H.P. Lovecraft | L’ombre qui prit Innsmouth, §202

un récit essentiel de H.P. Lovecraft, en présentation bilingue


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I had not quite crossed the street when I heard a muttering band advancing along Washington from the north. As they reached the broad open space where I had had my first disquieting glimpse of the moonlit water I could see them plainly only a block away — and was horrified by the bestial abnormality of their faces and the dog-like sub-humanness of their crouching gait. One man moved in a positively simian way, with long arms frequently touching the ground ; while another figure — robed and tiaraed — seemed to progress in an almost hopping fashion. I judged this party to be the one I had seen in the Gilman’s courtyard — the one, therefore, most closely on my trail. As some of the figures turned to look in my direction I was transfixed with fright, yet managed to preserve the casual, shambling gait I had assumed. To this day I do not know whether they saw me or not. If they did, my stratagem must have deceived them, for they passed on across the moonlit space without varying their course — meanwhile croaking and jabbering in some hateful guttural patois I could not identify.


Je n’avais pas fini de traverser la rue quand j’entendis une troupe muette se déplacer vers le nord sur Washington Street. Quand ils émergèrent sur le vaste espace vide où j’avais eu mon premier aperçu inquiétant de l’eau au clair de lune, et que je pouvais voir parfaitement à quelques maisons de distance – je fus absourdi par l’anormalité bestiale de leurs visages et de l’apparence sub-humaine, on aurait presque dit des chiens, de cette démarche accroupie. Un homme se déplaçait littéralement comme un singe, ses longs bras touchant fréquemment le sol ; tandis qu’une autre silhouette, avec robe et tiare, semblait avancer par bonds successifs. Il me sembla que c’était la bande que j’avais aperçue dans la cour de l’hôtel Gilman – celle donc qui était directement tà mes trousses. L’une des silhouettes se tourna dans ma direction et je fus transpercé d’effroi, me concentrai pour garder l’allure chaloupante que j’avais adoptée. Ce jour encore, je ne sais pas s’ils m’ont vu ou pas. Si c’est le cas, mon stratagème les a trompés, parce qu’ils continuèrent de traverser l’espace vide sous la lune sans dévier leur courses, continuant ce croassement et ces claquements dans leur affreux patois guttural que je ne pouvais identifier.

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1ère mise en ligne et dernière modification le 1er janvier 2018
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