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dictionnaire | verbe

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verbe


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1

L’article verbe devrait être un des plus importants de ce dictionnaire et bénéficier d’un traitement à part.

entrée proposée par FB

2

On commencerait par faire le ménage : se dresse, trône, se situe (liste à compléter) pour un inventaire des verbes éjectables. Le verbe éjectable tue la phrase. Supprimez-le, tout saut à la figure, avec du brillant. Mais combien de fois il faut en reprendre l’exemple. Un verbe qu’on peut enlever est un verbe qu’on doit enlever.

entrée proposée par FB

3

Ouvrir n’importe où Saint-Simon : dans n’importe quelle phrase, trois formes verbales qui s’assemblent. Une triangulation comme de charpente métallique. Alors le centre de gravité de la phrase porte sur les verbes, et non plus sur le sujet. Ce qui s’écrit n’est plus affaire d’individus maîtres de leur je, mais du jeu social qui les agit comme tels. C’est la grandeur de Saint-Simon et comment il a bousculé la langue : pour chacun de nous, y constamment revenir parce que tout le reste de la langue dans son flux ordinaire reste sous la domination du sujet. L’ouvrir, pour écrire.

entrée proposée par FB

4

Dans La chair de l’homme, Valère Novarina, pour en assembler le flux, constitue ce qu’il nomme des rosaces : la première (l’installation de la fête foraine annuelle à Thonon-les-Bains, la ville de Savoie où vit l’enfant de dix ans), avec 1 200 verbes d’action, et la deuxième (définitions de Dieu) avec 800 verbes abstraits. S’en souvenir (abstrait) pour écrire (action).

entrée proposée par FB

5

Dans Mal vu mal dit de Samuel Beckett (texte bref au demeurant), il y a au moins une phrase où d’évidence on est à l’intérieur de la cabane en son début, et à l’extérieur de la cabane à sa fin : tel est le mystère du verbe, le réel vient après.

entrée proposée par FB

6

J’en avais assez de cet usage non contrôlé du passé simple, comme citer une convention vide qui vous dit : ceci est récit. Donc sur un coup de tête, sans préparation, j’ai proposé l’exercice suivant, avec des exemples pris chez Flaubert où justement cette convention devient enjeu, d’écrire une phrase au passé simple, d’ouvrir une parenthèse et écrire au présent tout ce que contenait le passé simple. Ça a été un magnifique atelier. Telle est la force du verbe : il est temps et dire du temps, en même temps qu’organisateur agissant les éléments de la phrase qu’ils deviennent sens.

entrée proposée par FB

7

La langue allemande se réserve de placer le verbe à sa toute fin, laissant paraître d’un coup le sens relevé de la phrase depuis le tampon mental des syntagmes qu’on vient d’accumuler mémoriellement, mais chaque mot marqué de sa fonction grammaticale, ce dont le français est dépourvu (hors quelques traces fossiles, la fin du XVIe siècle étant l’ultime transition). Ce qui permet à Franz Kafka d’écrire : « La force d’une image c’est le temps qu’on met à prononcer les mots ». Dans ce manque d’un rouage qui, dans la langue-sœur (on a plusieurs langues-sœur, en Europe), fait tenir à bras-le-corps tout le rêve et le fantastique, avoir toujours en tête ce que ce manque comblerait, et distordre pour compenser.

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8

L’anglais aime le passif : il dénote l’état stable de ce qui est. En français, on le rend par une forme active, simplement laissée immobile. Si on prend le passif, la subjectivité avale tout comme une boue molle. Donc on transpose, tout traducteur transpose, on a le même problème avec le statut des articles définis et indéfinis, ils peuvent s’inverser d’une langue à l’autre. Seulement, dans cette porosité accrue de la langue ordinaire, le passif s’insinue. Il opacifie la langue au lieu de lui donner une ombre. Se méfier.

entrée proposée par FB

9

« Je dis : », et donc je dis que je vais dire, mais le verbe ne contient pas ce qu’il annonce, juste le fait qu’on va l’énoncer. Le contenu du verbe est hors de lui, il ne contient que la forme à venir de ce qu’il ne contient pas. Quand on écrit un verbe, avoir toujours conscience de comment et en quoi il manifeste ce qu’il ne contient pas — qu’on l’ait déjà énoncé ou pas, la preuve si la phrase se conclut par « dit-il ».

entrée proposée par FB

10

[FRÉQUENTATIF] Lors d’une visite qu’on me rend, on m’apporte ce mot, un peu comme une boîte de chocolats : à l’intérieur, des chocolats, de formes et de parfums différents, emballés ou non, et le cas échéant, plusieurs couleurs de papier métallisé. On m’appâte avec le verbe penser, prétendument fréquentatif de pencher. Renseignement pris, c’est également le fréquentatif de peser, panser et pendre. Lourde déception en découvrant que fréquentatif fait référence à la fréquence et non à la visite épatante où il est apparu. Si ce n’était pas une boîte de chocolats, je pencherais pour un bouquet de fleurs très légèrement coruscantes. ** Avec ce journal, une passion inavouée pour la grammaire se fait jour. Tout son saint-frusquin de figures de styles, de formes… un vrai petit nécessaire de toilette dans le baise-en-ville de la vieille dame au-dessus de tout soupçon. *** Clignoter est le fréquentatif de Cligner. Vivoter, de vivre. Voilà bientôt un an que nous ne nous sommes pas vu.es, quel fréquentatif imaginer au verbe manquer ?

entrée proposée par Emmanuelle Cordoliani

11

Verbe : Toujours au commencement.
(Comme un hommage à Gustave Flaubert.)

entrée proposée par Sébastien Bailly


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1ère mise en ligne et dernière modification le 10 avril 2021.
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