un cycle sur la construction de récit
– sommaire général du cycle « #nouvelles »
– sommaire général des ateliers Tiers Livre
– accès direct plateforme de publication
– liens complémentaires sur Patreon, (extrait Pierre Michon, Mythologies d’hiver à télécharger).
boucle 2, #04 | Michon & Martel, six îles avec abîmes
Boucle 1, le livre, quatre marches d’approche et récit. Boucle 2, le personnage, trois marches d’approche et aujourd’hui récit.
On a tenté trois marches d’approche : récit d’une rencontre, appui documentaire pour illusion de réel globale depuis source (fictionnelle ou réelle) fragmentaire ou lacunaire, enfin passage de l’individu à la structure sociétale avec l’appui narratif sur la famille.
Avec ce texte de Pierre Michon, Édouard Martel, on va tenter la nouvelle autonome, indépendante et structurée, et non pas simplement construction de personnage comme on l’avait déjà abordé dans le cycle éponyme, avec appui déjà sur ce même texte.
Au départ, de nouveau le choix entre personnage réel (son cas) ou fictionnel, depuis vos propres écritures en cours.
Le texte de Pierre Michon, écrit en 1993 lors d’une résidence en Lozère et repris en 1997 par Verdier dans ce recueil, se présente sous la forme de six paragraphes chacun conçu de façon indépendante, autonome en tant que tel.
Ils présentent une unité de lieu : terrasse avec vue, de « l’hôtel des Voyageurs » dans un village des causses de Lozère, la mention de la terrasse alternant avec la « charmille » qui l’abrite.
Ils recourent chacun à une temporalité précise et séparée : soit la date, fin septembre ou début octobre, soit l’instant (l’apparition du serrurier), soit la durée (les dix jours d’absence du spéléologue et du serrurier).
Le personnage-titre n’y est nommé que dans le premier et l’avant-dernier paragraphe, présent sinon uniquement par un geste (passer la main dans sa barbe), sa silhouette, un dialogue.
Malgré la brièveté de l’ensemble et sa découpe précise, deux personnages secondaires interagissent avec le personnage-titre (le serrurier, la patronne de l’hôtel).
Important aussi : si le premier paragraphe s’appuie sur une durée non spécifiée, et que le troisième sera une irruption (celle de Louis Armand, qui donnera son nom au gouffre découvert), le deuxième est une attente. La vie de Martel va basculer par cette découverte, mais il ne le sait pas. On est dans un avant que, mais Martel, le personnage principal, n’a accès qu’à son passé, alors que nous savons comment cette bascule va s’effectuer.
Dans le quatrième des six paragraphes, autre renversement : le personnage-titre est absent, on n’a que la rémanence du lieu, l’évocation de quelques figurants à peine des ombres.
On n’écrit pas un tel texte sans qu’il soit recherche de sa propre nécessité : Martel a rompu avec l’univers urbain et le monde des écritures asservies pour tenter l’aventure, il ne la cherche pas dans le voyage mais dans l’exploration des abîmes (titre de son premier livre), gouffres et cavernes. Et l’écriture de Martel est, comme celle de l’entomologiste Fabre, et bien avant eux de Buffon, une si haute illustration voire invention de langue. Mais, avant-dernier paragraphe, l’écriture documentaire ou scientifique, rapports, cartes, relevés, ne fait pas la jonction du langage et de l’expérience. Nommer poétiquement ce qu’il a aperçu dans son exploration, dernier paragraphe, donc hors de l’écriture scientifique, oui.
De cet ensemble de critères, autant de points d’appui, maintenant, pour votre propre récit !
1ère mise en ligne et dernière modification le 20 mai 2024
merci aux 241 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page
