnement, et plus tard on verra où ça nous aura emmenés.

 

l


Au départ, l’immateriel-fr : les commentaires sur quelques blogs essentiels concernant lecture et édition sont un creuset qu’on peine à imaginer, depuis l’arrivée des réseaux sociaux. C’est ainsi que j’entre en relation, en mai 2008, avec Xavier Cazin, à l’époque directeur éditorial de O’Reilly France. On solidifiera en juillet, et la vraie histoire de publie.net commence le 1er octobre 2008 quand la société fondée par Xavier Cazin et Julien Boulnois, l’Immatériel-fr, devient le distributeur de publie.net. Nous nous sommes topé la main à la paysanne, à ce jour nous n’avons toujours pas signé le contrat pourtant finalisé, principe intangible d’exclusivité pour moi, et le bénéfice du fabuleux outil, en puissance et invention constante, créé par Julien Boulnois, la pertinence des intuitions de Xavier concernant la multiplicité des points d’accès depuis les modes spécifiques à chaque usager. Symbole, en juillet 2008, Julien me fait faire ma demande d’immatriculation pour les ISBN (à l’époque encore théoriquement réservés à l’imprimé), et la nuit blanche qu’on passe pour en équiper l’ensemble des titres déjà présents. Julien est une des rares personnes au monde à qui j’obéis.

 

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Au départ, la constitution progressive d’une équipe éditoriale elle aussi relativement stable, le binôme au départ avec Fred Griot, dont l’expérience de fondateur d’une coopérative de guides de haute montagne sera précieuse, puis la nouvelle orientation de Fred vers la scène et la poésie orale. La permanence du regard de quelques proches, dont Arnaud Maïsetti et Philippe Diaz (Pierre Ménard), le dialogue avec l’équipe de remue.net même si probablement la création de publie.net contribuera à les ancrer en retour dans leur identité propre. Et l’arrivée constante, même si là aussi parfois provisoire, chacun trouvant son propre chemin web, de nouvelles voix, nouveaux visages, au gré de nos rencontres blog. Des fois, je suis pas tendre avec eux, parce que je ne veux pas faire à leur place et je suis pas vraiment pédagogue – l’édition numérique c’est un truc bâtard fait de plein de détails et d’astuces (pour ça aussi que je n’ai pas trop envie de faire de la formation), à chacun de faire les étapes, parce que si on fait les étapes en aval on commence à penser l’écriture numériquement en amont.

 

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Au départ aussi, une volonté extrêmement ancrée de garder cette démarche dans l’écosystème de la distribution du livre, notamment via partenariat serré avec ePagine. Vrai que l’immobilisme, l’hostilité latente ont usé quelque peu cette volonté. Comme si, à chaque nouvelle étape que nous franchissions, il fallait prendre acte de la non-volonté de l’écosystème livre de s’y risquer. Effet paradoxal d’avoir du coup à nous organiser depuis nos ressources propres, et d’assumer des décisions à contre opinion. Quand nous rejoignons iTunes, nous sommes les premiers, mais 6 mois plus tard ils y sont tous, etc. Ce contexte permanent de friction est particulièrement usant. Souvent je me suis énervé beaucoup trop, maintenant j’ai plus d’indifférence. Particulièrement évident dans cette sorte de paralysie qui frappe la plupart des Centres régionaux du livre, même si au contraire avec Livre au Centre un partenariat et un souffle qui récompensent.

 

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Non pas dès le départ, mais eu bien souvent la tentation de renoncer. Ça n’allait pas assez vite, pas de décollage, la méfiance ou l’indifférence des auteurs – même les plus proches des proches – à nous confier des textes, ne serait-ce que pour observer ce qu’il en était de ce nouveau vecteur de diffusion. Les nuits engouffrées dans les mises en page, les reprises, les mises à jour, ou chaque matin quand on ouvre son ordi, au lieu de se mettre à son propre boulot, de trouver la liste des choses en retard, ou le paquet des choses administratives et comptables avec quoi il ne faut pas tricher. Se dire qu’on laisse le machin aux copains et qu’on revient à son blog, ses bidouilles audio et photo – en plus, on les voit faire, eux...

 

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L’équilibre à trouver entre ce qu’on se réserve de façon centralisée, ne serait-ce que les ISBN, et l’orientation, et ce qu’on laisse se faire par des équipes autonomes – l’exemplarité de D’Ici Là, un peu le vaisseau amiral de l’expérimentation numérique – et il faudrait quand même un jour que ça se sache : ce que représentaient dans les années 70 les revues Tel Quel, Change, Digraphe etc., ça s’appelle aujourd’hui D’Ici Là. Et la fresque d’écriture que constituent progressivement les collections lancées par Arnaud Maïsetti et Jérémy Liron (Port-Folios), Sébastien Rongier (Art, pensée & Cie), Michel Volkovitch (Grèce), François Rannou (poésie)... Le lien évidemment très fort au Québec qui se perpétue par la collection proposée par Mahigan Lepage (Décentrements). Et l’irruption imprévue, en novembre dernier, des polars de Bernard Strainchamps avec la collection Mauvais Genres, 15 titres depuis, et on va continuer – à preuve l’arrivée d’Hubert Guillaud avec Washing Machine. Les inciter à cette autonomie, alors que paradoxalement on voit tout cela devenir de plus en plus technique, pas encore trouvé de recette miracle.

 

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Personne n’a jamais remarqué que lorsque j’ai fondé parallèlement e-styx.net c’était avec l’idée de disposer d’un vrai joujou personnel de folie entre web et textes. Vieille lubie concernant le fantastique. Et que si je revendais ou donnais publie.net, je pourrais continuer avec e-styx.net sans rien demander à personne. Mais e-styx prend finalement le même chemin, avec aussi ses collections (ArcheoSF, vraie fierté, et on n’a pas tout vu...), ou bien ouvrir tout simplement publie.net à une veine plus narrative, plus populaire...

 

r


Au départ l’idée d’une coopérative, sur laquelle j’ai beaucoup réfléchi ensuite dans l’année Québec, puisque là-bas c’est beaucoup plus structurant que chez nous. L’idée qu’on ne s’embarque pas dans la médiation ou la communication (à preuve ce billet), que ce qu’on rassemble c’est beaucoup plus la somme de nos défauts, plutôt que le sourire consensuel de ceux qui doivent (se) vendre. Labo mis à disposition de chaque auteur, mais à lui de mouliner s’il veut que ça marche, tout se fait ensemble et surtout ça. Pas de relation verticale, de la façon bien trop maternante de l’édition traditionnelle, pas de transposition. L’équilibre s’installe peu à peu sur cette base. J’en apprends douloureusement les conséquences pour quelques crises individuelles que je n’ai pas su gérer ou anticiper, mais enracinement aussi dans l’idée que publie.net c’est un accord amiable, si envie de bosser ensemble on le fait, sinon on retire chacun ses billes, libre à chaque auteur d’ailleurs de les proposer lui-même sur iTunes et autres Kindleries. Ou ceux qui retirent leur texte sans un merci dès qu’ils ont trouvé solution papier. Heureusement assez rares, les ratés, pour n’avoir parfois pas osé donner aux auteurs les chiffres misérables de téléchargements individuels ces trois premières années, comme si c’était de notre faute. D’un autre côté, les chiffres de l’édition papier, pour le contemporain, s’effondrent au même niveau, on commence à se croiser... Mais ça m’a permis d’apprendre à mon tour, on joue franc jeu, les comptes sont tenus et les droits d’auteurs versés – reste qu’il faut aux auteurs comprendre que, si ça leur appartient, leur appartient aussi de propulser. On s’endurcit : même un tout petit machin comme publie.net, diriger ça ne s’improvise pas, ça s’apprend, on paye. A l’inverse, c’est ce que je retire de meilleur : constater à distance ce qui naît d’amitiés, de solidarités, d’échos de blog à blog...

 

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Afficher clairement sur le site qu’on va chercher nos textes. Laisser résolument de côté les envois uniquement centrés sur leur propre production, méfiance envers qui nous sollicite sans citer ou avoir lu nos autres auteurs. Pas perdre de temps à mimer les maisons d’édition avec piles de manuscrits jusqu’au plafond : c’est par les blogs que tout passe.

 

t


Dans les choses un peu douloureuses, alors que le numérique remplit à longueur de temps le moindre supplément littéraire, la résistance très française, mais qui témoigne bien de la symbolique du livre, à prendre au sérieux nos productions, voire même à nous considérer comme acteur au même titre que les tentatives numériques assez bancales des acteurs traditionnels. On s’y est fait. J’ai tenté des listes de service de presse, j’ai toujours répondu poliment aux sollicitations pour entretiens, etc. – mais on doit bien assumer que cette résistance est structurante : je crois qu’à l’inverse ça a contribué à nous renforcer, se dire que le seul langage viable dans ces conditions c’est les chiffres de vente. Ça me donne paradoxalement aujourd’hui une certaine décontraction. Dans ces milieux journalistiques, il est encore très fréquent qu’on confonde remue.net et publie.net, ça me donne en général immédiatement l’échelle de l’intérêt. Idem ceux qui disent : — Ah mais vous, vous êtes une exception. Feraient mieux d’aller le respirer de plus près, le web. Apprendre à tenir le rythme marathon, pas d’accélération trop brusque. Apprendre à laisser leur rythme aux autres : pas grave si telle bibliothèque ne s’est pas encore abonnée, y a juste à la faire un peu plus saliver.

 

u


Corollaire : au bout de 4 ans donc, l’étonnement que reste quand même, non pas la désimplication (ils sont perpétuellement impliqués, mais du mauvais côté), mais l’arrogance du non dialogue avec le ministère de la Culture – simplement, nous n’existons pas. Y compris administrativement : à moins de 100 K euros de CA/an, on n’est pas considéré comme éditeur. Ce n’est pas que ça manque, et d’ailleurs échanges parfois passionnants avec plus haut qu’eux. Mais étrangeté que sur des questions aussi décisives que les contrats avec Amazon ou autres, ou bien les échelles de prix de vente que nous pratiquons, ou bien le contrat auteur et les nécessaires révisions au droit d’auteur français qui s’imposent à court terme (jusqu’à quand on tiendra sans faire comme les autres boîtes web, se baser à Bruxelles ?), ou bien les formes de diffusion en bibliothèque, l’État est absent. Ce qui explique les gâchis et gros pains (à coup de centaines de milliers d’euros qui s’évanouissent en pure perte, souvent), mais qu’on peut considérer nous comme une passivité ou incompétence dommageable à terme. Mais pas si grave, puisque cette incompétence passe à son tour dans les données de base : on a appris à faire sans eux. Et pas la peine après ça qu’ils viennent nous demander nos chiffres ou comment on s’y prend, ou répondre 2 fois par semaine aux étudiants en master que nous envoient toutes les facs : on joue solo. On fait comme Amazon et les Rolling Stones : béton.

 

v


Au départ, vraiment l’idée d’une structure très légère, basée sur bénévolat, et tant mieux si ça aidait à payer nos ordis, serveurs et logiciels (ah, la première fois, dès décembre 2007, où j’ai dû claquer 700 euros pour Acrobat Pro). Et toucher progressivement mes limites de compétence : apprendre l’epub d’accord, mais jouer des sous-couches de iBooks pour une navigation graphique, ben non..., ou bien mes limites de temps : une mise en ligne, il y a 3 ans, c’était 3 à 4 heures de boulot, aujourd’hui c’est 10 ou 15. Au départ, on se préoccupait peu des coquilles, tout le monde considérait ça comme un chantier expérimental. Si on vend un fichier via Virgin ou Fnac, pas le droit à l’amateurisme, et on ne connaît pas le client. Donc l’entrée dans un nouveau cycle : savoir que la mise en place d’un titre m’oblige à rémunérer sa correction et préparation, ainsi que le codage epub. Pas facile, quand un texte contemporain va générer 10 téléchargements à 3 euros net, d’en débourser chaque fois 300 préalablement. La cagnotte des classiques largement diffusés sur iTunes et maintenant Kindle, la part publie.net des recettes abonnement, je la réinvestis intégralement dans ces rémunérations. Pas question de salariat ni de modèle entrepreneurial, chacun a son SIRET free-lance, depuis un an Gwen Català a pris en charge la ligne graphique et les templates, la part invention des formats, et quelle respiration (merci Gwen le nomade aux insomnies généreuses), et depuis quelques semaines Roxane et son chapal – nouvelle phase pour moi qui passe parfois des heures en planning, organisation, mises en ligne au finish, sans avoir touché l’intérieur du texte, et évidemment l’apprentissage symétrique de la tire-lire, plus facile à vider qu’à remplir. Assumer cette étape, nécessaire condition du développement, et pas facile de trouver les oiseaux rares qui sont dans la bonne intersection.

 

w


La lettre W est réservée à Georges Perec, d’ailleurs je dois à l’aventure publie.net que Fred Griot m’en ait une fois offert un exemplaire de l’édition originale.

 

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Nouveaux chantiers : parfois latents, parfois prêts à s’embraser. Depuis juin dernier, approche du PrintOnDemand, je croyais que ce serait en place pour ce mois de décembre, eh bien non. Nous sommes prêts au départ, textes, templates, cagnotte. Notre partenaire lambine, mais c’est qu’on joue gros (et pas trouvé mieux). A l’inverse, en attendant, montée en pression de la lecture liseuse et tablette, et de plus en plus de textes dans notre catalogue pour lesquels le papier serait vraiment un appauvrissement – d’ailleurs les auteurs commencent à le comprendre. Pour moi, le besoin aussi d’immersion loin de publie.net (il suffit d’une page à traduire), et pas facile d’organiser temps et énergie pour maintenir la ligne frontière, même si mes petites folies web m’aident à la maintenir. Chantier discrètement ouvert hier sur le site via mention REPRINT : proposer aux auteurs qui le souhaitent une nouvelle vie numérique de leurs ouvrages en déshérence, porte largement ouverte par ce moyen aux auteurs de l’imprimé, pour venir voir ce qui se passe côté numérique même sans se mouiller côté sites et écriture web. Et de tels trésors en vue, quand une éditrice comme Laurence Teper dépose son bilan, ou dans l’ancienne collection Digraphe des années 80, bien sûr chaque auteur étant parfaitement propriétaire des droits numériques...

 

y


L’envie de mettre juste une liste de noms. Mais ils figurent pour l’essentiel en fin d’Après le livre, sous l’intitulé remerciements.

 

z


Photo ci-dessus, et ci-dessous : la plage où, le 16 novembre 2007, au crépuscule, j’ai eu l’idée à peu près globale de publie.net – et le soir même vers minuit envoyais une lettre à 70 auteurs de mon carnet d’adresse. Depuis, nous y retournons tous les ans, d’ailleurs bientôt, pour moi histoire de faire le point et réfléchir à ce moment précis du surgissement.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 5 décembre 2011
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