#histoire #09 | Aller-retour (Enceintes)

#histoire#09/aller-retour

Vu l’état du réseau ferroviaire, il n’est plus question de faire le retour  Paris-Soisille via le RER D. Il reste la seule et unique solution de prendre la Nissan Micra rouge Hermes. D’ailleurs,  il ne lui reste plus rien de son faux-air de voiture de bourgeoise de la cinquantaine. Elle est toute cabossée par les chutes violentes de grêlons de ces dernières années. Et les roulements de sa vieille boite-auto laissaient à désirer. Bref, on choisit  le guidage automatique avec l’option « sans les autoroutes » pour tenter un chemin plus sécurisé ce qui permet un voyage de pleine déprime qui fait passer par le carrefour Pompadour.

Longer la voie-ferrée, c’est comme prendre le train de l’extérieur. Mais on ne peut pas filer aussi vite que l’inter-cité, on doit se faufiler entre les nids de poule de la chaussée complètement défoncées, les panneaux de croisements, priorités, et interdiction de stationner. Les encombrements incessants dus aux livraisons et les détours n’intéressent plus personne et surtout pas les pouvoirs publics qui ont abandonné depuis longtemps cette partie de la banlieue surpeuplée et polluée par les hydrocarbures de pots d’échappements. L’inter-cité ne s’arrête pas aux passages cloutés pour laisser passer, les enfants à la main de leur maman masquée, voilée de la tête aux pieds qui se rendent dans la plus grande mosquée d’île de France encore en construction, entre grues et échafaudages.

L’inter-cité passe à toute vitesse devant ces familles transis de froid qui cherchent la chaleur et le réconfort du groupe. Rien de plus humain, en fait. Les maisons individuelles ont disparu de la carte régionale pour laisser place aux barres immeubles insalubres à la merci des narco-trafiquants. Portes verrouillées, on traverse, phares allumés cette partie de la banlieue jusqu’au bout de la ville pour retrouver un peu d’air frais à la traversée des champs de fleur qui contrastent avec ce paysage urbain duquel on se sent complètement étranger.

La voiture avance ,dans ce voyage dans le temps, et se transforme en Simca 1000 rouge , elle aussi. On est maintenant en 1975, on a 8 ans et sur la plage arrière de la Simca reluisante de fierté, on est emmené à l’école , car aussi à l’ époque les bus qui traversent la ville se font rares et l‘aller-retour à pied est épuisant pour quiconque marche 2 km pour se rendre à l’école depuis son domicile.     

A propos de Carole Temstet

Née , à Paris en 1966 , animatrice d' atelier d 'écriture depuis 17 ans , dans les milieux scolaires et associatifs, j 'aide adultes et enfants à développer leur créativité et à y prendre goût au sein de l ' association Mots et Pinceaux à Nogent sur Marne. J'ai publié , un premier roman intitulé "Hors sujet" et un roman pour la jeunesse à partir de 9 ans " Violon d'étoiles" illustré par mes aquarelles, dit par P. Calmon (acteur) et joué au violon par I. Scialom (violoniste). (lien à trouver sur Publibook.fr) site FB : Carole Temstet

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