répondez à mes e-mails

parmi les mails reçus cette semaine...


Souvent, j’ai l’impression que certains e-mails reçus ne me sont pas adressés à moi personnellement. Ou bien que d’autres que moi seraient mieux fondés pour y répondre. Ou, encore, qu’on est suffisamment peu nombreux sur ces pages pour que j’aie envie d’en partager la découverte, la curiosité ou le plaisir. Je les insèrerai désormais régulièrement dans ce blog... Photo : le printemps à Pantin (avril 2005).


1/8

Après avoir lu votre livre Tous les mots sont adultes, je me suis lancée dans un atelier d’écriture dans ma petite commune de Haute-Savoie. J’ai piqué certaines de vos idées, en ai amené d’autres, quoi de plus normal. Parallèlement j’ai pratiqué deux heures par semaine dans une classe difficile (j’enseigne le français à Genève).

Il y a un mois, mon directeur m’a demandé si je ne voulais pas enseigner quatre heures d’affilée le français à la classe relais qu’il allait dans notre établissement et j’ai accepté.

Il s’agit de regrouper les enfants perdus, ceux qui sont si mal qu’ils empêchent tout travail scolaire dans leur classe, une sorte de dernier cercle de l’enfer destiné à permettre aux autres enseignants et aux élèves de souffler.
La première et la deuxième fois, tout s’est très bien passé ( la première : Les lieux où j’ai dormi, la deuxième un changement de point de vue : se mettre à la place d’un vieux filou sympathique dans une nouvelle de Roal Dahl.) Tout s’est corsé par la suite, le petit groupe ayant été déstabilisé par l’irruption d’un élève qui a depuis été interné d’office en établissement psychiatrique et qui ne reviendra pas.

Ils sont quatre actuellement, ils ont entre treize et quinze ans, ce sont des enfants perdus et c’est une chose que je ne peux pas accepter. Le sourire mouillé de celui à qui j’ai fait remarquer qu’il avait écrit deux pages très intéressantes alors que son prof m’avait certifié qu’il était incapable d’écrire deux lignes me poursuit. L’horreur qu’ils m’ont fait vivre deux séances de suite, je la ressens comme un échec et je le leur ai dit. Nous sommes en échec et vous et moi, il faut nous sortir de là....

Belles paroles, nous sommes en vacances cette semaine, vendredi matin je vais les retrouver et je ne sais toujours pas comment faire.

C’est la raison de ce message, car j’ai lu que vous aviez fait un atelier d’écriture avec des jeunes en prison. La prison est exactement ce que je voudrais leur éviter mais si vous aviez une idée, ou si vous connaissiez quelqu’un qui travaille avec le même genre de classe relais en France, je serais soulagée.

Merci d’avance de votre réponse.

Même si vous ne me répondez pas, je tiens à vous dire comme votre cheminement et votre recherche de vie me semblent intéressants.

Toute mon amitié

NG


2/8

Ou suis-je. A Nandi, aux iles Fiji, donc en Melanesie. Apres un vol de 11 heures depuis LAX precede d’un YUL-LAX d’un six courtes heures...

Les batisses de l’aeroport sont sur pilotis ce qui, a trois heures du matin, heure d’arrivee,vous donne l’illusion d’etre un echassier, Un heron, a tout le moins une grue...

C’est une republique mais l’on a cru bon de garder l’effigie de la Reine d’Angleterre sur les billets de banque ce que nous, canadiens, bien que toujours sujets de SM, ne faisons plus.

Sur le formulaire d’entree, l’on vous demande de preciser votre race : white, black, yellow, red. Ai tout raye et ecrit ’’all’’, ce qui a pousse la fonctionnaire - dans les 300 livres- a m’accueuillir d’un BULA -prononcer BOULA- retentissant. BULA est une sorte de bonjour a toutes les sauces mais toujours enrobe de graisse. La liposuccion, ici, adroitement manipulee, pourrait etre une energie a bon marche, du genre eolien.

L’agence de voyage de Montreal m’a reserve dans un ’’resort’’, celui de la cadena SHERATON Tout ce que je deteste. Vous etes parque a des kilometres du plus proche village, entoure de zombies etrangers venant d’un peu partout, en majorite des couples en voyage de noces dont on est deja, en les zieutant, que leur mariage, a tout casser, durera, au mieux, le temps entre deux eclipses totales de soleil.

En d’autres mots, ici, c’est GUANTANAMO-US- en pire.

Il y a cependant peu d’observatoires au monde ou l’on peut, en si peu de temps, realiser que l’homme blanc, a su si parfaitement faire d’un paradis premier, le plus reussi des enfers.

Suis alle au ’’village’’dans un taxi collectif marchande et partage avec trois ouvriers d’un SOFITEL en construction qui va rendre ’’accote’’au Royal Sheraton Resort, encore moins accessible a tout un chacun, le lagon. Il restera, a ces ’’tout un chacun’’ les ’’banquettes’’ de chaque cote de la route, au gazon vert comme le green des golfs. Il en regorge ici. Ce matin, ces espaces etaient couverts d’enormes vesses-de-loup, dures et fraiches et assurement comestibles.

Au village ai rarement vu une telle profusion de bazars au kilometre carre. Regorgeant de marchandises chinoises -seches- comme nous disons au Quebec pour les differencier de ce qui se mange. A ce propos , il devait y avoir un arrivage massif de nouilles MAGGI, parfumees au poulet, celles qu’un peu d’eau bouillante rend comestibles en soupe. Bradees a moins d’un Euro le lot de 5 paquets de 85 grammes par NESTLE (PNG) LTD.Heron St. LAE, PAPOUA NEW GUINEA. (L’emballage suivra par la poste,depuis Noumea avec une page de l’annuaire telephonique des FIDJI recensant une BON JOUR, Victoria, Pde SUVA, au 330-3289).

Le mondialisme c’est ca. La nouille Papou conquiert ce
qui reste des Maoris. Eclatante bataille.

Ai dejeune dans un restaurant populaire ou jamais un blanc, conscient de sa couleur propre ne se risquerait. D’exquises saucisses et une grosse portion de manioc. Arrose d’un jus etonnant d’un fruit inconnu servi frais, a volonte, dans des gobelets de metal comme au temps des diligences.

Me suis fait couper les tiffes, dans une arriere-cour, par un coiffeur ayant prefere, sur son enseigne le mot de BARBAR a celui de BARBER. Son travail, tres bien fait, m’a coute deux Euros comprenant un dollar fidjien de pourboire pour le bon mot de l’enseigne et la tache . La fois d’avant, c’etait a BALI, la dame-barbier, fort belle au demeurant, m’avait propose un massage mais sa job, pourrie. Quid aurait ete le massage... La coupe, Number two, au rasoir electrique m’a coute, en roupies indonesiennes, sensiblement la meme somme que celle d’hier. Par contre, encore avant, ayant oublie de demander le prix avant l’ouvrage - le figaro exigea ce qu’il devait demander pour tondre cinq tetes pouilleuses.

Il est vrai que sur le chemin du retour a mon hotel
exactement ce que j’aime - la Villa Santi, naguere
demeure d’un fille de roi, palais fort modeste ou du
reste je vis quelques homnnetes jeunes gens, agreables a regarder et qui jouaient aux dames avec des capsules de bouteilles de biere comme pions. La, sur le bord du Mekong, je lancai au gagnant de la partie, le defi de le battre. J’ai perdu. La jeunesse est toujours triomphale. Me suis rendu a dame certes, mais ,prise en chasse par les trois siennes, la mienne fut bouffee en deux coups. Belle partie cependant, scellee d’une poignee de main dont on se souvient. La deniche de ce coiffeur fripon, au fin fond d’une ruelle, m’aura permis cette inoubliable poignee de main.

Au retour du village fidjien, ai voyage dans un taxi conduit par ALI, un INDI de culte musulman. Sa mere qui a 94 ans, vit a Londres. Elle a mis au monde 14
enfants, tous vivants. La ’’diaspora’’ de cette famille est un poeme et ferait mourir de jalousie une colonie de chenilles processionnaires du pin. Elle comprend meme une soeur fonctionnaire aux Impots a Noumea... ALI m’a laisse ses coordonnees et se fait fort, a mon prochain sejour ici, de me faire connaitre un avers bien different de ce coin du monde de celui que j’ai sous les yeux. Le jeu. j’en suis sur, en vaudrait la chandelle. ALI : P.O.BOX 3,SABETO.FIJI. Home phone : 67 22
622.

Ai eu quelques ennuis dentaires valant d’etre narres. Tout d’abord,il y a deux semaines,sur le vol sans escale de la SQ-SINGAPURE AIRLINES-entre Singapour et New-Yorkun bridge de 3 dents -nous au Quebec disons pont- s’est decroche au-dessus du Japon, a la verticale d’Osaka. L’edentation n’etant visible qu’aux sourires, le degat n’est plus apparent en prenant la mine de BUSTER KEATON ce qui ne m’est nullement malaise par les temps qui courent et ce qui se passe dans le monde.

Plus grave, hier, entre la Saint-Stanislas et la Saint-Zenon, ni tout a fait 13 avril et deja plus le 11, le hier n’etant pas encore lendemain, au milieu de ce petit triangle imaginaire entre l’equateur et la ligne zero des fuseaux horaires un pivot, soutenant la machoire inferieur, un pont plus consequent, est, alors que je me brossais les dents apres un excellent diner sur un Boeing 767-300 de la AIR NEW-ZEALAND, diner servi par des Stewarts ayant tous l’air d’anciens rugbymen reconvertis, mais tres agiles et silencieux sous le regard d’une matrone de six pieds, qui elle, chaque fois qu’elle marchait dans l’allee, l’on craignait sa chute dans les soutes non chauffees de l’apareil...

...donc le pivot -qui,expression quebecoise ’’branlait
dans le manche’’- est tombe dans le lavabo d’acier avec
un tintement voisin de celui du grelot, que jadis, l’enfant de choeur,secouait au moment de l’elevation, pendant l’office. Je fais le rapprochement entre la messe et l’incident parce qu’il y a miracle : le pont tient tres bien et ma dentiste d’origine philippine et qui a pour nom, difficile que je suis tout de meme parvenu a retenir de memoire, Dr.Aree TAWEESAENGSUKSAKUL D.D.S, va, avec son talent imbattable, le 2 mai, a l’hopital de Pattaya, me rafistoler tout ca . Ma bouche,avec l’age , devient le garage de ton pere mais ce n’est plus de rechappement de pneus qu’il s’agit, mais d’une nouvelle salle a manger ART DECO.

J’ai deja rencontre, dans la salle d’attente de cette dentiste, exceptionnellement qualifiee, un couple de suissses. Le mari, certainement specialiste en gruyere,m’a dit :’’Monsieur,les economies que nous
realisons, mon epouse et moi, en venant ici pour nos travaux dentaires, paient le voyage et 2 semaines, tous frais compris dans un hotel convenable’’. Parole de suisse. Rien a ajouter. Leurs sourires, sur des dents blanches de facade, prouvaient son dire.

Serai en Nouvelle-Caledonie une semaine a partir de
samedi 16 puis au retour, toujours via Los Angeles, passerai 3 jours et 3 nuits a Montreal, me permettant, je l’espere, apres son hivernage, un premier labourage de mon jardin. M’envolerai par l’ouest vers Bangkok et en reviendrai le 8 mai dans l’un des tous premiers vols de la Thai, sans escale jusqu’a NEW-YORK, qui tente ainsi de concurrencer la SQ, qui opere cette liaison depuis septembre dernier. Vol de 18 heures dans chaque sens, en fait un veritable tour du monde en ellipse, puisque l’aller, depuis le SEA se faitau-dessus du Pacifique et le retour au-dessus de l’Atlantique et que l’on part, quasi de l’equateur pour remonter jusqu’a 70 degres de latitude nord au dessus du detroit de Bearing. Tres excitant. Plus les vols sont longs, plus, pour moi, ils sont exquis. Ainsi l’on a toujours le vent en queue et l’on economise deux heures de consommation en kerosene. Des airbus 340-500 un peu bricolees pour les soutes a combustible. Nombre de sieges tres reduit. Pas de premieres qui couteraient trop cher, mais une classe AFFAIRES avec couchettes et des espacements de sieges de 210 centimetres. Tres confortable meme en eco. Suis alle verifier. Le pied quoi. Ma botte a moi.

Civilites. GJ


3/8

Cher François Bon,

Je viens d’être successivement chargé de vous transmettre deux nouvelles,
l’une plutôt sympathique, l’autre nettement moins.

Chronologiquement :

1. Une Association pour le maintien et le développement de la bibliothèque
du CE Renault le Mans vient d’être créée.

Voici donc ma première mission : vous prier de bien vouloir nous honorer de
votre présence dans le comité de "parrains" de l’association avec les
participants au débat du 15 janvier...

À ce jour, l’association réunit déjà quelque 200 membres, adhérents et non
adhérents de la bibliothèque, personnes physiques ou morales.

Son premier objet est bien sûr de constituer un outil pour la sauvegarde de
la bibliothèque, mais au delà, dans un esprit résolument constructif et avec
quelque optimisme, ce doit aussi être un outil pour son déploiement
puisqu’il s’agit de :

- Préserver le patrimoine de la bibliothèque.
- Sauvegarder la bibliothèque au cœur du comité d’établissement.
- Faire respecter la charte pour le développement de la lecture en
entreprise, cosignée en 1992 par les confédérations CFE-CGC, CFDT, CFTC,
CGT, FO et l’Association des Bibliothécaires Français (A.B.F).
- Mettre en place les conditions de réalisation des propositions formulées
par l’Association des Bibliothécaires Français quant à la bibliothèque du
C.E. Renault le Mans
- Faciliter la mise en place d’outils de coopération avec les bibliothèques
de tout statut et l’inscrire dans un réseau d’échange sur le territoire
national afin d’engendrer un développement local plus complet de la lecture
publique.
- Contribuer à enrichir le fonds de la bibliothèque, notamment par des
achats ou des dépôts de documents.
- Participer, au rayonnement de la bibliothèque auprès de tous et à
l’élargissement de son rôle comme lieu de rencontres, d’échanges, de
réflexions dans le monde du travail et plus largement dans la société
contemporaine.
- Œuvrer au développement d’un accès de proximité à la lecture et à la culture.

2. La deuxième nouvelle est moins plaisante : il s’agit en effet de
l’assignation de 46 emprunteurs de livres de la bibliothèque devant le
tribunal de grande instance du Mans, le mercredi 20 avril à 9h30.

La majorité du CE brandissait la menace du recours à la justice depuis
l’emprunt des livres, mi- décembre. La forme envisagée tenait d’abord à une
procédure pour vol. En désespoir de cause, devant le vide sidéral d’un
dossier pénal, le CE a donc recours à un référé devant le TGI.
Recours à la justice afin d’obtenir :

 La condamnation de ces adhérents à la restitution des ouvrages empruntés.
(Les 46 assignés correspondent à ceux qui conservent plus de 5 " articles
").
 Une obligation de restitution des ouvrages assortie d’une astreinte de 100
euros par jour de retard pour chaque emprunteur.
 La condamnation de l’ensemble des emprunteurs au versement de 1500 euros
pour les frais d’engagement de procédure, ainsi qu’au paiement des frais de
justice.

Donc, non contents de persister dans leur volonté de destruction de la
bibliothèque, des élus syndicaux poursuivent désormais devant la justice des
salariés qu’ils sont supposés représenter...

Le hasard (?) veut qu’il y ait déjà eu une "affaire des 46 Renault" au Mans
 : en 2000, 46 salariés de l’usine avaient été traduits en correctionnelle
pour sequestration - des centaines de salariés s’étaient en fait rassemblés
pour contester un licenciement auprès de cadres qui refusèrent toute
négociation : parmi les salariés présents, la direction en fit assigner 46,
pour la plupart délégués CGT.
Et les premiers 46 ont été pour une grande part condamnés en
correctionnelle, leur culpabilité confirmée par la cour d’Appel, la
cassation rejetée...

En réponse, l’association appelle à un rassemblement le même 20 avril, à 9h,
devant le palais de justice du Mans. On est par ailleurs en train
d’organiser une petite animation -lectures...- de la cité judiciaire ce
matin-là. Et on invite qui le souhaite à envoyer des courriers de
protestation ou de soutien à la bibliothèque au secrétaire CFDT du CE :

M. Alain Violeau

Comité d’établissement Renault le Mans - 20, rue du Spoutnik - 72019 le Mans cedex 02 (en nous transmettant une copie du courrier...)


4/8

Voici les dernieres nouvelles.

Je viens d’arriver a AKL ou je dois attendre -dans de bonnes conditions il est vrai- le vol vers Los Angeles
a 22.45.

Oui, ai beaucoup a dire sur le pape, la papaute et la papaumanie.

Tout d’abord pour etre ’’dans le ton’’, ai, en Nouvelle-Caledonie, mange 3 fois par jour du BENITIER, qui est, a mon avis, l’un des fruits de mer les plus raffines crees par le CREATEUR, dans l’un de ses bons jours. Meilleure, crue, que de l’amande de Saint-Jacques-aussi du reste, un fruit de mer d’EGLISE mais en fait cousine germaine de cette derniere puisque c’est le muscle que l’on deguste. CRUE, dis-je, en fines tranches, simplement relevees d’un soupcon d’huile d’olive- Il faut si possible, utiliser celle que l’on offre en Premiere sur Singapoure Airlines. Imbattable. Dans de jolis petits flacons carres et de ’’premiere pression’’, de KALAMATA, evidemment. Il faut aussi, bien sur, avoir sa petite bouteille de vinaigre balsamique, celui legerement parfume a la figue. Hors de prix, mais pour les festins-rares, tres rares-ne pas megoter. Poivre malais, du moulin-c’est plus important que la brosse a dents et FENDI en vend de tres jolis et surtout tres efficaces - cela remplace avantageusement les tabatieres du siecle des Lumieres - et sel de Guerande-en-coquille-d’escargot-naine, le plus chic des sels chics et battant celui de, jadis,Maillezais.

Je dois dire que ces festins de benitiers ont ete l’un des grands moments de mon existence au cours de laquelle,je le reconnais volontiers, je m’amuse plus dans une journee que ma grand-mere HERBERT dans une annee de sa vie. Ceci dit, pour le Bonheur, avec un grand B, cela sera toujours une question fondamentale.

Ai trouve le grand bourg de NOUMEA tres ennuyeux.Les francais de la-bas sont impossibles et les canaques
pas vraiment droles non plus. Mais la duree de mon sejour surtout marquee par des longues sessions a la bibliotheque municipale, pour tout lire sur l’epoque du bagne et les prisonniers p0litiques qui y furent envoyes, dont Louise MICHEL,apres la COMMUNE, m’a pris quasiment tout mon temps. Il pleuvait des cordes mais c’etait fort joli a voir et la pluie est chaude...

Tout est hors de prix y compris, bien sur, LE BENITIER, mais lui,on ne regrette pas la depense.

Je faisais, chaque matin, peu apres cinq heures, ma provision de’’ muscle-benitin’’

Les nems, non plus, ne sont pas mal. A vrai dire pour les legumes, seuls vietnamiems et chinois se donnent du mal. Ils travaillent 3 fois plus que les blancs qui eux,se contentent de critiquer. Infrequentables.

Ai change 3 fois d’hotel en 7 nuits, ayant, helas trouve le bon que pour la derniere. Le LAPEROUSE. J’aurais du y penser des l’arrivee.

Bises. GJ.


5/8

Ma fille a une copine qui est en fac de lettres, en licence.

Cette copine a, comme prof, Madame W***, que j’ai eue également comme enseignante, il y a un temps fou. Trente-deux ans, peut-être...

C’était une médiéviste. Elle faisait des cours sur Charles d’Orléans. Elle avait également fait des cours sur Rabelais (philologie romane), et ses étudiants la craignaient. Elle avait une réputation d’intransigeance et d’inflexibilité. Mais les jeunes gens confondent trop souvent cette notion avec celle de rigueur intellectuelle. Alors je préfère ne pas me prononcer. Mes souvenirs sont trop flous. En tout cas, elle n’avait pas la réputation d’être un boute-en-train. Cela ne collait pas trop avec Rabelais. Un masque de la fin du moyen âge.

Je me souviens qu‚en 73-74, en « historiographie médiévale », elle faisait cours à deux élèves seulement, De Werbier et moi. On travaillait tous les deux sur le Moyen Age, moi sur Marie, lui sur un historien.

Au début, on la craignait. Puis on s’était aperçu qu’elle était plutôt gentille. Deux élèves, c’est le rêve. Cela décoincerait les plus farouches. Cela rendrait courageux les lapins eux-mêmes.

Elle arrivait avec trois vieux ouvrages, des extraits de Froissart, qu‚elle avait empruntés à la bibliothèque du C.E.S.C.M, le panier de crabes médiévistes de cette bonne ville de Poitiers.

Elle nous disait : « Vous allez vous rire, on va lire un banquet à la cour de Bourgogne, vu par La Marche... »

Ce « La Marche », c’était un chroniqueur bourguignon. Un historiographe nettement moins connu que Joinville, Villehardouin et consorts. Ce « La Marche », il n’arrêtait pas de se plaindre.

Sa devise : « Tant a souffert La Marche ! ». Je visualisais un vieil escalier en spirale dans une vieille tour, et des marches disjointes...

Madame W*** nous parlait des « entremets » à la cour de Bourgogne, des spectacles entre les plats. Un sanglier, couvert d’une tunique de soie verte, avait fait le tour de la salle et était reparti comme il était venu, ni vu ni connu. Ou bien on avait servi un gigantesque pâté en croûte, et un nain en surgissait. Particulièrement hygiénique ! Les invités applaudissaient. Puis on avait apporté du paon rôti, du cygne, avec toute la garniture, les plumes pour faire joli...

Ou bien on étudiait « Georges », (Georges Chastelain), un chroniqueur qui signait ainsi, tellement il était connu. Il se contentait de son prénom. Son prénom suffisait à l’identifier. Peu de gens à l‚heure actuelle pourraient prétendre à une telle notoriété. A part Johnny, Jean-Paul II. Même pas Mylène.

Madame W*** faisait sa thèse sur Commynes, sous la direction de Jean Dufournet. J’en ai oublié l‚intitulé, mais je crois que ça concernait la politique, l’affaire de Liège, toutes ces villes flamandes que Louis XI avait laissé tomber. Le règne de Louis XI est particulièrement complexe, avec l’affaire du bien public, la révolte des nobles, une sorte de Fronde avant l’heure. J’ai lu les deux volumes de Michelet sur la question (le premier Historien digne de ce nom, le premier à s’être appuyé sur des archives). Mais je n’y ai rien « pigé ». Trop confus.

« Commynes », c’était un type du coin, un seigneur d’Argenton-Château, au nord des Deux-Sèvres. Un fin politique, qui avait servi le Téméraire, puis Louis XI. Un opportuniste de première (je ne parle pas de la revue).

On étudiait donc « Commynes », le Machiavel français.

Je l’avais dit à mon très, très vieux grand-père, alors âgé de 98 ans, et qui devait bientôt nous quitter, et il m‚en avait sorti involontairement une bien bonne (d’où ce mail).
Il m’avait répondu :

« Je connaissais un Anglais pendant la Guerre C’est comme ça qu’il appelait son chien : « Come in ! Come in ! ».

La « Guerre » en question, pour mon pauvre grand-père, c’était celle de 14. L‚autre, celle de 39-40, c’était juste une période de privation et d’occupation, pas une vraie « guerre »...

A l’époque, elle était très jolie, Madame W***.

Elle nous impressionnait.

On aurait dit une Reine de France frigide. Un peu genre Marina Foïs, des Robin, mais en plus dur, et en brune. On aurait dit qu’elle sortait des Rois maudits. Elle me faisait penser à la statuette sexy d’Isabeau de Bavière, une dague à la main, qu‚on avait dans la salle à manger, sur le manteau de la cheminée, l’un des dix mille objets de mon père.

Cette dame, je l’ai revue il y a quelques années. J’ai eu du mal à la reconnaître. Elle était devenue énorme. On aurait dit un personnage rabelaisien. Un Gargantua femelle, mais en moins débonnaire.

Eh bien, elle exerce encore, enseigne la phonétique, et ses étudiants en bavent, paraît-il.

Amitiés

JP


6/8

Monsieur,

Je travaille actuellement dans une bibliothèque française au Laos. Les étudiants laotiens et francophones (-philes) découvrent avec plaisir le théâtre à travers des auteurs français contemporains. Ils ne connaissent pas encore votre oeuvre dramaturge.

Serait-il possible pour notre bibliothèque de bénéficier l’envoi d’un ou deux de vos derniers ouvrages, écrits pour le théâtre ?

Avec mes remerciements anticipés pour votre réponse,

Bien respectueusement.

Mlle Bach-Hop Vu.
Centre de Langue française
La médiathèque
Ave. Lane Xang-BP 6572
Vientiane
R.D.P LAOS


7/8

Je ne sais pas s’ils ont mis du La Marche dans La Pléiade, je n’ai pas ce volume. Je ne possède que deux tomes de Commynes, sur les trois, et La Vie de Saint Louis, en Garnier jaune. Je me souviens que Michon m’avait dit qu’il appréciait les chroniqueurs, Froissart en particulier (il doit en avoir acheté les volumes dans l’onéreuse édition Champion ou Droz, je ne sais plus).

J’ai retrouvé cette jolie phrase d’Olivier de la Marche :

« ... et ledict monstre estoit monté sur un sanglier couvert richement de soye verde »

Si vous voulez retrouver cette atmosphère qu’il y a dans La Marche, je me permets de vous conseiller de relire des extraits de « Là-Bas ».

J.K. Huysmans y évoque des agapes monstrueuses à la cour de Bourgogne. On y mangeait du héron, de la grue, de la sarcelle. Cela devait être sec.

Il y a aussi l’excellente étude sur Gil es de Rais, de Georges Bataille. Mais vous devez connaître tout cela par coeur.

Je me souviens de quelque chose concernant « Georges », le chroniqueur du XVème siècle. C‚est lui qui le premier a surnommé Louis XI « l’universelle araigne », et cette image a inspiré les historiens du XIXème.

Michelet, par exemple, fait de ce roi un vieux renard, une sorte de personnage tout droit sorti des fables d’autrefois. Mais il en fait aussi une araignée sournoise, tapie au centre de sa toile, surveillant tout, écoutant tout. Le pouvoir centralisateur. Big Brother médiéval...

Amitiés

JP


8/8

et pour clore cette sélection, un message qui a transité depuis le Canada sur la liste Perec - se serait bien marré, le Georges ! - mais l’allusion aux handicapés mentaux, par exemple, fait quand même qu’on rit jaune ? - en profiter pour relire la charge un peu moins premier degré de Perec sur fatrazie : de la dictature du whisky, à sa santé bien sûr ! - je cite sic :

J’ai été agréablement surpris de prendre connaissance, sur votre site web, des mots d’esprits de George Pérec qui, tel un handicapé mental, prend goût à nous démontrer son niveau d’ignorance passablement élevé.

Concernant le whisky, il est à noter la différence notable entre les mélanges (Blended) et les whiskies de malt (Single Malt). Les premiers sont normalement appréciés de la populace, tandis que les seconds sont généralement appréciés de par l’élite du monde d’aujourd’hui.

Loin d’être un intellectuel, Pérec a manifesté une pauvreté d’esprit latente et troublante, spécialement par l’entremise de son commentaire vindicatif sur le whisky.

Comme plusieurs personnalités américaines ont récemment remarqué : il semble qu’en France, il ne suffit que d’une gauloise fumante à la bouche, un béret accroché aux cheveux et un exemplaire de La nausée de Jean-Paul Sartre afin de passer pour un intellectuel.

Ici au Québec, nous avons l’avantage de faire preuve d’une dose plus généreuse d’humilité.

Au plaisir,

Sylvain Allard.

Le dégoût ou l’aversion que peut éprouver une tierce personne envers un produit quelconque est une chose, mais dénigrer un produit et par le fait même une nation à l’aide d’arguments boiteux qui ne tiennent par le fait même pas la route est pour moi une preuve d’imbécillité profonde. L’intellectualisme de bas étages dont fait preuve M. Pérec est auréolé d’une prétention douteuse et les faits (???) qui accompagnent cet essai sont et ont toujours étés purement spéculatifs :

 Les américains sont non seulement de gros consommateurs de whisky, mais aussi des fabriquant reconnus. Le bourbon est typiquement américain et le bourbon est un whisky

 Les 18 mois de maturation sont un minimum pour l’appellation <>

 Le whisky écossais, ou Scotch est un produit d’une grande qualité tout comme certains cognacs

 Il y a effectivement une nuance marquée qui caractérise les différentes distilleries et comme M. Pérec n’a jamais eu l’occasion de déceler ces nuances, il fait assumer sont ignorance au commun des mortels, attitude très méprisante et méprisable

L’humilité et la modestie sont le témoignage d’une forme d’intelligence qui semble avoir été ignorée au moment d’écrire cet essai pédant et ridicule.

Alexis Morin-Côté

Un Québecois qui considère avec mépris les observations de M. Pérec


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1ère mise en ligne et dernière modification le 25 avril 2005
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