36 | une fois même au ministère de l’Éduc Nat’

Et ce mystère que jamais tu ne te souviennes rien de ce qu’il y avait dans les assiettes, pourtant le compte de ces repas avec service il est vite fait, tu entres au ministère rue de Bellechasse par une entrée très discrète de la rue transversale paraît-il l’appartement du ministre, le souvenir de pièces exiguës beaucoup plus que ce à quoi tu te serais attendu, que tu gardes ton sac avec ordi à tes pieds malgré le larbin qui veut t’en débarrasser, ce sont des repas dits de travail il doit être 20 heures, on est quatre invités face au roi africain et ses adjoints mais c’est comme le contenu des assiettes, ça file dans le blanc mémoire, à côté de Jack Lang (cette rare période où ministères de la culture et de l’éducation ont été réunis) il y a son directeur de cabinet mais celui-ci il nous pige quand on parle ateliers d’écriture, c’est le moment de la mise en place du sujet dit « d’invention » au bac français et ce sera suivi quelques semaines plus tard d’une réunion de travail avec ce même directeur de cabinet, mais là ce genre de repas quand on te demande de parler il y a juste en face des signes d’assentiment à l’attention du chef de cabinet l’air de dire : — Notez bien ça à ma place, je ne sais pas pourquoi avec nous trois ils ont invité d’autres zigotos livre et édition qui disent précisément le contraire, je sors de mon sac un livre concocté avec Patrick Souchon justement sur ce qu’on peut faire en tant qu’auteurs dans le système scolaire (ça finira vite, un « inspecteur général » nous balançant dans cette réunion ultérieure : — Amusez-vous dans les collèges tant que vous voulez mais ne touchez pas au lycée, Lang a l’air surpris que je sorte ce bouquin de sous ma chaise mais fait semblant, puis le passe à son directeur de cabinet, fin de ma relation avec les autorités d’État on laisse place à d’autres grugés.