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quatrième de couverture


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La quatrième de couverture est un hameçon, équipé de son ver de terre. Il s’agit, en une poignée de lignes d’attirer le lecteur et de lui donner envie d’en avaler deux trois quatre ou mille fois plus. La difficulté de l’exercice consiste donc à choisir le ver de terre. Dodu mais pas écœurant, goûteux mais pas trop complexe, consistant sans être étouffant. Il doit dévoiler, sans tout montrer, mais sans pour autant rester creux. Il ne doit pas non plus être racoleur et promettre sans ensuite tenir, au risque de perdre le lecteur pour toujours… C’est un exercice que ne réussissent que les funambules confirmés, ceux qui sont capables d’avancer non seulement en équilibre sur un fil, mais carrément sur une pointe, la pointe de l’hameçon !

entrée proposée par Juliette Derimay

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Une des révolutions les plus étranges du bouleversement numérique du livre, c’est la séparation matérielle de l’image de couv et de la notice de présentation : sur les sites de vente, librairies traditionnelles ou groupements ou plateformes, mais aussi comme vignette reprise sur tous les articles, ce qui s’affiche c’est le petit rectangle vertical de la couv, et la notice associée n’apparaît que si on clique sur l’image. Avec des répercussions progressives aussi sur la typographie : quand on construit une couv, dans les maisons d’édition, c’est en s’assurant qu’elle restera lisible dans une réduction à 180 pixels de haut. Et puis éviter les fonds blancs merci. J’ai essayé de détourner l’affaire : sur mes couvs, un petit pitch à l’oblique qui reste lisible sur la vignette — après tout, dans l’accompagnement textuel des couvs traditionnelles, on ajoute un bandeau avec le nom de l’auteur, un avis journalistique flatteur, ou la mention d’un prix littéraire si possible vendeur. Le dernier Goncourt ou bien la rentrée littéraire de Gustave Flaubert. J’ai tendance à effacer ce pitch à l’oblique : le message de la couv doit passer par l’image seule, la langue typographique. Par contre, la notice peut s’allonger, le site affichera toujours une petite case au bout « en lire plus / lire moins », pas seulement pour le livre mais pour toutes les marchandises. Elle peut inclure des liens mais attention : si le lien vous fait quitter la page de vente, c’est zappé pour ladite vente. Je ne me souviens plus de ma première IV de couv : en général Jérôme Lindon demandait une proposition, puis la récrivait et vous n’y retrouviez plus rien. J’ai connu l’inverse : IV de couv rédigée par l’équipe éditoriale et on vous demande juste de valider, au mieux d’apporter une remarque, ou (plus souvent) la IV de couv rédigée par l’auteur et personne n’y regarde, puisqu’ensuite leur com s’appuiera plutôt sur des sample de phrases prises aux revues de presse (parfois, un adjectif leur suffit). Chez Minuit, il fallait une certaine autorité (Beckett en disposait, ou Echenoz après son Médicis) pour que Jérôme Lindon accepte de renoncer à la IV de couv. Mais souvent alors en insérant un petit marque-page (donc dépense supplémentaire) qui en faisait l’usage, et le pitch. Donc un usage éditorial venu de la base du circuit de prescription : le geste rituel qu’on a, sur une table de librairie, de soulever le parallélépipède six faces huit angles, le soupeser, le feuilleter, puis le retourner pour lire la IV de couv : ces appréciations manuscrites enfantines calligraphiées au feutre de couleur avec le prénom du ou de la libraire auteur de la recommandation ne sert qu’à provoquer ce geste et s’y faire oublier. Je lis toujours les IV de couv avec méfiance : en général on distingue facilement ce qui vient de l’auteur, ce qui vient de l’éditeur, et ce qui vient de l’attaché de presse qui demande à ce qu’on rajoute la mention avec humour. On a tous développé des usages de lecture capables de traiter des masses textuelles beaucoup plus lourdes (le feuilletage en ligne du journal du matin), et donc de synthétiser cette masse d’information en une sorte d’image texte qui permettra aussi d’en retrouver la localisation dans l’immensité du web par quelques attaches sémantiques qu’on entrera dans ses moteurs de recheche (chacun en utilisant plusieurs) — il est donc prévisible que s’éteindront les IV de couvs. Olivier Py, il y a un paquet d’années maintenant, avait donné sur scène une sorte de patchwork fait d’extraits des présentations des pièces dans les plaquettes annuelles des théâtres, je n’ai jamais vu de livre proposant une suite, trafiquée ou pas, de IV de couvs comme idée de fiction, ou même de satire. Preuve de leur fragilité : elles sont transparentes, ce à quoi on accroche c’est à ouvrir le livre et en respirer le rythme, la matière. Mais je demande pourtant, quand on est à l’étape du book proposal, qu’on rédige la sienne avant même de mettre le manuscrit en circulation : anticipez-la, votre IV de couv, avant qu’elles disparaissent.

entrée proposée par FB


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1ère mise en ligne et dernière modification le 26 mai 2021.
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