79 | Philadelphie, premier diner

tags : USA, Philadelphie, 2002, Philippe Met


Ce texte est un fragment d’un travail en cours, amorcé le 20 décembre 2020 et non destiné à publication hors site (pour l’instant).

Le principe est d’aller par une phrase par lieu précis de remémoration, et d’établir la dominante sur la description même, si lacunaire qu’elle soit, du lieu — donc public, puisque bar, bistrot, resto — de la remémoration.

La rédaction ni la publication ne sont chronologiques, restent principalement textuelles, et la proposition de lecture s’appuie principalement sur la navigation par mots-clés depuis la page des index lieux, noms, dates.

Point régulier sur l’avancée de ce chantier dans le journal #Patreon.

 

79 | Philadelphie, premier diner


La première fois aux USA c’était atterrissage Philadelphie, et si facile qu’on n’a jamais compris pourquoi on ne l’avait pas fait plus tôt, et tout d’abord découvrir ce qui ensuite deviendrait ce plaisir un peu suspendu : tu décolles en milieu de matinée (même si cela suppose, pour nous provinciaux, de venir s’héberger à Roissy le soir suivant), et tu sors de la douane et de la queue immigration non pas le soir comme ton horloge biologique voudrait te le faire croire, mais en fin de la même matinée, éclipse du temps, et toute une journée encore ouverte comme s’il s’agissait d’heures volées, avec le cerveau pas bien en place pour appréhender ce qui se passe (d’ailleurs le lendemain ce sera réveil à 5 heures du mat’), et la ville alors qui se déroule comme un film, et là donc la ville cette austère et calme Philadelphie, on y reviendrait au moins trois fois merci Philippe Met, on apprendrait à retrouver la ville comme une vieille amie solide, non pas européenne certes mais gardant cette façon presque coloniale, une Angleterre transplantée avec ses bow-windows et ses dimensions presque encore pour piétons contrairement aux villes plus récentes, le port à un bout côté fleuve et la fac en remontant tout droit vers l’autre bout, des quartiers calmes, le musée et la Barnes (l’ancienne, la nouvelle, on verrait les deux), et puis ce premier soir la timidité à entrer dans les restaurants, presque même la difficulté à savoir ce qui était restaurant ici tout près de l’hôtel ça semblait chaud, ouvert, facile ou populeux donc se glisser, c’était une sorte de labyrinthe de boxes avec banquettes mais une fois assis qui vous arrivaient à peine à l’épaule et à peine assis dans le box voisin la serveuse plaçait une tablée de quatre policiers dont le moindre faisait deux fois mon format et tout lestés encore de leurs colts et menottes matraques comme si c’était normal de les apporter là et commandant finalement la même chose ou bien l’image rabâchée de tout film qui se respecte, mais là porté à rire et plaisanter, en tout cas connaître tout le monde ou faire comme si et tout le monde donc trouvant ça normal, ce brassage, on aurait souvent de nouveau cette sensation mais celle-ci resterait la plus marquante, premier contact avec l’univers des diners — puis cette surprise qu’à cette langue aboyée, galopante et idiomatique, encore Philly ce n’est certes pas le pire, on ne comprenait rien mais alors rien de rien, ça aussi on s’habituerait.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 27 janvier 2022
merci aux 125 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page