Bernard Stiegler | L’avenir du travail

une réflexion considérable sur la mutation actuellement la plus tabou de notre société


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C’était dans la logique de tout le travail de Stiegler depuis des années qu’il descende un jour dans la cave de ce qui sous-tend toute son approche, le coeur le plus tabou de la transition de notre société – le travail.

Non plus les techniques, non plus la communauté, mais l’organisation du travail : comment fonctionnerait une société où un quart des personnes n’aurait pas d’emploi ?

Dans la mutation actuelle des services, de la production, la robotisation des tâches et l’émergence d’une poignée d’entreprises concentrationnaires (comme Google, Facebook, Apple et quelques autres concentrent les outils matériels et relationnels, et leurs prolongations langagières), quelle chance ou quelle catastrophe en amorce pour une humanité confrontée à sa propre survie ?

Stiegler reprend Marx, mais surtout reprend la piste essentielle (combien sommes-nous à être venus à Simondon par son intermédiaire...) de la relation de la pensée à l’outil, des représentations mentales au faire, dans cette mutation structurelle qui semble bien irréversible.

Lire à haute voix ? C’est un livre difficile. Stiegler, pour marquer les rouages mobiles de sa pensée, déploie tout un appareil sémantique de mots qui spatialisent ce chemin mental. Sa pensée superpose en permanence deux strates historiques, aussi bien quant à l’histoire humaine que quant à l’histoire intellectuelle de ce qui nomme ces processus, à une troisième strate politique de renvoi au présent. Donc lecture longue, active, silencieuse, riche. Pas un de nous à être indemne de cette réflexion, et ce livre est un saut en avant.

Alors oui, pourtant, lire à haute voix ici, sur le Kindle bibliothèque portable, à ce 10ème étage plein vent : d’un côté le port d’Oakland et le ballet des porte-conteneurs en provenance de Chine (où Stiegler va souvent), là où nous avons délibérément installé la quasi-totalité de l’appareil productif mondialisé. De l’autre côté, derrière les collines en direction de Palo Alto, Cuppertino, Mountain View, ce qui symbolise cette concentration même. Double matérialité du monde numérique. Et, juste dessous, la ville en construction permanente : oui, lire sur bruit de marteau-piqueur parce que se construit un nouvel immeuble pour loger ceux qui viennent ici s’employer dans cette ville mondialisée de la production numérique.

Bien sûr aussi questionnement sur le livre, alors que Stiegler a fait depuis longtemps le choix d’une implication web majeure pour ses interventions et conférences, notamment via l’association Ars Industrialis ou l’Institut pour la Recherche et l’Innovation (IRI).


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 la clé d’entrée pour Stiegler sur web : Ars industrialis ;
 entretien avec Bernard Stiegler : l’emploi est mort, vive le travail ;
 vidéo conf : Bernard Stiegler, la société automatique ;
 série lectures à la lampe de poche sur YouTube ;
 photo haut de page : B.S., photo iPhone F.B., 22.05.2015.

responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 29 juillet 2015
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