autobiographies #08 | lieux point-virgule lieux

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autobiographie #08 | lieux point-virgule lieux


Cette vidéo propose :

 fabriquer dans un texte la présence d’un intérieur, faire que toutes les perceptions, les souvenirs dans le temps, les détails puissent coexister dans la temporalité du texte, à égalité, suspendre presque la linéarité ;

 tenter l’expérience sur trois lieux autobiographiques distincts, quel que soit le côté lacunaire du souvenir : lieux privés (on ne parle que d’intérieurs, on ne précise ni lieu ni époque) de la mémoire familiale — chambres, cuisines, greniers, escaliers ou corridors), lieux publics (bistrot, école, médecin, bibliothèque... mais toujours uniquement des intérieurs) et j’aimerais suggérer qu’un des trois soit une perception du soir ou de la nuit ;

 on s’en remet pour cela à un extraordinaire « petit » livre (110 pages), paru chez Corti en 2014, Ameublement de Julien Maret : un minuscule village en Suisse, l’atelier et la maison d’un artisan, sa camionnette, ses travaux, donc des intérieurs, des extérieurs et des trajets, mais au-delà de la boutique grand-paternelle, c’est un tableau comme mouvant et flottant de l’ensemble du village qui va nous fasciner, avec un seul et unique principe d’écriture : le point-virgule est le seul signe diacritique utilisé ;

 la magie de ce livre de Julien Maret : la mise à égalité de tous les éléments, tenus comme à même distance par la phrase qui sans cesse les convoque : le paillasson, puis détail sur le paillasson, l’évier, puis détail sur l’évier, les habitués du bistrot autant que les gestes codés de la patronne, et les reflets sur cette barre ronde où on pose le pied, tout cela dans ce seul déroulé de points-virgules, qui nous contraint mentalement (ou nous hypnotise) avec la présence rémanente de chaque détail convoqué ;

 ce qui veut dire : quelle que soit sa taille ou son échelle dans le récit, grand, petit, de près, de loin, mais quelle que soit aussi l’orientation du regard, vers le bas ou vers le haut autant que derrière, sur le côté ou face à soi ; et que ces ruptures sont seulement rythmées par la séparation via le point-virgule, dans un principe d’égalité constante ;

 j’avais déjà proposé cet exercice fin 2016, depuis le même livre, dans un premier parcours sur les lieux (je rappelle aux abonnés que tous ces cycles leur sont accessibles, et les documents d’appui rassemblés ici, lien général des ressources via le sommaire), on trouvera vidéo et contributions ici, mais je m’étais uniquement appuyé sur les extérieurs du village ; dans le nouveau doc d’appui, j’ai sélectionné les moments où Julien Maret se saisit d’intérieurs : la maison d’un oncle, le bistrot, la cuisine familiale ;

 dans ce cycle « autobiographie », on peut se permettre d’alterner des exercices à forte densité, dans une proposition qu’on ne visitera qu’une fois (le « long trajet de nuit » avec phrase unique, dans la proposition #06, avec des explorations plus fines, j’allais dire comme dépliées : c’est cette intuition d’en venir à ces intérieurs qui m’a fait ajouter l’étape de la proposition sur les portes, et fera suivre celle-ci (depuis un étrange passage du Cherokee d’Echenoz, mais c’est la proposition #05 qui m’avait fait ressortir ma pile d’Echenoz, d’une mise en mouvement de ces traversées de lieux, voire — j’espère — de leur rejointement fictionnel, mais ça ce sera... non pas même la semaine prochaine, mais dans deux semaines, parce qu’on va se laisser entraîner encore un peu par le dépli, si vous voulez bien ! et qu’importe qu’on chemine lentement, puisque c’est cette accumulation de textes qui peu à peu s’amasse pour des projets personnels d’ampleur, hors du simple exercice, et que chacun va à son rythme pour avancer...

 donc tout simple, oui, mais attention : et si la question principale c’était justement cette levée intérieure des barrières, cette confiance dans les choses, cette ouverture aux éclats et reflets les plus minces, lacunaires, lointains ? alors oui, cette sorte d’égalité à l’horizontale proposée par Julien Maret nous offre un outil qu’on continuera d’entendre par la suite, dans ce rapport si précis aux choses...

Et méfiez-vous, c’est hypnotisant, c’est magique : justement parce qu’on ne démontre pas, juste on nomme...

Bonnes écritures !

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 7 novembre 2021
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