Bozier, Austen, Villard, KMS, Damestoy

... et même Jane Austen est du voyage !


Depuis vendredi, donc, 3 titres à 0,99, dont 2 nouveautés : Bozier, Austen, Villard.

Et rattrapage ce dimanche et lundi, focus à 0,99 idem pour Marina Damestoy et KMS, deux textes contemporains très forts...

FB

 

 Raymond Bozier, Murs : un texte très fort, 70 pages d’un seul éclatement prose narrative, prose poétique, photographies... Et dans combien de livres et récits, de Wells à Beckett ou Gorki et Andreiev, le rôle essentiel d’un mur dans le récit ? De la trace du mur de Berlin à la construction de celui de l’Atlantique, via la Défense ou les tags des villes. Ne pas manquer ce texte écrit au jour le jour tout au long de la campagne électorale (mais sans jamais l’évoquer), ci-dessous ma notice. Plus une autre performance, plus discrète : magnifique et complexe epub par Roxane Lecomte, pour Digital Hat & Co.

 Jane Austen : Evelyn... j’avais été stupéfait, il y a quelques semaines, par la verdeur et la rigueur de la nouvelle traduction du Portrait d’un artiste en jeune homme, de Joyce, chez NumerikLivres, par Jean-Yves Cotté, et je l’avais dit sur ce site. Jean-Yves Cotté nous propose 2 textes complètement méconnus de Jane Austen, déjà complètement elle-même, un régal d’ironie et de maîtrise, injustement classés dans ses Juvenilia – nouvelle traduction, annotée et commentée bien sûr...

 Marc Villard, Petite mort rue Rambuteau, parce que ce texte fut le premier de notre collection Mauvais genres, avant qu’elle devienne publie.noir, nouvelle couv et révision, mais aussi parce qu’arrive d’ici quelques semaines un troisième opus de Marc sur publie.net (on annonce tout bientôt, surprise). Marc n’est pas seulement un grand du polar en France, c’est un regard précis et rebelle sur le présent, et la langue qui nous embarque jusqu’à le frôler.

 Marina Damestoy, Mangez-moi. Impliquée de longue date sur la scène théâtrale et performative, Marina Damestoy reprend ces temps-ci ce texte à la fois dur et parfaitement actuel, mêlant rencontre d’une sans-abri à une réflexion sur son propre chemin artistique. Texte important, il sera bien sûr dans notre catalogue papier qui arrive...

 KMS, Chronique des temps perdus et bande-son pour un orgasme, juste par décret personnel, pour l’importance qu’a pour moi ce compagnonnage web dans mes écoutes et mes découverts, via son blog ou via twitter. Mis en ligne récemment, je reviens à la charge parce que c’est un grand texte et voilà. C’est le sang de notre époque. Et lui aussi en préparation pour publie.papier...

Jusqu’à mardi matin 1ère heure, ces 5 titres s’afficheront avec leur prix promo en Une de publie.net... et nous remercions les dizaines et dizaines de lecteurs qui, depuis 4 week-ends successifs, soutiennent ce geste de partage et découverte.

 

Raymond Bozier, Murs | présentation par FB


A nouveau la voix rauque et âpre de Raymond Bozier. A nouveau une entreprise de langue au plus haut degré politique : la prose narrative (ce voyageur égaré), la prose poétique (ces colères sur le registre des vieilles prophéties de Jérémie prisonnier dans le fond de sa citerne), le décryptage de la langue prise en elle-même (les différentes acceptions, citées, du mot mur dans le Dictionnaire de la langue française), se conjuguent pour griffer presque de ses propres mains toutes les figures concrètes des murs que chacun de nous a trouvés sur sa route.

Parce qu’il nous faut, chacun, en faire l’inventaire : rues de l’enfance, murs sautés dans la littérature, et les murs de l’enfermement (Berlin ou Palestine, ou le mur de l’Atlantique), les murs où on s’écorche, et bien sûr les murs à l’intérieur.

Bozier procède par images, un parpaing décoré, la trace au sol du mur de Berlin soufflé, les toiles ou vidéos d’Hubert de Saint-Ève rendent le voyage fascinant parce que nous-mêmes savons répondre, à l’intérieur, par notre mémoire et par nos routes, avec un mur similaire.

Si ce n’était qu’une performance (écrire au jour le jour, directement via le web, pendant la durée de la dernière campagne électorale), elle s’effacerait vite. Il se trouve qu’on touche aussi un symbole central de l’imaginaire. Qu’on rejoint les fondations de la ville, leurs contreforts, leurs ghettos et leurs frontières. Qu’on est ainsi de plain pied dans l’espace de la fable.

Alors surgissent d’autres murailles de dimensions fantastiques, et qui sont pourtant les plus décisives : celles que l’homme dresse entre lui et lui, ou entre lui et ses semblables. Et pas seulement les murs du pouvoir et de l’argent, mais ceux qu’explose la révolte sont aussi présents ici.

Alors, dans la bétonnière et les gravats que brasse devant nous (et nous avec) la phrase et le récit de Bozier, l’idée qu’on pourrait bien arriver à s’en saisir, quitte à le renifler, le mordre, ce vieux rapport de l’homme et du monde, si on se rend capable d’inventer des formes inédites de récit. Celui-ci poursuit loin, poursuit profond.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 23 mai 2012
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