chaos, hasard

Chaque fois chemin chaotique, puis plongée dans un quasi-état hallucinatoire ; bureau porte fermée, silence nécessaire, je plonge dans ce qui commence à se dessiner, écris comme cela arrive, rebondis sur un mot, une sensation éveillée, puis me pose, m’étonne de ce qui se lit et ne m’appartient plus alors je regarde et j’écoute les mots, et je commence à jouer avec eux comme avec un puzzle qui serait mouvant, fractal, les mots se déplacent, les formes changent, les couleurs  ; jubilation parfois, y succède une impression de désordre, de déception, le bateau tangue, mise à l’eau, tout ruisselle, je remonte sur la barque trempée jusqu’aux os, et posément après avoir pris la peine de jeter ce qui me semble encombrer, trop d’adjectifs, d’adverbes, des platitudes, des stéréotypes, il s’ensuit un silence intérieur, une remobilisation, je reprends les rames, je parcours le texte plus concis, dépouillé, le trouvant insipide ou parfois plus juste ! Au tout début ou en cours de travail, embarrassée, désemparée, je fais parfois des détours par l’ouverture de livres pris au hasard ou ciblés sur un auteur et j’ouvre une page, pointe un mot, une expression, un passage et décide d’en faire un point d’ancrage d’inspiration ; la machine repart alors et la jubilation peut revenir jusqu’aux prochains désarrois, sentiments de solitude et d’insuffisance.