le cycle été 2024 de Tiers Livre
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#17 | Christian Garcin, reconstitutions avec fiction
Deux textes d’appui : d’abord, les Conversations avec Kafka de Gustav Janouch sont un témoignage considérable par leur humilité même, l’inscription des paroles prononcées, mais surtout leur contexte et circonstances. Là, c’est simplement la toute première visite de Janouch à Kafka, sur le lieu même de son travail.
Et puis Christian Garcin, Entrer dans des maisons inconnues (Finitude, 2015). Christian Garcin propose vingt brèves fictions, deux, trois ou quatre pages maximum, chaque fois assorties d’un nom et d’une date — et l’ordre des récits suit la chronologie de ces dates.
Le 15 novembre 1874, un jeune Polonais, Joseph Korzeniowski, futur Joseph Conrad, 17 ans et orphelin depuis l’âge de 11 ans, embarque comme mousse à Marseille sur un trois-mâts, La Pauline. C’est attesté. Des témoins, comme Janouch « témoigne » de Kafka ? Non. La possibilité de reconstituer un trajet, la physionomie du port de Marseille, à quoi ressemblaient ces bateaux et la vie qu’on y menait ? Certainement.
Mais c’est un exercice dangereux. Qu’on en fasse une reconstitution cliché d’un écrivain d’après sa légende, le texte ne vaudra rien. Mais qu’on cherche à traverser le fantôme et ) rejoindre ce qui nous relie à son oeuvre, alors quelques phrases banales d’Ernest Hemingway, prononcées à la Closerie des Lilas, si on sait faire exister l’établissement, les fringues et les visages, si on sait le contexte de l’oeuvre à cet instant, alors cette traversée funambule sera un pont réel entre nous-mêmes et ce qu’intérieurement on doit à l’oeuvre. Ainsi le fou-rire de Thomas Bernhard, parce que le café où on s’installe est à Vienne dans un lieu précis, parce que c’est un riz au parmesan et au safran que cuisine Apollinaire pendant que Marie Laurencin met le couvert.
C’est en partant de cette galerie de portraits qui potentiellement serait vôtre, qu’on peut travailler. Vous disposez des vingt exemples choisis par Christian Garcin, quel serait le vôtre ? Quel jour, quel lieu ? Et le narrateur ou la narratrice qui se retrouve soudainement partenaire de l’autrice ou l’auteur objet de la reconstitution, qui ?
Emily Dickinson ne sera qu’une silhouette entraperçue à une fenêtre, et un rideau qu’on a fait bouger ? Faites exister la fenêtre, et nous on retiendra Emily Dickinson (une seule femme dans le panthéon en 20 chapitres de Christian Garcin, gageons qu’on va faire bouger le curseur). Savoir aussi qu’on peut venir au bord même du contemporain : une balade dans les collines avec René Char, c’est encore une distance temporelle, mais une poivrière dérobée à un célèbre auteur de thriller sur une table de bistrot, c’est peut-être vous-même...
De mon côté, une petite brique supplémentaire pour l’attente : oui, on se risque dans la fiction. Mais encadrés, solidement encadrés : d’un côté de la silhouette titubante s’aventurant dans l’inconnu (non pas vous, oh non, mais votre texte !), ce qui nous lie à l’oeuvre, une musique mais surtout une dette. Et tenant ferme l’autre épaule de la silhouette titubante : le lieu et le jour, ça c’est juste une petite incursion dans le monde de la doc.
Ça fait beaucoup ? Mais justement, Christian Garcin pour ses vingt fictions brèves se donne chaque fois deux à quatre pages : on a de la place tant que vous voulez, sur notre blog ! Demandez-vous plutôt ce qui vous est nécessaire pour que ça existe, pour qu’on y croie, pour que ça résonne avec l’univers qui déjà s’élabore dans vos textes...
À vous ! Et comme c’est une inflexion, on se donne deux jours. De quoi franchir avec énergie le dur dimanche qui se profile.
1ère mise en ligne et dernière modification le 6 juillet 2024
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