retour François Bon, journal
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| Virée Toulouse les 10 et 11 novembre, Daewoo au Théâtre national de Toulouse, et rencontre à Ombres Blanches |
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On commence toujours très modestement par du train, 4h45 de TGV avec changement Bordeaux Saint-Jean, via Libourne ou arrêt Futuroscope. Et tout au bout du voyage, on trouvera un autre ces lieux introuvable si on ne donne pas la clé, et qui pourtant semblent d'avance familiers...
Deux "journal images" la même semaine c'est beaucoup, mais après ça va ralentir, et c'est devenu presque un rituel de retour, là directement dans le train du vendredi matin. Ombres Blanches, c'est une librairie qui a grandi depuis un local minuscule, mangeant tout un quartier par l'intérieur, rejoignant les bulles successives de l'agrandissement par des passages creusés dans les murs: c'est un labyrinthe, une grotte, mais il n'y a pas de plus belle métaphore pour le livre, alors on va de salle en salle comme à toujours découvrir une autre facette du pur fantasme de disposer de tous les livres. La dernière fois, quand j'étais venu pour Rolling Stones, une biographie, on entrait encore par la petite librairie des débuts: Christian Thorel a racheté la boucherie qui voisinait, et donc une fois de plus c'est une librairie multipliée que je découvre. Avec une belle audace: dans cette première pièce d'accueil de la librairie, on a affaire aux livres sur la langue, et sur les auteurs, essais, dictionnaires, questions de style. Plus d'une centaine de personnes pour la rencontre du mercredi soir, avec Franck Magloire (auteur du très beau Ouvrière, éditions de l'Aube, 2002), ça m'impressionne. Le lendemain, je prends le temps d'explorer, toujours quelques découvertes à faire, en particulier côté livres d'art, sur l'art, avec l'art...
Si Suite à l'hôtel Crystal, d'Olivier Rolin, m'a tant happé, c'est que j'ai l'habitude aussi de prendre en photo (lui a le courage de les décrire dans son carnet), ces chambres d'hôtel retrouvées trop souvent sur la route. Dans le livre d'Olivier, on a chaque fois la marque du téléviseur et la décoration sur le mur, ou bien ce qu'on voit de la fenêtre. Il s'appuie sur cette précision pour organiser son passage à la fiction. Alors aujourd'hui je regarde peut-être autrement. Olivier ne nous fait jamais grâce non plus des lampes, ni du lit...
A deux pas du Capitole, l'hôtel est confortable, on a les journaux du jour au petit-déjeuner (et pas seulement la presse locale ni radio Energie comme trop souvent), mais ils font payer à la sortie 1 euro pour chaque fois qu'on s'est connecté à Internet, via le numéro gratuit (le 3010, par quoi connexion locale via free est débitée directement sur ma propre facture téléphonique): c'est la première fois que je vois ça dans un hôtel. Moi je dis: arnaque. Je ne vous donne pas le nom de l'hôtel.
Ce jeudi 11 novembre, jour férié mais librairie ouverte, ambiance flâneuse de faux dimanche, j'attends Christian Thorel dans son bureau. Depuis 1986 que je le connais, je l'ai toujours vu en plein milieu de sa librairie: le magasin plus grand, il est contraint d'avoir ce bureau à l'étage, avec la rançon d'aller-retours incessants: j'en profite pour quelques photos indiscrètes, les cartes postales près de son ordinateur et ses téléphones, ses livres particuliers, sa vénération pour le cinéma et je découvre un collection de boîtes à neige (évidemment née de passion commune pour Walter Benjamin: d'ailleurs, les boîtes à neige de la collection de Christian semblent décliner les noms des villes dans lesquelles a passé - sauf Marseille qui n'a pas de neige - l'énigmatique Benjamin, exigence conceptuelle que Benjamin apprécierait sans nul doute)... Les téléphones, c'est que Christian est aussi un des responsables du syndicat des libraires, et dans tous les dossiers qui concernent ensemble éditeurs, libraires et auteurs, ses analyses sont pour tous une référence admise. Je ne prends jamais de décision professionnelle importante sans lui en parler amicalement, et je ne dois pas être le seul à faire pareil. On évoque le décès au mois d'août du père d'une amie proche et plus que proche. Bon, la photo en haut de page, vous savez où c'est, maintenant. Si nous sommes là, c'est parce qu'il me montre en avant-première le nouveau site d'Ombres Blanches. Nous sommes le vendredi 12 novembre, rendez-vous au lundi 15 pour la mise en ligne. Une idée qui me paraît assez magique: le site programme automatiquement l'événement du jour, permute le calendrier des rencontres et lectures. On nous propose aussi des visites thématiques, le choix des libraires, et on pourra acheter en ligne: enfin Internet pris au sérieux, et de façon créative. J'insiste pour que les interventions publiques de Christian, concernant le monde de l'édition, articles que nous sommes nombreux à archiver, figurent aussi sur le site, le webmestre est d'accord. Non, Christian, il ne s'agit pas de subjectivité ni de m'as-tu-vu-isme, mais bien d'un référent essentiel dans les secousses actuelles. Ce n'est pas chez Corti, qu'on évoque amicalement, qu'on nous démentira. Lire des articles ou déclarations de Christian Thorel, en attendant lundi, dans L'Expansion, dans L'Humanité, dans Libération, sur le site Corti, mais ses interventions précédentes dans Libération ou Le Monde sont désormais dans les archives payantes...
J'ai rendez-vous avec Philippe Berthaut, un des fondateurs de la Boutique d'écriture du Grand Toulouse et de leur journal Note(s) qui est une ressource importante désormais dans notre petit monde des ateliers d'écriture. En cours de route, l'appareil dans la poche, j'ajoute quelques items à ma collection thématique: "vitrines de coiffeur".
Très touché de l'accueil fait à Daewoo au Théâtre national de Toulouse, pour les cinq représentations. Salle pleine et chaleureuse, retrouvailles et discussions avec Jacques Nichet, Jean Lebeau, Daniel Riou. Retour de Franck Magloire, présence d'un vieux copain, Michel Ravitsky. Et toujours ce plaisir trouble de découvrir l'architecture d'un théâtre qu'on ne connaît pas, je me glisse dans les couloirs interdits au public pour tâcher de trouver les loges, il faut se perdre un peu dans les escaliers, et finalement on retrouve tout en place dans la montée en tension d'avant représentation, les trois techniciens venus de Nancy pour la régie plateau, son, lumière, et bien sûr les quatre actrices, à qui j'amène image prise dans leurs loges de Nancy, il y a 3 semaines, par Philippe de Jonckheere. Mais dans les loges d'Agnès, Christine, Samira et Lena (qui remplace Julie Pilod), le rituel a été reconstruit. Mystère aussi, dans la salle du TNT de retrouver à l'identique les lumières et géométries d'Avignon en juillet...
le 12 novembre 2004, FB.
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