
mais non, c’est à propos de Madman Bovary, chez Verticales... plus vidéo Claro à Métropolis
Parlons sérieux. Homais, personnage essentiel de la littérature française. L’auteur, GF, raconte que son grand-père lui lisait Don Quichotte à voix haute, sur ses genoux, avant qu’il sache lire, et que tout vient de là – ou beaucoup. Donc Homais [1], bien plus tard, comme un rêve de Quichotte revisitant notre province, nos campagnes, et nos moeurs.
Le Rouge et le noir, moeurs (et non roman). L’auteur, GF, en rajoute : Madame Bovary, moeurs de province (et non roman).
Mais ce qu’on en porte : un suicide. La bêtise de Charbovary, et la mirifique description de sa casquette. Qu’Emma, personnage quand même principal, est la troisième madame Bovary à venir jouer sous ce nom dans son livre.
Et le vieil aveugle en haut de la côte. Et le fiacre rideaux fermés, tournant en rond dans les rues de Rouen.
Alors on se relit la Bovary régulièrement, on se la rejoue dans sa tête.
Homais, j’ai appris dans l’incroyable et tout neuf atelier Bovary (c’est comme ça, je n’y avais jamais pensé), n’a même pas de prénom...
Et si, alors, tout n’était que traduction ?
On se souvient de ce colonel (pas le courage d’aller chercher le livre à l’étage) qui proposait à Valéry de le traduire en vers français corrects ?
Et si, pour aller au bout de ce qui fait Flaubert, folie et pied bot, et l’élan imparable de la phrase (« Mais nous les aimons ces lourds matériaux que la phrase de Flaubert soulève et laisse retomber avec le bruit intermittent d’un excavateur »... dira Proust), il s’agissait quand même de traduire, à condition d’être à la hauteur de ce mot, traduire, et ce qu’il comporte, dit Claro, de destruction ?
Qu’on lise Claro traducteur, dans Hubert Selby Jr par exemple :
Rien à voir avec Flaubert, sûr ? Alors pas la peine d’aller chez Verticales et de lire Madman Bovary.
Allez plutôt regarder la télé, justement. Par exemple, sur Arte, ce samedi 4 mars, dans Metropolis (en ligne toute la semaine), écouter Claro parler et de la traduction, et de Flaubert, et de la langue, et de Claro – voilà l’extrait :
– Claro, interview pour Métropolis, Arte, 4’, tous droits réservés.
On n’a jamais assez de Homais, pas plus que de Don Quichotte. Alors merci à ceux qui nous permettent de nous expliquer avec notre fantasme intérieur de littérature, et de le projeter dans la folie du jour, celle que disent pour aujourd’hui les Gaddis et les Selby... Et tant pis, au passage, s’il faut que Flaubert devienne personnage de son propre livre, si la condition du psychodrame est de transformer l’histoire en tournage de film (d’autres prétendent bien tourner l’adaptation de Un coeur simple...
Et j’accompagne cette note (qui ne parle pas de Madman Bovary, mais on peut en trouver des pistes ici, et ici, et ici.., de trois textes qui disent la même chose, cette violence et la langue : Claro. Allez-y avant de tomber dans son clavier cannibale, à Claro, mais lisez extraits au passage...
Allez donc parler raisonnablement d’un livre avec ce type.
[1] Et puisqu’il me traite de facétieux, Claro, je précise qu’il s’agit bien des pages 116 à 122 de Madman Bovary, juste avant l’entrée en scène de la petite vieille des Comices, qui nous aurait bien manqué elle aussi si elle n’avait pas été dans le casting : « C’est Homais qu’il me faut », attaque Claro p 89, « Me voilà Homais à deux cents pour cent », dit Claro p 102, « Homais m’habite à temps complet », contrepète d’ailleurs Claro p 104...
1ère mise en ligne et dernière modification le 4 mars 2008
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