#rectoverso #12 | L’incendie (Enceintes suite)

Le souvenir d’Esmée me hante. Qu’est -elle devenue aprèsl’incendie. Tous les peut-être du monde ne pourront pas remplir les vides de l’enfance , les amitiés disparues.

Juin 2025,

J arrête la voiture devant la mairie de Soisille . Je me dis que peut-être je pourrais mettre la main sur des archives de la ville, des coupures de journaux , des photos. On me dit d’aller chercher du côté de la bibliothèque municipale. La responsable du site, surprise de ma demande me questionne. Je lui réponds que j’ai passé mon enfance à Soisille et que j’ y ai vécu au moment de l incendie. Mais à l’âge de 9 ans , beaucoup d’éléments manquent au puzzle pour comprendre ce qui s’est réellement passé.

Les flammes de l’incendie on emporté la magie de mon enfance, notre chapiteau rouge et bleu, notre refuge à Esmée et à moi.

Touchée par ces paroles la bibliothécaire sort un classeur d’archives que Madame Loup l‘institutrice lui a confié avant de prendre sa retraite.

Je suis prête ce jour-là à refaire le chemin du souvenir…

Eté 1976, des articles du journal « Le petit quotidien de Soisille », montre des photos de l’incendie du Cirque Romulus, le sinistre et ses sinistrés… un poignée de gens du voyages et d’artistes désespérés, désemparés devant le cadavre fumant de la structure métallique et des toilages rouges et bleus. Le plus poignant encore  les dépouilles d’Hector et d‘Ulysse , les animaux fétiches des enfants de la ville, asphyxiés dans leur enclos.

Des photos de la sidération des habitants regroupés, là, debout, démunis devant l‘ampleur du désastre , parti en fumée l’espoir de toute la jeunesse de la ville , partie en fumée la gaité et les rire des enfants . Rien il ne reste plus rien. Pas même la petite école du cirque qui occupait les enfants le mercredi après -midi. 

Soisille montre sa reconnaissance à ces artistes du cirque qu’ils ont fini par intégrer pleinement à la ville et à son quotidien. 

Des questions sur tous les visages, qui ? Et pourquoi un tel désastre ?

Été 76 , année de la canicule, le jour de l incendie nous nous réfugions Esmée et moi sous le chapiteau à l ombre. Comme un miracle , il fait bon à rester sur le premier gradin . Esmée s’échauffe

Je l ‘admire encore faire ses pas de danse sur la poutre , ses gestes gracieux qui cherchent l’équilibre. « Viens tiens moi la main, j’ai peur de tomber » .Non elle n a pas peur de tomber , elle veut être avec moi dans ce moment de grâce. Je l‘accompagne, moi sur terre , elle comme dans les airs. Et VassalI qui arrive ; c’est son jour de repos à l‘hôpital, il répète son morceau de mime sur la musique « des temps modernes » de Charlie Chaplin, devant un grand miroir qui fait parti du décor. Je retourne m’assoir sur le premier gradin , et je les trouve beaux , tous deux sur cette piste ronde et je les applaudis ,  toute seule comme si on était mille.

Le soir même , le Cirque Romulus brûle …

Puis me voilà revenue à la lecture d’un article replié sur  lui-même et aggraffé  à la va-vite, datant du 26 juillet 1976 .

«  Incendie à Soisille, l’enquête avance…

Selon les dernières investigations, l’enquête s‘oriente vers le geste d’un déséquilibré qui aurait réussi à sortir de l’enceinte de l hôpital Sainte Marguerite  échappant  à  la vigilance des surveillants du portail sud de l’institution,  portail  électrique tombé en panne depuis plusieurs jours en attente de réparation. Dès lors, la responsabilité du directeur de l’institution est engagée.

Les enquêteurs ont trouvé un allume-feu et des petits bidons d’essence dans l’armoire d’un des patients du secteurs 4 de l‘hôpital consacré aux skyzophrénes, un plan de Soisille épinglé sur une des portes de l’armoire du patient avec le signalement de la mairie et de l’école primaire marquées d’

une flamme. Il pourrait s’agir du plan d’exécution de l’individu qui visiblement projetait d’autres incendies.L’accusé présumé comme non responsable de ses actes est maintenant transferé auprès des autorités compétentes en attente de son jugement. »

Enfin , je retrouve la circulaire  de Madame Loup distribuée aux enfants prévenant de l organisation d’une kermesse en urgence pour collecter des fonds de soutiens aux gens du voyage .

C’est à ce moment là que nous accueillons Esmée et Pipo son perroquet à la maison le temps pour son père d’envisager le coût des réparations  du cirque qui s‘élèvent à plusieurs millions de Francs. La tache est incommensurable.

Esmée tient son père par une main , la cage de Pipo dans l’autre. Ils sont là devant notre porte, ils s‘embrassent.

Que peuvent faire les « temps modernes » pour ces deux-là . RIDEAU.

A propos de Carole Temstet

Née , à Paris en 1966 , animatrice d' atelier d 'écriture depuis 17 ans , dans les milieux scolaires et associatifs, j 'aide adultes et enfants à développer leur créativité et à y prendre goût au sein de l ' association Mots et Pinceaux à Nogent sur Marne. J'ai publié , un premier roman intitulé "Hors sujet" et un roman pour la jeunesse à partir de 9 ans " Violon d'étoiles" illustré par mes aquarelles, dit par P. Calmon (acteur) et joué au violon par I. Scialom (violoniste). (lien à trouver sur Publibook.fr) site FB : Carole Temstet

4 commentaires à propos de “#rectoverso #12 | L’incendie (Enceintes suite)”

  1. A l attention de tous mes lecteurs , toutes mes excuses pour les fautes , la ponctuation,( impossible de modifier)j ai eu tout le mal du monde à écrire et publier depuis mon vieil Iphone mais l essentiel est de participer n’ est-ce pas ? Alors lisez la suite d Enceintes , c est pour vous !
    A vous lire aussi bien sûr , un régal !

    Nb : Francois , désolée pas pu selectionner la categorie 🫠

  2. C’est magnifique, Carole, on y est ! Prise par ma lecture je n’ai pas vu les fautes éventuelles.

  3. Vous tenez votre récit avec toujours autant de rigueur, de précision, du réel, du réel, toujours du réel. C’est une vraie gageure. Bravo !

  4. Merci Emilie et Serge pour vos retours . Je veux poursuivre mon récit , du coup je n ai pas assez de souffle pour le verso . Je laisse l imagination faire son boulot sans trop analyser et la fiction suit son cours … c est mon parti pris , à bientôt…