81 | Philadelphie, bar de nuit

tags : USA, Philadelphie, 2015


Ce texte est un fragment d’un travail en cours, amorcé le 20 décembre 2020 et non destiné à publication hors site (pour l’instant).

Le principe est d’aller par une phrase par lieu précis de remémoration, et d’établir la dominante sur la description même, si lacunaire qu’elle soit, du lieu — donc public, puisque bar, bistrot, resto — de la remémoration.

La rédaction ni la publication ne sont chronologiques, restent principalement textuelles, et la proposition de lecture s’appuie principalement sur la navigation par mots-clés depuis la page des index lieux, noms, dates.

Point régulier sur l’avancée de ce chantier dans le journal #Patreon.

 

81 | Philadelphie, bar de nuit


Philadelphie aussi ce souvenir : parfois il peut suffire juste de ce coup de barre du soir pour récupération en cours du décalage horaire, de la journée belle mais harassante si tu as conjugué la fac, le musée, la ville en tout cas il était près de minuit et on avait faim, tout était soit désert soit fermé, on était remonté par des petites rues adjacentes à l’hôtel, à Paris aussi chaque avenue a sur l’arrière une rue bien plus étroite qui est comme une rue de service, de livraisons, de commodités et sans plus aucun apparat, soudain une autre Philadelphie émergeait qui était comme une sorte de Londres à la Dickens puisqu’en plein jour, camions ou crasse jamais tu ne te serais engagé dans ces ruelles mais il y avait cette enseigne bleue avec le mot pizza clignotant (ce n’est pas vraiment exceptionnel ni rare, le mot pizza clignotant rouge ou bleu ou jaune dans les nuits américaines), et puis soudain comme retrouver tout ce monde agité, bousculé, rapide, on était certainement les seuls touristes dans le caboulot où les gens de nuit (travaillant la nuit) entraient et ressortaient avec des pochons à emporter, nous on s’était assis mais on repartirait aussi avec un doggy bag puisque les portions n’étaient pas à notre discrète mesure, on avait payé trois sous mais ces nuages de vapeur et fumée, ces fritures qui semblaient dépasser en volume sonore la radio commerciale et ses raps, et puis ce qui me reste, ce manège étrange à tel moment d’un type lui parfaitement habillé, mais rien de caricatural, rien de voyant ou d’affecté ou à peine sauf que ce n’était pas le genre des autres types — que des hommes ou surtout des hommes — venus s’asseoir ici ou emportant vers leurs activités de nuit les pochons façon doggy bag et les canettes, je crois même qu’avec le type on avait échangé quelques mots, il avait dû rester une vingtaine de minutes mais à un moment précis la fille de la caisse lui avait remis en liquide une liasse aussi disproportionnée que leurs pizzas brûlantes, et il était reparti dans la rue, la liasse glissée dans le col de sa veste toute

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 27 janvier 2022
merci aux 251 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page