#été2024 #23 | Perec, plus bas, encore plus bas, toujours plus bas

le cycle été 2024 de Tiers Livre



 sommaire général et présentation du cycle été 2024 (plus inscriptions) ;

 la page unique Patreon avec récap des consignes écrites et téléchargements fiches d’appui (ou via lettre mail dédiée pour les participant·e·s non abonné·e·s) ;

 l’ensemble des participant·e·s à ce cycle reçoit directement par lettre mail dédiée les nouvelles propositions, le journal de bord, et les fiches d’appui ;

 problème d’accès WordPress ou réception lettre mail : nous écrire !

 

#23 | Perec, plus bas, encore plus bas, toujours plus bas


Cette vidéo présente brièvement l’organisation ou la structure de La vie mode d’emploi et ses annexes, index chronologique, plan, index des histoires.

Et on va partir en visite dans un chapitre singulier, le seul écrit sous ce mode dans ce grand livre : quatrième partie, « La machinerie de l’ascenseur, 2 » (p 444 de l’édition Hachette, ou via l’extrait à télécharger).

On sait que le principe du livre, d’après un dessin de Saul Steinberg présentant un immeuble londonien duquel a été retirée la façade, se déplace en permanence et dans les étages, paliers, escaliers, parties communes, caves, chambres de bonnes de l’immeuble, mais aussi dans la totalité de son histoire, construit et 1885 et rejoignant le présent de l’écriture et de l’époque de publication, 1978.

Deux centres de gravité majeurs : la période 39-45, et comment la France moyenne continue ses petits arrangements comme si de rien n’était, et, plus tôt, en 1925, l’installation d’un ascenseur, ce qu’il transforme des relations sociales.

La machinerie de l’ascenseur n’est pas en haut sous les toits, mais dans les caves. Et si, alors, on imaginait l’ascenseur descendre plus bas, encore plus bas, toujours plus bas ? C’est précisément la cheville narrative que va utiliser Perec en tête de chaque paragraphe.

Et c’est tout un monde qu’on va retrouver, un monde complet, ou bien la totalité du monde, et qui pourrait bien se retourner sur l’immeuble au présent pour l’avaler tout entier.

Alors, école, usine, bibliothèque, métropolitain, gare, hôpital, supermarché ou de ces vieilles maisons dans un tissu serré de ruelles, ou ce qu’on sait de pareils exemples (le tunnel désaffecté sous l’Arc-de-Triomphe), ou ce qu’on lit chez Calvino de villes verticales, ou chez Jules Verne de descente dans les entrailles des mines ou de la terre, et si on reprenait de Perec la forme d’écriture, et qu’on se risquait nous aussi à inventer ce monde des dessous ?

Alors attention : l’écriture d’imagination peut se révéler fragile, ses images prévisibles. L’enjeu, c’est bien de retrouver ce qui existe déjà à l’extérieur, et qui peut se révéler comme menace si on l’imagine non pas dans un ailleurs, mais dessous le lieu même.

Passionnant comment Perec cherche dans chaque paragraphe les images qui vont nourrir le suivant, dans une résolution ou un détail plus grands. Ou comment il convoque à son profit, pour chaque nappe de paragraphe, de nouvelles accumulations et analogies.

On n’est pas si loin des images du rêve (il y a des passerelles entre les récits de rêve de Perec, sa Boutique obscure, et les images qui servent ici de lanceurs, voire même des techniques d’écriture automatique décrites dans le premier Manifeste du surréalisme.

Mais c’est justement, ce soir comme dans la #24 à venir, vous proposer — intentionnellement et délibérément : relâcher le contrôle, voire même cesser le contrôle sur la naissance et la gestation du texte.

L’important : comment on lance une nappe (littéralement, un étage défini du monde souterrain inventé et décrit), qu’on laisse s’arrêter le paragraphe, et qu’on reprend le paragraphe suivant non comme une suite, mais comme une reprise avec un grossissement supplémentaire.

Avancer soi, faire avancer son écriture, en la laissant d’elle-même conquérir la liberté de nouveaux matériaux, d’arrangements d’images archétypes.

Oui, après tout ce travail des dernières propositions, on a bien le droit d’ouvrir un peu les vannes de la fiction !

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 13 juillet 2024
merci aux 250 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page