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dictionnaire | abandon, s’abandonner

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abandon, s’abandonner


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Abandon : Moment déchirant, l’abandon de l’écriture, ou moment triste, l’abandon d’un texte, accident grave ou simple accrochage ? J’ai voulu écrire mon premier texte à trente ans, je m’étais mis en tête d’écrire un roman policier. Je n’avais jamais écrit une ligne, pas la moindre petite nouvelle. Après quelques pages, j’ai abandonné, scotché comme un moustique sur un pare-brise, incapable de trouver une issue pour avancer, alors j’ai oublié mon rêve, j’ai vécu sans. J’ai bien vécu malgré cette petite partie de moi qui était comme légèrement cabossée. Vingt ans plus tard, les hasards de la vie m’ont donné l’occasion d’écrire à nouveau. Les années passées m’ont sûrement permis d’avoir l’assurance nécessaire, depuis je ne me suis plus arrêté. J’ai abandonné un roman après soixante pages, sans regret, je n’étais pas prêt. J’ai abandonné quelques nouvelles, quand le feu ne prend pas, il faut avancer et laisser de côté, j’ai écrit des micro-nouvelles, des nouvelles, un roman. L’abandon d’un texte, ce n’est pas plus qu’une qu’une rayure sur la tôle, quand la voiture est belle et neuve on râle, mais ce n’est qu’un petit accident d’écriture, si cela vous arrive, rien de grave, on fait le constat, on avance et on continu sa route.

entrée proposée par Laurent Stratos

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Abandonner la ligne droite pour la ligne brisée -– abandonner la maîtrise des événements pour pénétrer la jungle -– abandonner le cadre, glisser par les sentiers là où ça s’ouvre, végétal épaissi par les pluies récentes, terre boueuse effondrée –- abandonner les règles et les lois du genre -– succomber à l’instinct, à la course folle du récit, parfois tenter des raccourcis proposés par les rêves, ne pas résister, s’abandonner.

entrée proposée par Françoise Renaud

3

Parmi toutes les formes de l’abandon, il en est une qui ne dit pas son nom ; qui se cache sous des airs de maitrise à l’œuvre. C’est l’abandon des perfectionnistes. De ceux qui jusqu’à épuisement du texte en son chemin : reprennent, déplacent substituent ; avec l’apparence du calme et de la pleine maitrise de soi. Qui font inlassablement retour. D’abord avec une idée précise : pour une correction grammaticale impérative, un synonyme qui dirait mieux, un temps plus exact, une ligne reportée, une autre supprimée, pour… Qui de modifications en retours, de biffures en biffures épuisent le texte encore à l’état naissant. Plus s’épuisent eux mêmes. Laissent alors le texte — il ne demandait qu’à croitre, en vrac. Démantelé ou exsangue. Ils ont anéanti tout retour possible d’un élan. Ils ont tué leur désir. C’est l’abandon par K.O.

entrée proposée par Nathalie Holt

4

Abandon n’est pas rupture. Et sans doute est-il possible, comme Gide le croit, que le cerveau se mette en jachère parfois. Mes jachèrances prennent leur temps : plusieurs étés, plusieurs hivers, des années qu’elle durent. Sur l’élan d’un deuxième roman policier, le titre d’un troisième me hante depuis longtemps. Ce titre dont la misogynie inquiète beaucoup une amie qui m’est très chère, m’a poussé à écrire. La scénarisation de ce troisième roman est bouclée depuis des années, ses personnages sont tous définis, plusieurs chapitres sont entièrement rédigés. Il ne faudrait que quelques mois de travail assidu pour rendre à mon éditeur le fichier d’un manuscrit d’environ 250 pages susceptible de se transformer en livre dans sa collection « Nera ». A quoi bon ? Ne rien faire, laisser aller, s’abandonner à rien, s’abandonner tout court n’est pas désagréable. Jachèrer est plus confortable que scripturer. Et jachèrer apprivoise fort bien ma paresse fainéante. Un déclencheur peut être pourrait me faire passer de la jachère au labour, de la sieste au labeur. Si seulement scripturer était un moyen de combler ce temps inutile qui me sépare de cette amie bien aimée. En finir avec ce roman à l’abandon dont le titre l’effraie ? Et la retrouver ainsi dans le labyrinthe des mots ?

entrée proposée par Ugo Pandolfi

 



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1ère mise en ligne 8 avril 2021 et dernière modification le 18 mai 2021.
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