oui, il faut taxer les écrans

suite chronologique, chant twitté après annonce d’une éventuelle taxe sur les écrans d’ordinateur – et taxer le cul de Balzac c’est quand ?


 je redevance mon écrance c’est de l’or qui danse on les emmerdance

 et moi je dis : redevance sur leurs tanks redevance sur la députance redevance sur la bêtisance mes écrans s’en balancent

 redevance sur écrans noirs levée des drapeaux assortis les bêtisards ont succédé aux communards

 mon écrit d’ordi c’est ma vie on les leur cassera sur la tête leur redevie salissance de nos pixels

 je crie le blues de l’écran impôt petit ils approchent je le glisse sous leur arrogandevance ils disparancent

 si mon écran est plat comme leur cervelance mes impôts seront pointus comme mon pied à leur...

 redevance sur mes quinze écrances : qu’ils viennent chercher leur impôt dans mon disque durance

 si les écrans sont taxés, je demande à ce qu’on taxe aussi les stylo-plumes

 si on taxe ceux qui vivent dans leur écran, je demande qu’on taxe aussi les jardins potagers

 je suis enfant à l’écran : si on les taxe, qu’on taxe les enfants

 l’écran c’est mon cirque : si on les taxe, qu’on taxe les cirques

 si on taxe les écrans, j’achèterai un écran grand comme une petite lettre toute simple, je serai exempté mais j’écrirai encore plus

 pourquoi les écrivainces et pas les peintres : demandons la taxation des toiles et châssis (3% de la population peinturance)

 pourquoi les écrivainces et pas les musiciances : demandons la taxation des feuilles de partition vierge (et la suppression des tablatures sur Internet)

 l’écran est ma fenêtre : si on les taxe, qu’on taxe les fenêtres

 sous l’écran chaque matin je dors mes rêves : s’ils taxent mes rêves c’est eux qui s’empoisonnent

 taxer mes 3 écrans : taxer la peau tatouée, au kilomètre carré s’il faut

 taxer mes 3 écrans : taxer les regards vides, qui voient le monde au lointain et s’en font une télévisionce

 redevance pour la télévision d’hygiène publique : obligation morale de regarder la télé une fois le matin, une fois le midi une fois le soir et merde aux livres

 licence globale d’invention d’écriture : écrans immatériels et liquides à chiffonner dans ton sac pour échapper à la gabelle des gabelous de la gabelance

 taxe sur la photographie numérique : chaque fois qu’on déclenche, code transmis à l’inspection des impôts, tu payes au poids selon le nombre et les pixels

 redevance sur l’armée : c’est quoi ces types qui s’amusent à la guerre quand nous on la fait pas

 redevance sur la politique : c’est quoi ces types qui font que poser sur les affiches et à la télé quand nous on le fait pas

 taxe sur les inspecteurs de la redevance : parce que merde, ils ont le boulot trop facile, à venir chez toi inspecter que tous les écrans achetés et taxés sont utilisés (sinon, redistribution)

 taxer mes écrans : t’écris sur trois écrans, tu te crois malin alors paye trois fois

 taxer les écrans : on aura des vidéo-proj mobiles, pour écrire sur les murs et sur leur ...

 taxe sur les casquettes : 25cm2 sous le ciel, ça vaut bien un écran

 taxe sur les semelles : 25 cm2 2 fois pour ton trajet de vent, c’est même punition que tes écrans

 un homme qui dort, c’est un écran qui s’ignore : qu’on le raxe taxe

 l’écran d’un mort, il vibre encore : qu’on le raxe taxe

 

Ça peut sembler ridicule et puéril, une bonne salve twittée alors qu’on réentend parler d’une taxte sur les écrans d’ordinateur ?

Non, justement, c’est grave. C’est prendre à nouveau et encore le numérique pour une espère de poire avariée. Ils auront beau jeu, les fonctionnaires du fisc, d’aller dans chaque bureau du CNRS et secouer le veston ou la blouse de chaque chercheur pour leur faire raquer à proportion des écrans sous leurs yeux.

Bien pour la littérature, c’est pareil. Mon petit 11" de l’écriture perso, le 13" des tâches administratives et comptables, mail etc, lui-même relié à un 25" pour les mises en page InDesign et le codage... c’est mon outil de création, mais c’est aussi mon outil de vie, labeur fin de mois compris.

Plus profondément, à nouveau ce réflexe français de bureaucratie comme solution à tout. Avec notre EURL microscopique d’édition numérique on croule sous leurs taxes, impôts, tracasseries, machins de greffe du tribunal de commerce et ainsi de suite. Au Québec c’est le contraire (pas seulement qu’au Québec, mais là-bas j’ai vue de près) : tu entreprends, on te laisse faire, on regarde aux résultats, au lieu de se dire qu’on te laissera peut-être survivre si tu te sors de la course d’obstacle.

Alors rien que le fait qu’on vienne me dire ça : que j’aurai à payer pour mon outil d’écriture, parce que l’État ou je ne sais quel fonctionnaire ou politique a eu cette idée lumineuse, non. Juste non.

On les leur cassera en petits morceaux juste devant les pneus de leurs voitures de fonction, plutôt.

Photo ci-dessus : cul de Balzac, plâtre par Rodin, je propose qu’en plus de nos écrans on aille taxer le cul de Balzac.

À lire en complément :
 Isabelle Pariente-Butterlin, fluidité d’Internet (et contre sa taxation) (@IsabelleP_B)
 Lionel Maurel, la TAX ou la PAX (@calimaq)
 reprise commentée de mes tweets dans le dernier des blogs (@jean—no)


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1ère mise en ligne et dernière modification le 1er juillet 2012
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