facebook mode d’emploi

nous resterons des asociaux quand même – facebook vient d’avoir 10 ans...


30/10/2017
 lu ce passionnant billet (comme tous les autres d’ailleurs) d’Olivier Ertzscheid, sur ses premiers 10 ans sur Facebook. Avec plus de 285 000 visites, je crois bien que cette page a été la plus consultée de tout mon site : pourtant, qui donc aurait besoin d’un mode d’emploi pour Facebook ? – mais il faut se souvenir qu’en septembre 2017, il y a donc exactement 10 ans, le prodige d’être sur Facebook me valait un entretien dans l’Express !

 je me souviens aussi avoir mis en ligne, il y a bien longtemps, la suite de mes premiers statuts Facebook, donc début 2007 et je me souviens que j’avais 60 amis (soixante) quand facebook.fr a été dissocié de facebook.us et qu’on nous a migrés, sans plus me souvenir exactement de la date (pourquoi on s’en serait préoccupés ?)... l’occasion aussi pour moi de relire, datés début 2007, la collec historique de mes premiers status Facebook (c’est grâce aux voyages Lausanne et Kiel qui y sont rapportés que je peux les dater), savait-on à l’époque où ça nous emmènerait tout ça ?

 et découverte de ce soir : avez-vous remarqué que dans les paramètres de votre compte vous avez désormais le droit de lui désigner un légataire en cas de décès ? – je cherche qui...

2 février 2014
 Facebook a 10 ans aujourd’hui, on ne va pas gâcher la fête en changeant le titre ci-dessus, qui a amené 280 000 personnes sur cette page mais hein, c’est pas de la triche : c’était vraiment quelques indications dans les tous premiers temps, quand j’avais 60 amis que je connaissais tous pour de vrai, et avant même que Facebook crée sa version française... à preuve si vous voulez une petite visite à François Bon est vide, preuve d’une évolution constante. Peut-être que ce qui me fascine le plus, aujourd’hui, avec cette concomittance dans un même support de flux faibles à obsolescence rapide, et de micro-communautés (en poésie notamment) à contenus très denses, ou bien comment se joue de façon très variable le rapport entre « page facebook » d’un groupe, d’un auteur, d’un artiste, et son propre site ou blog, me fascine certainement le fait que Facebook a été construit par ses propres usagers, et s’il demeure une tension permanente entre ceux qui l’ont inventé et qui continuent de le développer, aucun discours prédictif, il y a 10 ans, n’aurait pu rêver du Facebook d’aujourd’hui, même dans la tête de Marc Zuckerberg. Et nous sommes loin de pouvoir analyser la totalité des enjeux qui s’y sont modifiés, rapport intime/extime, reconnaissance faciale, transfert des discussions autrefois sur site...

19 novembre 2013
 étrange de relire, 6 ans après (oui, 6 ans), un article mis en place au moment de la grande explosion de Facebook en 2007, puis complété en 2009 ;

 bien sûr beaucoup de choses ont changé, l’omniprésence de la pub, mais surtout les fonctions photo, la vitalité et la densité des échanges, la fonction même de Facebook qui interfère aussi bien avec nos vies professionnelles qu’avec nos vies familiales ;

 l’obligation donc toujours d’une grande vigilance sur ces usages et leur développement, mais aussi la possibilité d’en profiter sereinement... ce billet aura été, en 4 ans et malgré son vieillissement, le plus consulté de mon site.... raison de plus pour prévenir en haut de page qu’il est désormais plutôt archéologique !

 je laisse le billet en l’état, sans même enlever les liens morts (par exemple, l’ami Claro passé de Facebook à Twitter, moi je pratique les 2), avec le billet original sous forme de fragments : du risque d’un Internet à 2 vitesses, puis une réaction plus polémique (on nous appelait dans la presse littéraire bon ton les singes assis à leurs claviers) contre Facebook (mais tout contre) (c’était à l’attention des « contre » !), enfin un interview paru dans l’Express en septembre 2007...

 à noter que j’avais complètement oublié cet autre billet, décembre 2008, où je reprenais une compile de mes statuts Facebook (« François Bon est vide ») pour les 2 premières années (ai rejoint Facebook en juin 2006, Twitter en avril 2008) ;

 le sous-titre « nous resterons des asociaux quand même » était présent dès la 1ère mise en ligne (ce blog est né en janvier 2005, reprise sous spip de mon site html créé en septembre 1997).

complément du 7 novembre 2009
Cette page restant très sollicitée par Google et de nombreux visiteurs, mais n’ayant pas légitimité particulière à la tenir (mise en ligne initiale dans les premières semaines de l’arrivée de face book en France, au Moyen-Âge, en juillet 2007...), je vous renvoie tout de suite aux articles qui me semblent compter :

 la nouvelle interface Facebook, très belle analyse par un bibliothécaire lyonnais, avec remarques sur le fonctionnement et les choix à effectuer soi-même dans la nouvelle interface ;

 nota : lorsqu’on installe un lien dans le statut, bien vérifier à chaque fois, sous la toute petite icône "cadenas", que le lien s’adresse bien à "tout le monde", sinon il s’affichera sur votre page mais pas sur celle de vos amis...

 dans les paramètres de votre profil, pensez à débrayer les annonces mails automatiques, pour chaque nouvelle arrivée d’amis ou événements, sinon noyade assurée : tout ça vous est parfaitement visible lorsque vous ouvrez votre page face book ;

 toujours l’impression que les pages "fans" et "groupes" ont bien du mal à vivre : ce qui fonctionne sur face book, c’est l’implication personnelle, même quand vous êtes libraire ou éditeur ou auteur...

 toujours très impressionné de l’efficacité de l’outil : un nouvel article sur mon site (plutôt les articles littérature que les brèves ou ceux concernant l’édition numérique), je sais que de nombreuses visites à cet article viendront de Facebook – c’est une maturité évidente de cet outil, la preuve de son très large spectre, et d’utilisation plus immédiate que nos agrégateurs de flux (pour moi : netvibes ;

 on semble enfin débarrassé en partie de ces pots de fleurs qui grandissent tout seuls et autres cadeaux, quizz, causes toutes plus nobles les unes que les autres : Facebook se dégadgétise, tant mieux ;

 le prix du plus créateur/tif, inventif/teur : faites ami avec MadMan Claro, tout un autre visage de face book, et ce n’est pas n’importe quel écrivain...

 enfin, INSISTONS : Facebook n’a pas vocation à archiver des contenus, il ne permet pas leur consultation pérenne, il ne dispense pas d’avoir son propre site ou blog, le génie propre de face book c’est de pouvoir propulser et partager vos ressources de fond (de même, si vous avez un site, pensez à l’inclure dans votre profil, c’est plus important que le signe astrologique ou les opinions religieuses) ...

complément du 27 octobre 2009
 le droit de ne pas répondre ? l’onglet Facebook reste parfois ouvert sur mon ordinateur même quand j’en suis éloigné, voire même toute la nuit, et je trouve au matin des messages d’amis (et même de proches amis) qui m’interpellent parce que ne réponds pas à leur "chat" en direct... peut m’arriver d’échanger par ce biais (clavarder comme on dit ici) mais désolé, pas possible en général ;

 merci de toutes vos sollicitations, surtout lorsque petit message d’accompagnement qui dit pourquoi vous venez me rendre visite, et encore mieux si c’est à cause d’un de mes bouquins ! Mais je zappe le plus souvent les pseudos, garder à Facebook l’esprit visage découvert, de même, s’il s’agit d’une identité "professionnelle" (éditeur, théâtre etc), je réserve évidemment à ceux avec qui je suis moi-même en relation professionnelle ;

 utilisation de la messagerie Facebook : je dois être un peu vieux jeu, je n’arrive pas à placer la messagerie Facebooksur le même plan que mon adresse mail principale ; j’efface sans trop regarder s’il s’agit juste d’un lien ou d’un envoi collectif ; je m’accorde de ne pas répondre systématiquement là où je ne me le permettrais pas avec ma messagerie principale – je sais que j’ai tort, mais je préfère considérer Facebook comme ce tambour de propagation, où rien n’est si sérieux...

 cette page vient de passer les 246 400 visiteurs en 2 ans, mais j’ai bien compris que je n’en étais pas responsable !

complément du 15 octobre 2009
 Facebook et la vie privée : extrêmement étonnant comment l’outil Facebook nous contraint à nous interroger sur nos relations publiques et privées – je communique avec de nombreuses personnes de ma famille sur Facebook, mais nous séparons soigneusement nos réseaux, mes enfants et moi, et c’est tout à fait légitime – de même, il ne me viendrait pas à l’idée de solliciter lien "ami" avec les étudiants que je rencontre une fois par semaine, même si je suis heureux de constater, le semestre ou le stage fini, qu’on gardera lien de cette façon (y compris stage CNSAD d’il y a 4 ans ou stages NSup etc...) ;

 tout ce qui concerne la vie privée, et ces cloisonnements, peut désormais être trié via les paramètres – pour ma part, je préfère ne pas trop compter sur ces paramètres, et gérer ça directement dans la sélection "amis" ;

 tel écrivain-journaliste, qui m’avait déglingué comme pas possible il y a quelques années dans un journal non des moindres, en est à 3 sollicitations pour devenir mon "ami" Facebook : puis quoi, encore ? - idem, pas de raison au fourre-tout : je remercie Facebook de ne pas rendre visible le fait de supprimer un ami, le droit pour chacun de ne pas suivre ou prolonger une relation encombrante ou qui se révèle hors de notre souhait initial : avec plus de 3000 amis sur ma page, je constate bien que pour 10 nouvelles arrivées il y a parfois 10 départs et c’est très bien comme ça !

 et les morts ? et le droit à l’oubli ? étrange, avec 2 ans de Facebook, d’avoir accès à la page toujours active d’un ami mort... pour approfondir, voir affordance : homme indexé dans un monde indexé

complément du 27 septembre 2009 : la notion de partage
 La notion de partage : ah que c’était bien, l’intimité des premiers mois sur Facebook. On échangeait tranquillement liens ou informations entre professionnels du web. Cette instance-là s’est déportée vers d’autres outils plus spécialisés, twitter et ses listes, linkedin etc – et c’est normal. C’est formidable qu’on puisse utiliser Facebook à la fois pour une communication fréquente et directe avec cercle familial, informations plus professionnelles, et création. Pour ma part, lorsque je repère dans mes visites de sites et blogs un article qui me semble intéressant, je fais un copier-coller de l’URL dans les "liens" à partager. Lorsque c’est en me promenant sur face book que je repère un tel article, il suffit de cliquer directement sur "partager". J’essaye de ne pas "propulser" plus d’un ou deux liens par jour – mais c’est le nouveau visage de Facebook : outil de veille, de signalement, de partage. Et c’est bien rare, depuis lors, que j’actualise mon "statut".

 Triez vos amis : et ne pas plus fétichiser le mot tri que le mot ami – dans la marge gauche du fil d’actualités, vous pouvez créer très facilement différentes listes et y installer vos amis selon qu’il s’agit d’informations professionnelles, familiales etc... Vous pourrez balayer d’un coup d’oeil une masse bien plus grande d’informations récentes.

complément du 28 décembre 2008
 A lire : 2 ans de statut Facebook, compil.

complément du 4 décembre 2008
 Plusieurs centaines de visites par jour pour cet article mis en ligne il y a près de 15 mois, quelque chose comme 70 000 visites au total... C’est bien l’indice de la montée en puissance de FaceBook comme outil d’échange – mais échanger quoi ? Avant-hier, à Lausanne, gymnase du Beugnon, été extrêmement surpris, à chaque pause, de voir les élèves emplir la salle aux 40 iMac, et à 70% c’est FaceBook qu’ils ouvraient, j’apercevais les séries de photos...

Effectivement, pour moi aussi, ou pour ceux qu’on croise régulièrement sur ma page FB, un usage différent. On a grogné à l’apparition de l’interface FaceBook 2, depuis elle a été perfectionnée, elle a énormément gagné en efficacité : on peut commenter les statuts, on peut régler les envois mails. Par contre, les applications sont moins visibles (FaceBook a repris la couverture à soi !), mais on peut synchroniser avec twitter, friend feed, blog networks etc... Les groupes peut-être souffrent : c’est plus difficile d’aller les consulter. Je reçois chaque jour une dizaine de proposition à rejoindre "groupe" ou "cause", mais après 4 mois d’inactivité FaceBook les élimine. Moi-même, j’ai délaissé le groupe que nous avions fondé livres & littérature en France, mais je me sers beaucoup plus, beaucoup mieux, de ma page d’accueil, laquelle intègre automatiquement les derniers billets de ce site.

Me voilà donc avec plus de 1300 amis, moi qui vis finalement plutôt isolé. Qui j’accepte ? Je ne clique pas s’il s’agit de pseudos, ni de parutions ou groupements. Alors en général je ne sais pas qui sont ces amis, même si je reconnais, au passage, des auteurs récemment arrivés sur le Net, ou bien que j’arrive à identifier si cela m’arrive plutôt par la littérature, plutôt par la réflexion sur Internet, ou plutôt par beaux-arts ou musique... Et c’est ça qui est la puissance absolue de FaceBook : les informations qu’on y insère glisseront d’elles-mêmes vers le bassin de destinataires qu’elles concernent, il suffit d’une petite pichenette de départ pour les orienter.

Il m’est arrivé quand même d’être surpris : un journaliste qui vous démolit dans son canard, et qui tranquillement, quelques mois plus tard, voudrait vous voir dans ses liens FaceBook... Il m’arrive aussi d’enlever de ma liste amis, c’est rare, quelques personnes trop invasives : laissons FaceBook transmettre les infos qui comptent, c’est fait pour ça, ne pas en faire un robinet d’eau tiède pour infos forcées... Si dans le travail ou les conceptions intellectuelles on n’a rien à voir ensemble, pas la peine de se forcer à être ami FaceBook.

Ne change pas l’axiome principal : FaceBook n’est pas un outil de contenu, il est un outil de socialisation, validation, circulation, des contenus bâtis par chacun sur son propre site ou blog. FaceBook, pour un auteur, ne dispense pas de ce travail : il ne crée pas de présence Internet, il aide à la rendre perceptible.

N’hésitez pas à hiérarchiser vos relations, à séparer le FaceBook de la vie familiale ou privée du FaceBook de la vie professionnelle : pas la peine de faire 2 pages séparées, surtout pas, mais prendre le temps d’aller voir les réglages...

Moi qui ne pratique jamais les tchats, je me prends parfois à répondre (avec ami tunisien n’est-ce pas, ou tel autre couche-tard lève-tôt), sur la petite fenêtre en bas à droite concernant les "amis en ligne".

De même, intéressante la façon dont la plupart d’entre nous utilisons la messagerie FaceBook : quand il s’agit de choses sérieuses, on passe au mail privé, mais justement, ça permet d’échanger de façon beaucoup moins informelle avec des gens qu’on n’oserait peut-être pas contacter autrement – j’ai plein d’exemples.

Curiosité aussi : où que j’aille, maintenant, lecture, conférence, j’installe un "événement" FaceBook – il se trouvera toujours, dans telle ville, telle librairie, quelques personnes qui me rejoindront grâce à FaceBook. Cependant, je ne suis pas l’ami des étudiants avec qui je travaille, ou alors seulement quand le stage est fini... Certains enseignants, au contraire, utilisent FaceBook comme un lien hors travail : de tout cela, nous sommes tous curieux. Évolution rapide.

Au fait, depuis le début, dans un coin de l’ordi, j’ai stocké tous mes "statuts" quotidiens successifs – eh bien ça fait un drôle de texte...

Enfin, se méfier des homonymes : un universitaire de ma connaissance s’amuse en ce moment à tisser une galaxie d’homonymes d’auteurs – pour les choses sérieuses, passez quand même plutôt par mail et sites hors FaceBook. Ça n’empêche pas d’en profiter pour tout le reste...

Alors bienvenue ici, sans savoir quel clic Google vous y amène, n’hésitez pas, du coup, à prendre une minute pour visiter tiers livre !....

complément du 15 juin 2008
 Incroyable, cette page reste consultée plusieurs dizaines de fois par jour (27 986 visites ce jour, ce qui n’a rien à voir avec l’audience de tiers livre, site de littérature contemporaine...). Seule conclusion : l’intérêt et la curiosité que provoque encore, à bientôt un an de son arrivée en France, un réseau social pourtant a priori beaucoup trop américain pour nous (dites votre religion), à l’interface résolument minimale (ah, les encombrements de pots de fleurs), et une notion d’amis très extensive (les requêtes sud-américaines à visage engageant qu’on décline chaque jour, nouveau ciblage spam industriel). L’occasion donc d’un petit point, et je laisse ci-dessous le contenu originel de cette page, mes premières réticences ou apprentissages.

 

Lycéens sur Face Book, Lausanne, gymnase du Beugnon, décembre 2008

1, FaceBook mode d’emploi


contenus et flux


 FaceBook n’est pas un outil de contenu mais un outil de flux : FaceBook permet seulement, mais c’est cela sa force et son miracle, de faire en sorte que vos contenus rejoignent, par viralité ciblée, amis d’amis, ceux qu’ils concernent ; de nombreux écrivains se décident enfin à l’Internet via FaceBook : cela ne vous dispense pas d’un blog ou d’un site – mais des applications comme "flop blog" ou "blog feed" vous permettront de répertorier instantanément et automatiquement dans votre "profil" Face Book vos nouveaux billets, infos, actualité...

 

réseaux, groupes

FaceBook propose différents niveaux d’association et viralité : les "amis", les "réseaux", les "groupes" :
 la notion de réseau est très efficace aux USA (facs, entreprises) mais a du mal à prendre ici (réseau Beaux-Arts, Sciences Po, Renault comme contre-exemples) – pas de réseau "thématique", comme on pourrait imaginer un réseau "culture" ou "littérature" : il y a des réseaux géographiques, France, Belgique, Suisse – l’appartenance à un réseau permet la visualisation de vos infos par vos réseaux, et seulement eux, à vous de vous servir ou de contrer ce cloisonnement
 les groupes prolifèrent, mais touchent très vite leurs limites – savoir qu’on ne peut pas effacer un groupe, mais qu’en cas de 2 mois d’inactivité FaceBook le supprime automatiquement
 les "groupes" peuvent se révéler très efficaces lors d’une mobilisation précise sur un point particulier, ne pas hésiter à les lancer, et dès que fini on arrête
 les "groupes" se structurent aussi : ainsi, le succès de notre groupe livre & littérature en France (850 abonnés à ce jour, mais c’était le désert, en août 2007, quand je l’ai lancé), c’est la hiérarchisation des infos : photos et liens réservés aux administrateurs, murs et discussions ouverts à tous – FaceBook autorise 24 administrateurs et pas plus, mais on est bien plus forts avec une administration collective
 FaceBook est très efficace pour propager un "événement", date, adresse, qui viendra ou pas : quand vous commentez ou taguez un événement, il entre dans votre propre viralité, c’est un des outils qui ont assuré le côté irréversible de facebook
 le groupe est une structure plus "faible" que votre page "profil" - avant de créer un groupe, ou d’adhérer à 30 groupes, demandez-vous s’il ne serait pas mieux de faire de votre page profil, avec quelques applications choisies, un mini-site : toutes les fonctions "groupe" (publications de liens, de photos, événements) sont accessibles...
 bis : l’ergonomie très sommaire de Face Book est un inconvénient, mais elle est aussi un avantage, on sait tout de suite où aller pour chercher un info... à condition qu’elle y soit - en particulier, la première chose qu’on cherche, c’est l’adresse du site ou blog perso, c’est "que faites-vous en ce moment", et non pas la liste de vos émissions de télé préférées ou tous ces jeux parfaitement idiots (quand on m’envoie un jeu "quel prix valez-vous pour vos amis", je raye l’envoyeur de ma liste, comme je raye ceux qui balancent tous les jours d’affilée la signature à la Fnac de leur dernier roman : information ce n’est pas bombardement - SOIGNEZ votre page "profil", utilisez les astuces pour y inclure des images, ne la surchargez pas, reliez-la plutôt à un blog : si vous avez paramétré votre page FaceBook, lancer une page sur blogger n’est pas plus compliqué, mais c’est l’alliance des 2 qui compte...

 

amis


 on ne remarque peut-être pas assez que la notion n° 1 de FaceBook, se faire "ami" par cooptation avec un inconnu qui intègre votre réseau, est une notion constamment en mouvement, FaceBook a énormément travaillé ces derniers mois pour la moduler
 je ne deviens pas l’ami de tous ceux qui le demandent, bien sûr (en particulier, je ne me fais pas l’ami des gens que je n’aime pas ou dont le travail ne recoupe pas le mien - mais je refuse aussi le lien "ami" avec des pseudonymes, 34 "Emma Bovary" lors d’un recensement récent, et méfiance au spam : le lien "ami" donne accès à vos informations personnelles, on reçoit en ce moment tous les jours des requêtes d’Amérique du Sud qui ne sont que des passeports à spam) – FaceBook est un outil à visage ouvert, mais on garde le choix de définir quel visage on présente, ou quoi de son visage
 toutefois, je considère l’outil non pas comme un outil privé, mais une plate-forme donnant à celles et ceux qui le souhaitent un accès facile à mon actu et mon travail : donc j’ai beaucoup d’amis, merci à elles et eux
 structurez vos "amis" : il y a plein d’options pour cela (voir ci-dessous), mais aussi des applications, dont "entourage" est la plus répandue et la plus solide à l’usage : j’affiche sur ma page les personnes avec qui j’ai une relation privée, si je le souhaite, ou professionnelle, blogueurs notamment
 comme tout le web 2.0, une page non entretenue s’effondre : à vous de créer votre activité FaceBook, les amis, les contenus suivront (« Sur Internet, on progresse à l’ancienneté... » a dit une personne célèbre, donc patience !)

 

obligatoire : paramétrez vos infos !


 il y a un usage minimum de FaceBook : on coche les cases proposées, on remplit les infos demandées - toujours savoir que rien n’est obligatoire - laissez en blanc, ça n’apparaîtra pas : c’est beaucoup mieux que mettre une clownerie, ou spécifier "relations professionnelles" là où on vous demande si intéressé hommes ou intéressé femmes ou les deux
 idem bien sûr pour les données privées : adresse postale, téléphone, etc
 depuis peu, cependant, toutes ces options sont paramétrables, allez dans rubrique "confidentialité" de votre profil - vos données peuvent être accessibles à seulement vos amis, aux amis de vos amis, à tel ou tel de votre réseau ou catégories de relations - il est évident qu’à peine un utilisateur sur dix se donne la peine d’aller paramétrer ces critères
 exercice : réglez quelles alertes e-mail vous souhaitez recevoir ou pas, nouveau message, mais pas nouvel événement, ou requête d’ami... (ça désencombrera votre boite mail principale, et vous mettrez votre profil à jour seulement lors de votre visite à votre page FaceBook...)

 

les réseaux s’additionnent, ne s’annulent pas


 les réseaux sociaux se multiplient et se font concurrence : ainsi twitter monte en puissance, mais, pour l’instant, je n’en vois pas l’utilité pour moi - d’autres réseaux tentent d’articuler différemment contenu et flux : ainsi, imeem pour partager vos goûts en musique, livres, ou films est assez fascinant
- perte de temps ? - non, la viralité dans le web c’est ce qui permet à une info ou un contenu de rejoindre qui cela concerne, et que vous ne connaissez pas - pour chacun de nous, façon de s’orienter à tâtons mais pas en aveugle dans la gigantesque profusion niveleuse du web - sur facebook, on remontera à une vitesse incroyable vers une source "beaux arts" ou "théâtre" ou n’importe quelle spécialité
 pas de concurrence entre MySpace et FaceBook : le premier convient aux contenus mutimedia que vous lui confiez à héberger, d’où son succès en musique - mais l’interface "amis", le rassemblement des "cartes de visite" est très vite indéchiffrable, là où FaceBook, qui n’inclut pas des contenus, est hyperactif dans la viralité : vous pouvez très bien utilisez les 2 en complément (très surprenant que les éditeurs, les théâtres ou festivals, n’aient pas encore le réflexe d’avoir leur propre page FaceBook)
 toujours penser que nous ne sommes pas simplement des "utilisateurs", mais, par le fait même que nous utilisons, des "constructeurs" - FaceBook et les autres réseaux se modèlent selon la façon dont les utilise : ce sont des plate-formes d’observation décisives, parce que le Net s’organise depuis ces nouvelles possibilités : je ne développe pas ce site (tiers livre de la même façon, à suivre de près les outils réseau (voir par exemple les passerelles issuu/FaceBook)....

 

2, contre FaceBook (mais tout contre !)


Complément du 2 janvier 2008
Cet article de tiers livre a été consulté en 2 mois par 12 000 personnes, ce qui est complètement disproportionné pour un site de littérature contemporaine... Cela veut seulement dire que Google envoie ici des gens qui débutent sur Facebook ou s’intéressent à son usage. Alors répétons-le : nous n’avons pas d’illusion sur ce que nous propose "face de bouc", avec ses catégories à l’américaine, le choix politique entre "libéral" et "anarchiste", la déclaration de religion etc.
Mais l’outil en lui-même, les réseaux sociaux, c’est un changement très important de la pensée Internet. Au bout de 3 mois d’observation de Facebook, j’en suis encore mieux convaincu. Très impressionnante, ces dernières semaines, la nouvelle vague de montée en puissance, avec l’arrivée de nombreux professionnels, dans mon domaine de l’édition et de la presse notamment.
Je le mesure aussi à l’activité du groupe livre & littérature en France que nous avons installé à quelques-uns, qui vient de passer les 300 inscrits, et où nous accueillons de nombreux amis du Québec ou de la galaxie francophone à l’étranger.
Il y a un double mouvement : d’une part, la pratique de fFacebook nous permet de gérer nos sites personnels différemment, en mêlant l’idée de flux à celle des contenus fixes (influence du "status edit" dans mon journal photo quotidien, ou le "wall" que je reprends dans mon affichage libre.
Mais, symétriquement, se confirme que fFacebook, contrairement à MySpace, n’est pas un vecteur de contenus : si vous avez un blog ou un site, il pourra en valoriser les contenus, les diffuser de façon radicalement neuve auprès d’un public plus concerné que l’habituelle circulation du Net (voir applications type "blog feed"). Personnellement, c’est l’usage que j’en fait, pas de "superwall" ni de "growing gift" ou autres jeux de vampires merci. Par rapport à l’article ci-dessous, écrit fin octobre, aujourd’hui je modulerais : oui, désormais, face book est un élément de fluidité important, de facilité de contacts, en appui de mon site personnel, même si je le garde soigneusement à l’écart de ma vie privée (alors que certains de mes proches l’utilisent au contraire comme un outil d’échange, photos etc, concernant le cercle de relations amicales choisies, qui ne concernent pas l’univers professionnel).
Et donc bienvenue sur notre groupe littérature, si vous nous rejoignez...

Complément du 14 novembre
Du boycott de Facebook pour contrer la publicité ciblée : voir affordance - et en tout cas l’axiome : n’insérer sur face book que les données sociales que vous souhaitez y voir figurer, ce n’est pas un annuaire téléphonique... Lire avant tout Jean-Michel Salaün, les Québecois ont une autre vision que nous...

Complément du 7 novembre
Vous êtes beaucoup de visiteurs à venir quotidiennement sur cette page, rejoignez-nous sur groupe livres & littérature en France sur Facebook pour prolonger la rencontre ?

Complément du 25 octobre 2007
Ci-dessous, concernant FaceBook, un échange avec Géraldine Catalano, qui prépare une enquête de l’Express sur les réseaux sociaux, suivi de mon article originel de fin août 2007, qui vaut depuis lors à cette page un taux permanent de consultation, qui tendrait à indiquer que la curiosité, mais surtout l’interrogation sur "face de bouc" est partagée !...

 

septembre 2007 : un entretien pour l’Express


Quand et dans quelles circonstances avez vous découvert Facebook ?
Présent sur Internet depuis 10 ans, je suis naturellement attentif à ses évolutions. Dans la profusion des blogs et des sites, nous devons apprendre à classer, chercher, organiser autrement. De nombreux outils sont apparus (netvibes, technorati). Facebook n’est peut-être pas le plus performant, mais d’avoir capté si vite un public si important impose de regarder de près comment cela fonctionne.

Qu’est-ce qui vous a séduit au départ dans ce site de socialisation ?
Cela n’a rien de séducteur. L’interface est très moche. D’autre part elle est faite pour les Américains (voir comment on demande votre opinion politique). Mais elle permet de suivre d’un coup d’œil la vie numérique, mises en ligne, conférences ou déplacements professionnels, de la poignée de gens dont vous êtes proches. D’autre part, de voir qui sont les relations de vos propres relations (je préfère ce mot à « ami » : l’interface américaine regroupe des « réseaux » basés sur le travail, l’université, mais nous on a seulement le droit de dire « France », ça limite beaucoup l’outil).

Pourquoi avez-vous décidé de le quitter ?
Je ne l’ai pas quitté, et la plupart de mes amis webmasters non plus. On est plus en observation… Le positif, c’est que ça force à penser différemment notre circulation, nos associations dans Internet, c’est un bon laboratoire parce que sur une question centrale, qui rebondit sur l’organisation de nos sites. En particulier sur cette liaison en « temps réel » avec ce que fait la personne qui tient le site. Et puis on a un peu détourné « face de bouc » (mais c’est précisément son axiome de base, de pouvoir être détourné ou modelé), en une sorte de réseau privé d’échange express entre webmasters : c’est la première fois qu’on le fait…

Etiez-vous auparavant un adepte de myspace.com ?
Myspace est un outil formidable pour les musiciens, parce que c’est une carte de visite multimedia où on tombe tout de suite sur l’atelier, les dernières maquettes, l’agenda, les musiciens proches. Pour nos sites littérature, où on parle de livres, où on marche beaucoup avec le texte, ça n’a pas pris de la même façon. Quand je vais sur Myspace, c’est pour suivre le travail de musiciens.

Que pensez-vous de l’immense réussite de Facebook ? Que dit-il sur notre société ?
C’est pour l’instant une réussite encore fragile : la pub qu’il y a sur le côté, personne ne la regarde, les annonceurs finiront par le comprendre. D’autre part, on échange beaucoup de messages et de paroles, mais quasiment pas de contenu. Facebook permet d’indiquer à des communautés très restreintes les nouveaux contenus Internet qui lui restent extérieurs. C’est très amusant la prolifération des groupes, et leurs intitulés, mais ces groupes ne sont guère plus que des répertoires de liens comme deli.cio.us, un autre réseau social intéressant.

Quelle est votre opinion sur les amitiés en ligne ?
La notion d’ « ami » développée par Facebook ne permet pas de différencier l’amitié privée (les groupes d’anciens de lycée), des relations professionnelles qu’on va suivre (je suis « ami » sur Facebook, par convention réciproque, avec des gens auxquels rien ne me rattache, sauf ce souhait d’être informé de leur activité). Par contre, oui, en 10 ans, des relations nées par Internet, depuis le Japon, les USA, ou n’importe où, sont devenues des amitiés réelles, de solide compagnonnage. Un ami prof de philo à Angoulême a créé un groupe Facebook uniquement pour échanger avec ses élèves, là on a un bon modèle : il ne s’agit pas de refaire « meetic » ni une resucée hippy du « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », mais un outil pertinent à micro échelle, malgré l’immensité autour… Observons donc.

Merci à Géraldine Catalino.

 

fragments - du risque d’un Internet à 2 vitesses


Ci-dessous le billet original : prolongation en cours de la suite numérotée de fragments sur Internet, dont j’avais déjà reproduit une séquence.

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Un des critères les plus passionnants d’Internet, c’est la façon dont il est sans cesse parcouru d’un mouvement quasi ondulaire d’associations et regroupements des sites qui le constituent, en même temps que se propage la quantité horizontale de ces sites, et que s’intensifie aussi la concentration verticale, chaque outil un peu pertinent qui voit le jour étant revenu le plus vite possible par son inventeur à une des méga-structures, qui du coup s’alourdissent encore.

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Ce mouvement de propagation des associations de site, bizarrement, il est quasi fossile dans l’Internet : déjà, vers 1997, on avait des « anneaux » qui permettaient de passer d’un site à un autre d’une mini-communauté, ou d’en choisir un élément au hasard.

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On aurait pu imaginer une autre topologie pour la progression du Net : si les organismes professionnels (SGDL, MdE, SACD, ou pourquoi pas magazines ou libraires…), voire même les grandes institutions (me souviens discussion avortée avec Beaubourg sur ces questions), avaient proposé d’associer des auteurs à leurs contenus réactionnels, plutôt que laisser proliférer les sites personnels, mouvement qui ensuite a éclaté et proliféré à une nouvelle échelle via l’arrivée de l’outil blog. Du coup, l’Internet littéraire se déploie de fait sur les sites tels qu’ils se présentent, via leurs inventeurs, alors que la communauté des auteurs reste dans son immense masse absente (encore un courrier amical avant-hier d’un auteur sollicité : « tout réserver au livre à venir »), sauf via les pages fonctionnelles ou promotionnelles des sites d’éditeur. Ce paradoxe a un versant effrayant : à décider de rester dans l’ombre propice de la table à écrire, et le manuscrit remis à l’éditeur, la communauté littéraire se sépare de l’intervention dans le monde, s’isole dans ses pratiques les plus traditionnelles (ces écrivains qui n’ont pas de site utilisent pourtant quotidiennement leur e-mail et n’hésitent pas à être très agressifs avec nous autres, bricoleurs de site, comme s’il s’agissait de leur passer sur les pieds). Mais à un versant fascinant : un territoire littéraire se crée et se structure (comme Internet se structure : par accumulation de contenus, tout d’abord, et aussi pragmatique que cela paraisse) en dehors de la disposition intellectuelle constituée traditionnellement par la régulation critique, et ce territoire et ses agents, dans leur dispersion et – aussi – leur non-inscription de champ, devient de fait une spécificité littéraire complémentaire qui se juxtapose aux pratiques existantes.

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Corollaire 1 : traiter globalement cette communauté de singes assis à leurs claviers, comme le reprenait récemment d’un bouquin américain, mi figue mi raisin à son habitude, Pierre Assouline (des millions de singes devant des millions de claviers, sous prétexte qu’elle n’est pas dépositaire de tradition critique, c’est louper la cible. On peut le déplorer, mais faute d’avoir pris le train au moment où il s’ébranlait (hors Matricule des Anges, et, cas çà part, le site France Culture), l’Internet littéraire ne peut plus, désormais, résulter de la seule transposition virtuelle, en admettant qu’ils la souhaitent ou la réussissent, des médiateurs critiques traditionnels. La spécificité de Pierre Assouline jouant solo hors du Monde des Livres qui lui sert pourtant de support matériel en est un des exemples.

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Corollaire 2 : c’est la fonction critique elle-même qui voit sa pertinence se déplacer, non pas cesser, par la non-spécialisation globale d’Internet. Si la notion de « site personnel » a pu privilégier la naissance de blogs basés sur l’écriture de l’intime, le chantier d’écriture au jour le jour, jamais l’Internet littéraire ne s’est réduit à ces dimensions prises exclusivement. Par contre, les sites exclusivement critiques, c’est-à-dire médiation entre le livre publié et son public éventuel, s’usent très vite, sauf modèle très spécifique d’interactivité comme l’étonnant zazieweb. La fonction critique n’appartient plus de fait à une spécificité pré-définie, mais le paradoxe d’Internet c’est qu’il exige et permet ce surgissement non discursif du lien au livre. Une enquête complémentaire au livre (Bourdais sur Bergounioux, Rebollar sur Flaubert) ou pourquoi simplement la façon dont on reçoit le livre (la librairie Litote en tête et le Cabinet des curiosités médicales du cousin de la libraire).

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Quel rapport avec facebook, dont on nous dit qu’il collecte 80 000 nouveaux inscrits par jour en France ? Aucun, sinon que l’articulation entre les sites, et la complexité de la notion de réseau a toujours été un enjeu vital d’Internet. Dès le départ (en 1996-1997, le répertoire du site américain clic-net), chacun pouvait répertorier, dans une page spéciale de son site, la quasi totalité de l’Internet littéraire : chaque site menait à la totalité des autres, mais en privilégiant et exhibant ses affinités.

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Dans l’explosion horizontale d’Internet, évidemment ce n’était plus possible, sauf l’exemplaire labyrinthe qui est resté la seule tentative exhaustive. D’autre part, une page de liens est aussi un visage, de camaraderie, de travail complémentaire, qui vaut aussi, pour chacun, par ses silences et ses absences (non, je ne vous ferai pas la liste des sites ne figurant pas dans mes liens !). Les blogs ont déplacé là aussi ces modèles d’association, en réduisant à une poignée les liens affichés en permanence sur leur page, éclatant la possibilité de regard synthétique. Je crois que ma propre page liens est à la fois la page la plus ancienne de mon site, dix ans pile cette fin août, mais la plus constamment tenue à jour, et elle en reste aussi une des plus consultées.

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L’autre critère qui a bouleversé l’organisation affinitaire des liens, c’est bien sûr l’apparition du petit signal orange en bas à droite, le rss. Comme toutes les révolutions successives d’Internet, imprévisible et naissant d’un détail.

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La révolution rss : le dimanche matin, il y a 3 ou 4 ans, l’Internet faisait salon, on prenait chacun 2 heures pour aller lire les nouveautés sur les blogs et sites amis. En évacuant les petits carrés pré-fournis par Netvibes, et en les remplaçant par les sites qui nous importent, classés par rubriques (littérature, blogs à suivre, presse, informatique, image), on a d’un coup d’œil, comme dans le journal quotidien, ceux qui ont fait une mise à jour, et en quoi elle consiste, par seul balayage de souris. Du coup, les sites qui n’ont pas évolué vers le rss on ne les regarde plus, comme on perd l’habitude des lettres mises dans des enveloppes et portées à la poste.

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Quel rapport à facebook ? Aucun, sinon qu’en organisant et classant graphiquement, par netvibes, bloglines ou les 2 ou 3 autres feedburner disponibles, nous créons nous-mêmes un réseau de site, qu’il nous est loisible d’ailleurs de mettre publiquement en partage (les univers de netvibes). On passe d’un Internet personnel, avec liens selon affinités, à un réseau dans le réseau.

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On assiste donc depuis 2 ou 3 ans à un autre mouvement ondulatoire à la surface du Net : la naissance d’agrégateurs qui ne comportent pas de contenu propre, mais utilisent le contenu des autres sites pour le produire dans une nouvelle hiérarchie, donnant aux sites qu’ils incluent un public plus large, validant symboliquement ces sites, mais les insérant dans leur logique propre, marchande (pub) par exemple.

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Je suis ainsi très fier que tiers livre ait été retenu dans la sélection de sites littérature proposée par le CNL, m’étonnant en même temps d’y trouver reprise (agrégation d’agrégateurs), les news littérature de Google), et sans savoir pourquoi d’autres absences (lignes de fuite, par exemple, n’en fait pas partie).

1430 ter
J’avais proposé l’an dernier à Bernard Stiegler, qui me sollicitait à cet effet mais m’a éconduit en disant qu’il m’avait connu des idées plus brillantes et ne m’a jamais reparlé depuis, ce que je regrette, la construction sous l’égide de son institut de Beaubourg d’un agrégateur basé sur le Net artistique, critique, philosophique, littéraire, avec un noyau permanent et des artistes, auteurs, intellectuels, invités à proposer leur propre sélection (y compris des auteurs qu’on aiderait pour ça, manière de les mouiller dans la toile) et une armature, via les informaticiens du centre, qui en fasse un objet un peu plus performant que ceux qu’on connaît. Il ne serait pas trop tard. C’est confirmé par la façon dont les sites de presse s’associent des blogueurs, même si, c’est quelquefois un peu dérisoire ou comique, à préférer confier leurs blogs à des novices plutôt que coopérer avec les sites existants, la pertinence n’est pas toujours au rendez-vous.

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Le précurseur de ces agrégateurs reste rezo.net, vrai creuset militant. Une prolongation de ces modèles c’est l’outil technorati, si commode pour savoir quels blogs vous font l’honneur de commentaires, bienveillants ou très baveux : là on approche de la question de réseau social : si technorati était massivement investi par les blogs de littérature, l’outil permet une sorte de suivie synoptique d’un des paramètres essentiels du Net, à savoir comment les sites et blogs s’expriment les uns vis-à-vis des autres. Paramètre essentiel si ce décompte des liens parlant d’un de vos articles est devenu via Google (ou même des expériences comme l’étrange classement wikio, si peu pertinent dans ses mélanges), la clé de voûte de l’organisation des circulations et flux dans Internet, et aussi pour l’échec relatif (bien sûr, on connaît tous des exceptions) de l’outil commentaire, la discussion en ligne après le billet comme le débat après le film dans les anciens ciné-clubs. Nous intervenons tous via commentaires sur les blogs amis, on sait désormais que ce que nomme révolution web 2.0 n’est pas dans cette démultiplication du parlé (l’inanité des forums dans les sites de presse), mais précisément dans une nouvelle façon d’articuler les sites les uns avec les autres.

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Quel rapport avec facebook ? Justement qu’il s’agit d’un outil, apparemment fruste, caricatural, maladroit, graphiquement terne, sans doute moins performant que technorati, mais qui a imposé, uniquement par la quantité de ses inscrits, un outil d’association non plus des contenus de site, mais de l’activité même d’Internet.

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Je réfute les classements de facebook : aux USA, on se regroupe selon l’entreprise ou la région géographique, et on peut entrecroiser ces champs, mais aucun classement de métier proposé par face book n’accepte nos catégories, nous qui ne sommes pas regroupés par entreprises. Et je refuse d’inscrire « FRANCE » comme lieu géographique qui créerait une sorte de communauté comme « MICHIGAN SUD » : nous avons su garder un Internet ont la richesse c’est l’impossibilité de géo-localisation, on ne va pas régresser si vite. Une évolution organique de facebookserait-elle possible, dans une version française, qui nous laisserait classer nos « amis » selon les rapports privés, les catégories professionnelles, et une localisation qui ne nous cantonne pas au critère « FRANCE » ?

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Je refuse évidemment encore plus les minables découpes de la personnalité proposées par l’immature facebook : la politique entre républicain, démocrate ou révolutionnaire, la religion posée comme critère d’office pareil que sur la feuille de visa d’entrée aux States, pour un peu on vous demanderait vos maladies, le livre préféré, la musique le plus écoutée et tout à l’avenant. Ridicule, même aux yeux de mes meilleurs amis américains.

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Alors évidemment, le plus facile est de s’abstenir. Pourquoi aller créer des forums d’échange à l’intérieur de facebook, qui sont une caricature des interventions complexes qu’on trouve sur la feuille ou affordance ?

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On déclare quelqu’un son ami, ou on accepte comme tel la demande d’un ou d’une inconnue, et voilà que sur sa propre page s’affiche en permanence l’activité face book de la totalité de votre mini-communauté. Que cela vous importe (les amis de vos amis, à quoi réfléchissent-ils et qui sont leurs amis ?) ou vous laisse indifférent pareillement. Une autre novation de facebook c’est d’insérer des applications en plug-in. J’ai pu insérer facilement sur mon profil face book un agrégateur concernant ce blog.

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J’arrête, mais juste sur une question : ce genre d’outil suppose d’être, non pas virtuose, mais suffisamment accro ou narco-dépendant à l’Internet pour que rajouter une case très spécialisée à la gamme de ses consultations et tableau de bord ne soit pas pénalisant. D’autre part, si cet outil est né d’un souhait assez banal, que font les copains de classe, les copains de boulot, les Internetteurs de ma ville, il est tellement rustre comme outil, vu de notre côté de l’Atlantique, qu’on y trouve surtout, pour le moment, les responsables de blogs et de sites. Avec l’impression, puisqu’une des spécificités des outils Internet c’est d’être chaque fois comme une bulle malléable, qui prend forme par les contenus qu’on y met, de devenir une sorte de plate-forme d’échange, discrète pour l’instant, très rapide et disposant d’un outil d’association comme on n’avait jamais vu, entre ceux qui fabriquent le web : on ne s’engueule pas ici comme sur les commentaires et forums.

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Pourquoi parler de facebook ? Finalement je reste très indifférent à face book, et je préfère m’exprimer directement sur tiers livre que dans ce café Internet comme je viens de les pratiquer tout ce mois à l’étranger : on entre dans l’ombre d’un fond de bistrot, on commande un café, on reconnaît Bruce Springsteen dans les enceintes, on se connecte, et puis, quand on est habitué à l’ombre, on reconnaît autour de soi 5 ou 6 types pareillement accrochés à leur laptop, chacun dans sa langue et une occupation qui ne rejoint pas celle du voisin. Je suis même vraiment heureux que nous ayons, nous qui sommes aux permanentes manettes de bricolage des outils Internet (parce que nous n’y sommes pas en vainqueurs, ou fiers comme sur une motocyclette, mais permanents apprentis de manipulations mouvantes et pragmatiques), de disposer d’un lien d’échange direct avec celles et ceux qui y sont mes compagnons, et non pas singes à leur clavier, indépendamment de la diversité et la spécificité de nos sites. Mais la naissance de fait d’un Internet à 2 vitesses, l’Internet de ceux qui le parcourent, et l’Internet de ceux qui le font, même si la frontière est heureusement encore si peu définie, c’est une question que je n’ai pas vu encore évoquée en ces termes, et qui me turlupine.


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1ère mise en ligne 15 septembre 2007 et dernière modification le 30 octobre 2017
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