comment la ville rampe

appropriation et recouvrement d’une poche rurale de l’hyperville


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C’est un chantier gigantesque. Qui avance en continu. En rampant. En gris.

La ville vient par le ciment. Pose ses grues et des camions. Et puis d’une boîte accroche une autre boîte. Une par dessus, une sur le côté, et on recommence.

On ne monte pas haut. Les maisons rampent depuis le bord du plateau. Elles surgissent du rebord, grimpent depuis là où s’entassent les hommes, dans leurs immeubles dont le toit frôle déjà ici la surface.

Quand on aura tout recouvert, on mettra les tours, on mettra les centres commerciaux, les zones et entrepôts. Pour l’instant les Ulis fournissent, ce n’est pas si loin – on améliorera les routes qui montent sur la poche.

D’abord c’est gris avec des trous, puis on mettra des vitres sur les trous, puis du bitume autour pour les parkings, puis des fleurs sur les bords des parkings pour montrer que c’est la ville à la campagne.

Il y a juste une consigne : pas d’interstice. Recouvrir. Reprendre. Combler. Niveler. On respecte les autres consignes : tant de logements sociaux, le minima, et le reste à vendre. Le cabinet immobilier indique son adresse et son numéro de téléphone : à Neuilly-sur-Seine, voyez-vous ça.

Qui prend possession ici de la poche vide ? C’est la ville. La ville loin, la ville autour, la ville avec ses lois. La ville de la proximité et de l’entassement.

On avait juste une consigne : couche continue, trois étages, partout.

Venez vivre à la campagne, venez vivre sur le nouveau plateau de Saclay. De toute façons, ce ne sont pas ceux qui construisent qui vivront ici. Paix et tranquillité, vous verrez comme ce sera gai.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 14 avril 2012
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